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Quand la Syrie s'éveillera...


Auteurs : |
Éditeur : Perrin Date & Lieu : 2011, Paris
Préface : Pages : 390
Traduction : ISBN : 978-2-262-03378-1
Langue : FrançaisFormat : 155x240 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Lab. Qua. N° 4682Thème : Géographie

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Quand la Syrie s'éveillera...

Quand la Syrie s'éveillera...

Richard Labévière
Talal El-Atrache

Perrin

Peu de Français sont capables de situer sans hésiter la Syrie sur une carte. Encore moins nombreux sont ceux qui connaissent son histoire. Régulièrement présenté par les médias occidentaux comme une sorte de dictature ubuesque appartenant à l’« axe du mal », ce pays carrefour des civilisations égyptienne, perse, grecque, romaine, byzantine et turque fut pendant une trentaine d’années sous administration française. La Syrie demeure également l’un des berceaux de la chrétienté où vivent, dans une totale liberté de culte, près de 2 millions de chrétiens. Ce pays est en effet l’un des rares États arabes laïcs à garantir un égal accès aux fonctions publiques et privées à tous ses citoyens, hommes et femmes, quelle que soit leur confession.
Fruit de nombreuses années de reportage sur le terrain, de sources inédites et d’entretiens exclusifs avec des témoins capitaux, dont le président Bachar al-Assad, ce portrait de la Syrie d’aujourd’hui nous offre un éclairage original sur la situation actuelle du Proche-Orient. De la naissance du nationalisme arabe et de la création d’Israël à l’« héritage piégé » d’Hafez al-Assad et aux conséquences de la chute de Bagdad en 2003, les auteurs nous révèlent aussi comment l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri a favorisé une tentative de renversement du régime syrien et comment la « guerre mondiale contre le terrorisme » a ajouté au chaos mondial.
Néanmoins, la Syrie est incontestablement redevenue le pays pivot du Proche-Orien : il était temps de mieux le connaître.


Richard Labévière est rédacteur en chef de Défense, la revue des auditeurs de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale). Spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, il est l’auteur d’une quinzaine de livres dont Les Dollars de la terreur : les États-Unis et les islamistes et La Tuerie d’Ehden ou la malédiction des Arabes chrétiens.
Talal el-Atrache est correspondant de la presse française et libanaise à Damas. Arrière-petit-fils de Sultan el-Atrache, le chef de la Grande révolte syrienne (1925-1927), il est lauréat du prix Lorenzo Natali 2007 décerné par la Commission européenne.


PREFACE

Peu de Français sont capables de situer sans hésiter la Syrie sur une mappemonde. Encore moins nombreux sont ceux qui connaissent son histoire. Le fait est d’autant plus troublant qu'après avoir été l'un des berceaux des civilisations méditerranéennes et mésopotamiennes, ce pays fut pendant près de cinq mille ans un carrefour des peuples où s’entrecroisèrent les influences et occupations égyptienne, perse, grecque, romaine, byzantine, franque et croisée, turque puis ottomane, pour se terminer entre les deux guerres mondiales par une trentaine d’années d’occupation militaire et d’administration françaises. La Syrie demeure également l’un des berceaux de la Chrétienté, où saint Paul trouva le chemin de Damas, où, dans certains villages, on parle encore l’araméen, la langue du Christ, et où vivent, dans une totale liberté de culte inconnue dans tout le reste du monde arabe à l’exception du Liban, près de 2 millions de Chrétiens de toutes obédiences qui représentent environ 10 % de la population. La Syrie est en effet l’un des seuls Etats arabes à avoir inscrit la laïcité dans sa Constitution, à garantir un égal accès aux fonctions publiques et privées à tous ses citoyens, hommes et femmes, quelle que soit leur confession... et à avoir prohibé depuis longtemps le port du niqab dans les lieux d'éducation, écoles et universités.
Malgré cela, la Syrie est régulièrement présentée par les médias occidentaux, en particulier français, comme une sorte de dictature ubuesque sur le modèle de la Corée du Nord avec laquelle elle partage d’ailleurs le douteux privilège d’être classée dans l’axe du mal par l’administration américaine. Toujours selon ces mêmes médias, les dirigeants syriens cultiveraient la volonté obsessionnelle de maintenir leur population sous une chape de plomb, de rayer Israël de la carte, d’annexer le fragile Liban, de se doter d’armes de destruction massive y compris nucléaires, de soutenir toutes les entreprises terroristes, d’entretenir un désordre permanent dans l’ensemble du Moyen-Orient et detre le dernier obstacle à la paix dans la région. Au total, le monde se diviserait partout et sur tous les sujets en deux catégories bien distinctes : les « bons », qui sont viscéralement et intégralement antisyriens, et les « méchants », qui ne partageraient pas en tous points ce sentiment. Autant prévenir le lecteur tout de suite : ce livre est écrit par des « méchants ».
Même si je ne partage pas tous leurs jugements, les auteurs ont l'incontestable mérite de faire le lit d’une présentation aussi manichéenne. Car, à défaut de simple bon sens, un court séjour sur place démontre vite l’inanité des condamnations manichéennes. La Syrie vit certes sous un régime présidentiel autoritaire. Mais elle dispose d’un parlement élu où siègent les représentants de différents partis politiques, dont un parti communiste qui a droit de cité dans ce pays à majorité musulmane. Les élections n’y ont peut-être pas la régularité et la transparence de celles d’une Europe de l’Ouest de longue tradition démocratique, mais elles ne se différencient guère des pratiques électorales du Maroc ou de la Jordanie pourtant présentés comme des modèles de démocratie en marche. Les femmes disposent dans les institutions syriennes des mêmes droits que les hommes, ce qui est rare dans les pays de la région, et le gouvernement compte en son sein plusieurs femmes à des postes majeurs. Le système judiciaire et les droits de l’homme y subissent des entorses que l'on ne manque pas de stigmatiser à juste titre, mais beaucoup moins qu’en Tunisie, en Arabie ou en Egypte, alliés privilégiés de l’Occident, et pas plus que dans certains pays de l’ex-bloc soviétique qui ont récemment rejoint l’UE. Depuis la fin des années 1990, l’accès à Internet, à la réception télévisée satellitaire et aux téléphones portables est autorisé sans restriction, ce qui a conduit une presse locale jusque-là plutôt servile à l’égard du pouvoir à chercher des voies d’analyses moins complaisantes. Enfin, s’il est parfaitement exact que la Syrie a jadis fait du terrorisme une arme ordinaire de ses relations internationales dans des rapports du faible au fort, elle y a renoncé dès la fin des années 1980, a participé aux côtés de la coalition internationale à la première guerre du Golfe et a fourni aux Etats-Unis ainsi qu’aux Européens une assistance précieuse contre le terrorisme d al-Qaïda.
Dès lors, le Syrien moyen, traditionnellement ouvert aux échanges et au commerce avec le reste du monde, friand - parfois jusqu’à la caricature - du mode de vie occidental, volontiers critique et ironique à l’égard de ses propres institutions et gouvernants, s’étonne que la faveur de l’Occident, Etats-Unis en tête, aille aux pays les plus réactionnaires, les plus intégristes et les plus antidémocratiques de la région, soutiens avérés du terrorisme jihadiste tels que 1 Arabie Saoudite, les pétromonarchies du Golfe ou le Pakistan. Et il a tout de même du mal à comprendre l’image que la presse occidentale donne de son pays, les pressions politiques et les menaces militaires constantes dont il est l’objet de la part de l'administration américaine, les sanctions économiques et financières permanentes qui ralentissent son développement industriel et social, décidées non par l’Organisation des Nations unies, mais unilatéralement à Washington, et qui s’imposent néanmoins à toute la communauté internationale.
Confrontés à ce système léonin et incompréhensible pour eux, les dirigeants syriens, mais aussi les simples citoyens, qu’ils soient opposants ou favorables au régime, se replient sur un nationalisme ombrageux. Ce qui nous replonge en plein paradoxe. Car s’il existe bien depuis la plus haute antiquité une « aire syrienne » entre l’Euphrate et la Méditerranée, le pays lui-même est né en 1920 et l’idée nationale n’y a vraiment émergé que vers les années 1940. Il existait bien sûr des solidarités urbaines autour des grandes villes, des solidarités villageoises en zone rurale, des solidarités claniques et tribales dans les montagnes et les déserts, mais rien qui ressemble à un esprit national tel qu’on reconnaît en Europe depuis le xvmc siècle.
Ayant reçu mandat de la Société des Nations après la guerre de 1914-1918 d’amener les débris de 1 Empire ottoman à l’indépendance, la France et l'Angleterre s’installent au Levant en 1919 comme dans des colonies et y taillent leurs zones de domination respectives à grands coups de crayon rouge et bleu sur la carte en fonction de leurs seuls intérêts ou appétits particuliers. De ce dépeçage hâtif émergent des entités parfaitement hétéroclites dans une région où pullulent les minorités et communautés religieuses, confessionnelles, ethniques et linguistiques. Les Ottomans avaient résolu le problème en accordant à ces minorités le droit de s'autogérer pourvu qu’elles payent l’impôt et ne se mêlent ni de guerres ni de relations internationales. Des expéditions punitives sanglantes venaient de temps à autre rappeler les mauvais payeurs à leur devoir de soumission. Plus cartésiens, mais aussi plus intrusifs, les Européens ne l’entendent pas de cette oreille et refusent de prolonger des situations d’autonomie susceptibles de conduire à des idées d’indépendance.
Dans sa zone de domination (Irak, Transjordanie, Palestine), la Grande-Bretagne joue - comme plus tard les Américains -la carte des majorités en installant deux monarchies arabes sunnites confiées aux héritiers du chérif Hussein, gardien des lieux saints d’Arabie, à Bagdad et Amman ainsi qu’en développant le pouvoir du grand mufti de Jérusalem en Palestine pour contrer les prétentions du mouvement sioniste européen. La France ayant reçu une «Grande Syrie», qui comprend alors le Liban, joue de son côté une politique des minorités en divisant la zone en micro-Etats communautaires (Liban, Etat des Alaouites, Djebel Druze).
A l’exception de la Transjordanie, peu peuplée et presque intégralement arabe et sunnite, aucune de ces solutions ne convient aux habitants de la zone. Soit parce quelle place les minorités sous domination arabe sunnite exclusive (le résultat catastrophique en Irak), soit parce qu’en les particularisant en unités faibles, elle les désigne aux coups et à la vindicte de l’océan arabe sunnite alentour, ce qui est aujourd’hui le cas d’Israël et du Liban. La situation est particulièrement critique en Syrie qui compte environ 30 % de non-sunnites, chrétiens de toutes confessions, chi’ites, mais surtout des minorités issues de l'islam (Alaouites, Druzes, Ismaéliens) considérées comme hérétiques et contre lesquelles Ibn Taimiyya, père fondateur du wahhabisme contemporain de l’Arabie Saoudite, a décrété le jihad par fatwa : «La guerre sainte est légitime contre ces sectateurs du sens caché, plus infidèles que les Chrétiens et les Juifs, plus infidèles que les idolâtres, qui ont fait plus de mal à la religion que les croisés...» Et la situation n’est guère plus supportable pour les Sunnites de Syrie, pratiquants d'un islam modéré, rompus depuis l’Antiquité aux échanges et au commerce avec le monde, pour qui une domination régionale des « Bédouins intégristes » constituerait une vraie catastrophe humaine et culturelle.
C’est bien involontairement que les Français fourniront une solution au problème. En focalisant contre leur gestion coloniale et malavisée la résistance de toutes les communautés locales réunies, ils contribuent à l’émergence d'un sentiment national dépassant les querelles religieuses. La lutte commune démontre en effet que le nationalisme peut fournir un cadre collectif où toutes les minorités peuvent coexister avec la majorité sans considération de leur appartenance confessionnelle. Cependant, pour ne pas subir l'anathème islamique jeté sur les idéologies «importées», comme le communisme matérialiste qui pouvait lui aussi fournir un cadre laïque, ce nationalisme ne pouvait être exclusivement syrien. Il se devait detre panarabe, faute de quoi il aurait soumis l'ensemble du pays à la vindicte musulmane orthodoxe portée aux communautés dissidentes. C'est ainsi qu’à l’initiative de différents intellectuels chrétiens, alaouites, druzes et sunnites modérés a été créé en 1943 le parti Ba’ath, parti «de la résurrection arabe», qui s’affirme nationaliste panarabe, laïque et socialiste, sans aucune référence religieuse.
C'est évidemment cette affirmation du panarabisme qui l’a sauvé de la vindicte des intégristes musulmans et l'a rendu populaire de l’Irak à l’Algérie et de la Mauritanie au Yémen, parmi toutes les élites du monde arabe qui souhaitent vivre dans un monde où la Charia n’est pas le seul référentiel juridique. Mais toute médaille a son revers. S’affirmer nationaliste arabe suppose d’être à la pointe de tous les combats arabes, justifiables ou non, faute de quoi la critique islamique aurait beau jeu de dénoncer les infidèles socialistes et laïques. La Syrie a donc apporté son soutien actif à l’Egypte lors de la crise de Suez ainsi qu’aux luttes de décolonisation au Maghreb, en particulier au FLN algérien, ce qui n’a pas contribué à apaiser ses relations avec la France et l’Angleterre. Surtout, la Syrie se doit, plus que tout autre pays de la région, de faire preuve d’intransigeance dans la confrontation israélo-arabe et d’afficher une solidarité sans faille avec tout pays ou faction en lutte contre l'Etat hébreu. Pays de « la ligne de front», elle se trouve placée sous l’œil vigilant des pays islamiques, qui ne manqueront pas de dénoncer les « hérétiques » si elle s’engage dans la voie du compromis et qui ne lui pardonneront pas ce qu’ils ont finalement toléré, non sans dégâts, de puissances sunnites comme l’Egypte ou la Jordanie.
De fait, et les Syriens le savent bien, les ennemis de leur pays ne sont pas en Occident, à l’exception de quelques néoconservateurs américains soucieux de plaire à leur partenaires de la péninsule Arabique. Mais le soutien politique et militaire massif apporté depuis 1945 par l’Amérique aux régimes et aux factions les plus intégristes du monde sunnite au nom de la confrontation Est-Ouest ne pouvait que pousser la Syrie, pays de moins de 20 millions d’habitants aux ressources limitées, dans les bras de l’URSS jusqu’en 1990 et dans ceux de l’Iran aujourd’hui, seules puissances susceptibles de la protéger et de lui donner de la profondeur stratégique face à la menace islamique sunnite et aux pressions occidentales. De même, la Syrie ne peut qu'être très attentive, voire interventionniste, dans des Etats voisins livrés au désordre civil comme le Liban ou l’Irak, où l'anarchie ambiante peut être mise à profit par des groupes islamistes pour porter la subversion à Damas.
Le temps n’est plus où le pouvoir communautaire syrien menacé de jihad se repliait frileusement sur lui-même, montrait systématiquement les dents, accaparait tout l’appareil d’Etat de peur d'en être collectivement dépossédé à jamais. Ce que nous pressentions il y a quinze ans1 a finalement été mis en œuvre par le président Hafez al-Assad à la fin des années 1990 et surtout par le président Bachar al-Assad depuis. Ces dix dernières années, la Syrie a connu un important mouvement de libéralisation politique et sociale, de modernisation économique et financière, de désenclavement de la vie publique où le talent et la compétence l’emportent maintenant largement sur l’appartenance communautaire, d’ouverture sur le monde extérieur avec la participation de Damas à l’Union pour la Méditerranée, la collaboration avec les services de sécurité occidentaux contre le terrorisme, la recherche d’un modus vivendi avec le roi Abdallah d’Arabie et l’acceptation d’un dialogue à bas bruit avec Israël sous parrainage turc et qatari.
L’entreprise n’était pas sans danger. Même si les autorités syriennes peinent à le reconnaître pour ne pas en faire la promotion, la contestation islamiste, parfois violente sous forme d'attentats sanglants, y a gagné un espace d'expression. C’est pourquoi la Syrie ne peut courir le risque d’ouvrir en grand la porte à ce type de contestation, d’autant que celle-ci trouve déjà un terreau fertile dans une région fortement déstabilisée par les errements de la politique américaine. On ne peut s’attendre à ce que la Syrie prenne des initiatives de paix spectaculaires avec Israël alors que le plus fidèle allié de l’Amérique dans la région, l’Arabie Saoudite, refuse tout compromis et menace d’anathème, si ce n’est de mort par Frères musulmans interposés, quiconque cède à la tentation. De même, on ne peut exiger de la Syrie quelle se désintéresse de la situation au Liban ou en Irak, ses plus proches voisins où la subversion islamiste est prégnante. Enfin, il serait vain d’espérer que les communautés non musulmanes ou non sunnites de Syrie renoncent à leur alliance stratégique avec l’Iran chi’ite, seule puissance régionale susceptible de leur fournir un appui politique, financier et éventuellement militaire face à le menace intégriste wahhabite.
La Syrie a besoin, pour évoluer encore, d’être rassurée face à son environnement islamique et d’obtenir des garanties de sécurité internationalement reconnues et durables. Elle n’a obtenu pour l’instant que mépris, menaces et sanctions de la part de l'hyperpuissance américaine que son intransigeance et sa posture face à Israël agacent manifestement, de même que certaines chancelleries occidentales qui s’irritent de voir qu’on leur tient tête. Nos diplomates et nos milieux de presse feraient mieux de s'inquiéter d’une déstabilisation de ce pays qui ouvrirait, bien plus qu’en Irak, toute grande la porte aux jihadistes wahhabites et à la persécution de cinq millions de Chrétiens et de Musulmans non sunnites. Ni l’Occident, ni surtout Israël, qui veut à juste titre vivre dans un environnement apaisé, n’ont intérêt à créer les conditions d’un tel désastre.
Les études et publications concernant la Syrie sont rares en France. Peut-être faut-il voir là une grande partie de l’ignorance et de l’incompréhension qui l’entourent. Talal el-Atrache et Richard Labévière s'emploient dans ce livre à démonter la mécanique complexe de ce pays par des rappels historiques documentés et l’analyse détaillée des sujets les plus actuels, les plus brûlants et les plus controversés. Ils n’échapperont pas à la critique acerbe de tous ceux qui pensent que le monde se divise entre le bien et le mal, les bons et les méchants. Personne, pas même le président Bachar al-Assad, ne prétend que la Syrie est le paradis sur terre ou le parangon de toutes les vertus. C’est un pays comme les autres, avec ses qualités et ses défauts, ses réussites et ses échecs, ses succès et ses erreurs, et qui ne demande qu'à être traité comme les autres. Si ce livre peut y contribuer, ne serait-ce qu'auprès de ceux qui ne se satisfont pas des clichés, ses auteurs n’auront pas perdu leur temps.

Alain Chouet
Ancien directeur du Service
de renseignement de sécurité de la DGSE
(Direction générale de la sécurité extérieure),
chargé de la lutte antiterroriste, de la contre-criminalité
et du contre-espionnage à l’étranger.

1. Alain Chouet, «L’espace alaouite à l’épreuve du pouvoir, la désintégration par le politique» in «Tribus, tribalisme et Etats au Moyen-Orient», Maghreb-Machrek, n° 147, mars 1995.

Introduction

Trois obstacles épistémologiques
«La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais "ce qu'on pourrait croire" mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l’appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d’erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui dans l’esprit même fait obstacle à la spiritualisation. »

Gaston Bachelard,
La Formation de l’esprit scientifique.

Se garder de «réactions d’Occidentaux», avertissait Alain Peyrefitte, en préambule de son livre Quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera. Avec trente ans d’avance, le ministre du général de Gaulle décrivait l’ampleur d’une émergence à venir en privilégiant les ressorts politiques par rapport aux facteurs économiques traditionnellement avancés pour évaluer l’importance des nations : «Des changements qui ont bouleversé la Chine, le plus profond est celui qui a affecté son comportement par rapport aux autres pays. Elle s’est tirée d'affaire elle-même. Elle est devenue une puissance thermonucléaire par ses propres moyens. Elle est entrée aux Nations unies malgré l’hostilité américaine et 1 inimitié soviétique. C’est beaucoup plus important que si, pendant ce temps, …

 




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