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Connaissance de l’âme


Auteur :
Éditeur : L'Harmattan Date & Lieu : 2001, Paris
Préface : Pages : 156
Traduction : ISBN : 2-7475-0452-2
Langue : FrançaisFormat : 1350x215 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Ela. Con. N° 1044Thème : Religion

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Connaissance de l’âme

Connaissance de l’âme

Ostad Elahi

L'Harmattan

Comment penser l’âme humaine, sa nature, son origine et son devenir ? C’est sur le mode de la discussion scolastique, en faisant alterner dans un dense réseau argumentatif les gloses théologiques et les analyses métaphysiques, qu’Ostad Elahi aborde ici les fondements rationnels de toute doctrine de l’âme. Si son enquête soulève des interrogations immémoriales - Dieu et le monde, l’immortalité, le rapport de l’âme au corps qu’elle anime, la résurrection de la chair et de l’esprit, la vie éternelle, la justice dans la création, etc. - elle le conduit à une conclusion irréductible aux limites définies par les dogmes : la thèse des vies successives ascendantes, véritable pierre angulaire de son système. Ce discours sur l’âme se présente donc comme une démonstration. Pourtant, c’est la perception intuitive, fruit de l’expérience spirituelle de l’auteur, qui lui donne son souffle et sa dimension visionnaire.


Philosophe et théologien, Ostad Elahi (Nûr Ali : 1895-1974) fut conduit, à travers un parcours hors du commun qui le mena de la vie mystique à la carrière de magistrat, à élaborer une doctrine spirituelle dont les fondements sont exposés dans Connaissance de l’âme (Ma’refat ol-ruh).



AVANT-PROPOS

Le public français a depuis longtemps été habitué à entendre parler de « l’Islam » au singulier comme s’il s’agissait d’une religion et d’une civilisation une et monolithique. Cette simplification, entretenue par facilité par les médias et renforcée par le discours des courants musulmans cherchant à identifier leur propre tendance à l’essence de l’Islam, doit être rectifiée ici. Depuis les origines - plus précisément depuis le décès du prophète Muhammad en 632 - les musulmans se sont trouvés placés dans une « situation interprétative ». Dépositaires d’un texte sacré - le Coran - en l’absence d’une instance ecclésiale, d’un magistère venant assumer d’autorité le dogme, c’est à la Communauté et à ses membres qu’est revenue l’obligation d’interpréter la parole divine. D’où le jaillissement d’une pluralité doctrinale, d’une efflorescence magnifique à l’époque que l’on a qualifiée d’« âge d’or » (IXe - XIIe siècles environ). Se développèrent alors les interprétations littéralistes fondées sur le seul sens obvie du Coran et sur la mémoire des enseignements de Muhammad ; d’autres, plus théologiques, accordaient à la raison humaine une place positive ; des courants d’orientation gnostiques et ésotériques virent très tôt le jour et se diffusèrent également, notamment dans les milieux chiites, puis sunnites soufis. Et souvent, ces diverses perspectives venaient se superposer et se compléter l’une l’autre. C’est le cas de la tradition chiite située à la confluence de l’enseignement ésotérique des Imams, de l’effort d’interprétation théologique, et de la philosophie d’origine hellénique ; elle se maintint au cours des siècles en particulier en Iran où elle reste vivace jusqu’à nos jours. L’essai de maître Elahi publié ici représente un bon exemple de cette démarche fondée à la fois sur le raisonnement philosophique et théologique (le 'aqt) d’une part, sur les données de l’exégèse coranique et sur les enseignements des Imams (le naqt) d’autre part.

Le thème de l’ouvrage de maître Elahi représentait en lui-même quelque chose comme un défi. L’esprit (ou « âme », en arabe : al-rûh) semble en effet parmi les domaines les plus cachés, les plus incompréhensibles à l’homme. Coupant court à des questionnements sur la nature de l’esprit adressés au prophète Muhammad, le Coran le désigne comme un objet pratiquement inconnaissable : « Us t’interrogent à propos de l’esprit. Dis : l’esprit vient de l’ordre de mon Seigneur et il ne vous a été donné que peu de science » (XV, 85). La question ne pouvait néanmoins pas être complètement éludée notamment en raison de ses rapports avec l’eschatologie. Rendre compte de la survie des âmes après la mort physique, de la résurrection des hommes au Jour du Jugement, de la justice divine en cette circonstance implique une clarification quant à la nature et la fonction de ce ruh. Dès le vivant de Muhammad d’ailleurs, les sceptiques à l’égard de l’idée de résurrection étaient nombreux : « Ils disent : il n’existe que notre vie d’ici-bas. Nous mourons, nous vivons, seul le destin nous fait périr » (XLV, 24). Durant les siècles suivants, la théologie dut s’engager dans le débat : que devient la personne entre son décès physique et la Résurrection ? Qu’est-ce qui ressuscite en elle ? Choisit-elle réellement les actes qui la rendent bienheureuse ou damnée ? Ce sont ces points délicats que Nur 'Ali Elahi a choisi de traiter dans ce texte. Nous laissons au lecteur le soin de découvrir toute la subtilité de son argumentation, notamment dans l’exposé des diverses conceptions de la survie post mortem. H y expose les différentes doctrines concernant les modalités de la résurrection - purement corporelle, ou purement spirituelle - et les difficultés impliquées dans chaque cas. L’option qu’il finit par adopter (chap. 7), qui évoque la pensée de Mollâ Sadrâ, est cependant très originale par rapport au cadre islamique traditionnel. A chaque âme est due une pluralité d’opportunités de perfectionnement, engageant non seulement la vie terrestre, mais aussi les séjours dans l’intermonde ou barzakh. Cette notion de barzakb - monde où vivent et évoluent des êtres dotés de formes corporelles, dans une temporalité et un espace particuliers - est partagée par la plupart des musulmans, y compris les littéralistes sunnites, mais ils n’y voient généralement qu’une phase temporaire précédant la Résurrection finale. L’ascension progressive des âmes au cours des différentes étapes matérielles et imaginales (l’adjectif proposé par H. Corbin pour désigner la dimension de ce barzakh} des vies permet selon maître Elahi le travail alchimique qui mènera l’individu jusqu’à sa propre perfection. Elle préserve l’idée de la parfaite justice de Dieu, qui ne condamne pas une personne sur le jugement d’un seul destin qu’elle n’aurait pas déterminé et guidé elle-même. Mais cette pluralité des vies due à une âme unique est nettement distinguée de la théorie réincarnationiste, réfutée plus loin (chap. 8).

Toute cette mise en lumière a été rendue possible grâce au travail patient et rigoureux de la traductrice et présentatrice de l’ouvrage. Travail quant au fond bien sûr mais aussi sur la langue et ses contraintes. Une langue ne se réduit jamais à un simple code même dans des passages rigoureusement philosophiques. Elle véhicule également un souffle et une poésie. H revient à Mme Clara Deville d’avoir su mettre sa double compétence linguistique et sa double sensibilité au service d’un travail d’« horlogerie » auquel elle a ajouté, c’était de circonstance, un supplément d’« ame ».

Pierre Lory



Introduction

Au nom de Dieu clément et miséricordieux

Gloire au Seigneur des univers, clément et miséricordieux, gloire au Maître absolu du Jugement dernier, Juge juste et suprême, gloire au Très-Haut, unique et souverain; que soit glorifié Dieu tout-puissant, éternel et immuable, que soit louée l’Essence infinie, qui n’engendre pas et n’a pas été engendrée, Dieu vivant et qui a toujours été; rendons grâces au Créateur de toutes les créatures, sans égal et miséricordieux, adorons l’Etre nécessaire, qui écoute et qui sait, implorons l’Autorité absolue, auguste et majestueuse, l’Etre suprême, fondement de la voie droite, supplions l'Arbitre ultime, qui accorde le paradis aux justes et assigne l’enfer aux injustes; enfin saluons et honorons tous les saints et les prophètes, les proches de Dieu, notre prophète Mohammad et les douze Imâms.

Quant aux raisons qui ont motivé l’auteur, Nur ' Ali Elahi, à entreprendre cet ouvrage, les voici : la question de la « connaissance de l’âme » avait été mentionnée à la fin de Borhân al-Haqq [Théorème de Vérité] 16 sans avoir été effectivement traitée, aussi bon nombre d’amis insistèrent auprès de moi pour que cette question soit rédigée et publiée. Désireux d’accéder à leurs vœux …

16. Borhân al-Haqq [13], p. 184. Pour les détails des références bibliographiques données par l’auteur, voir Bibliographie.




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