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Les civilisations anatoliennes


Auteur :
Éditeur : PUF Date & Lieu : 1998, Paris
Préface : Pages : 128
Traduction : ISBN : 2 13 048644 4
Langue : FrançaisFormat : 115x175 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Des. Civ. N° 3411Thème : Histoire

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Les civilisations anatoliennes

Les civilisations anatoliennes

Marc Desti

PUF

Du Néolithique au passage en Lycie d'Alexandre le Grand, cet ouvrage fait la synthèse des civilisations, brillantes et méconnues, qui s'épanouirent sur le plateau anatolien, à travers les relations belliqueuses, pacifiques ou commerciales qu'elles entretinrent avec leurs voisins, principalement Mésopotamiens et Égyptiens. L'expression matérielle de ces cultures est abordée au travers des œuvres majeures. Les progrès récents de la recherche y sont pris en compte.


Marc Desti, conservateur du Patrimoine, est professeur à l'École du Louvre.



INTRODUCTION

La France a joué un rôle dans la connaissance des civilisations qui se sont succédé sur le sol du plateau anatolien s’étendant à l’intérieur des frontières de l’actuelle Turquie et l’exhumation de leurs vestiges matériels depuis les premiers voyageurs. En 1712, Paul Lucas, envoyé en mission par Louis XIV, décrivit pour la première fois le cadre naturel de la Cappadoce ; il publia un dessin reproduisant les fameuses cheminées de fées, caractéristiques de cette région, dans son ouvrage Voyages du Sieur Paul Lucas fait par ordre du Roy en Grèce, l’Asie Mineure, la Macédoine et l’Afrique. Ses descriptions, semblant être le fruit de son imagination, provoquèrent un véritable scandale à la cour et le roi ordonna à son ambassadeur auprès de la Sublime Porte, le comte Dessalleurs, de mener une enquête. P. Lucas n’imaginait rien, il prenait alors les cheminées de fées pour des pyramides construites servant d’habitations ou de tombeaux. Cela était juste, sa seule erreur était de les croire construites par l’homme. Le comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur de France à Constantinople, passe à Tel-messos (actuelle Fethiye) en 1776, lors de son voyage en Asie Mineure. Il rapproche alors les façades des tombes lyciennes de celles de Persépolis, ce en quoi il ne se trompait pas. Il publie en 1782 un Voyage pittoresque dans l’Empire ottoman qui révèle la Lycie au monde européen.

Au XIXe siècle encore ce sont d’intrépides voyageurs qui vont « inventer » les sites hittites et procéder ainsi à leur résurrection. Le 28 juillet 1834 Charles Texier, qui avait obtenu une mission en Asie Mineure, quittait Ankara et s’apprêtait à visiter la Cappadoce. Après avoir franchi l’Halys, actuel Kizil Irmak, et visité plusieurs villages il fut conduit à Boghaz-Kôy où il découvrit de nombreux monuments dont il signalera l’existence dans un rapport sous le nom de « ville Pélasgique ». On devait plus tard y reconnaître la capitale du royaume hittite. Avant de connaître une véritable résurrection par le biais de l’archéologie, le souvenir des Hittites nous était conservé par les seuls textes bibliques.

Lors des premières fouilles archéologiques, la France devait aussi assumer un rôle. Une mission française se rend au début du xxc siècle sur le site d’Aphrodisias que Charles Texier avait visité en 1835 ; puis, à la fin du siècle, Paul Gaudin, Directeur des chemins de fer Smyme-Kassaba, archéologue amateur et collectionneur, offrit de commencer des recherches. L’autorisation lui fut accordée en 1904, date de la première campagne. Mais, toutefois, une véritable rencontre entre les deux pays, France et Turquie, ne s’est pas faite. Le grand autel de Zeus provenant de Per-game est aujourd’hui à Berlin ; le monument des Néréides, de Xanthos, est à Londres. Cette situation n’est pas le fruit du hasard mais tout bonnement l’un des résultats tangibles de l’histoire, celle des relations entre ancien Empire ottoman et grandes puissances européennes des xixe et xxe siècles.
Les consuls français en poste à Bassorah, Bagdad, ou en Alexandrie, ont joué un rôle de premier plan dans la redécouverte des sites et monuments de la Mésopotamie et de l’Égypte antique. Rien de tel en ce qui concerne la Turquie. Au xixe siècle on ne porte pas à l’Asie Mineure le même intérêt qu’à ces contrées orientales où l’on redécouvre des pans entiers de civilisations antiques. On n’y prenait en compte que les sites gréco-romains et l’on n’imaginait pas qu’il fût possible de faire d’importantes découvertes à l’intérieur des terres.

Les alliances politiques ont aussi pesé dans le choix des nations occidentales dont les missions archéologiques devaient intervenir sur les sites relevant alors de l’Empire ottoman. Il fallait obtenir un firman, autorisation signée du Sultan, afin de pouvoir procéder à des fouilles et emporter tout ou partie de ce qui était mis au jour. Au tournant du xxe siècle la Sublime Porte s’est rapprochée de l’Empire prussien, c’est ainsi que l’Allemagne put exécuter des fouilles à Hattousha entre 1904 et 1913. On n’a pas vu de grande mission archéologique française s’installer durant plusieurs années, voire des décennies, sur un site majeur comme cela s’est pratiqué et se pratique encore en Grèce, en Italie ou en Égypte et au Proche-Orient.



Chapitre I

Le Néolithique

L’occupation du sol, en Turquie, remonte certes bien au-delà. On trouve des traces de l’occupation humaine en Anatolie dès l’Acheuléen moyen aux environs de 700 000 avant J.-C. Mais c’est seulement vers 70 000 qu’on peut réellement observer les premiers établissements humains.

Dans la région d’Antalya, au sud du plateau anatolien, se trouve la grande grotte de Karain fouillée sommairement à partir de 1946, puis à nouveau en 1974 par K. Kökten. Huit niveaux appartenant aux trois grandes périodes du Paléolithique ont été reconnus et, d’après le fouilleur, l’occupation s’étendrait jusqu’au Néolithique. Pour le Paléolithique inférieur, des bifaces acheuléens sont parmi les plus anciens outils connus en Anatolie. Au Paléolithique moyen l’industrie moustérienne utilise la technique Levallois ; parmi divers outils on peut mentionner la présence de pointes triangulaires et de grattoirs. Au Paléolithique supérieur, à l’époque aurignacienne, on voit l’outillage se diversifier et les lames y prédominer. Toutefois, ces conclusions avancées par le fouilleur ont été remises en cause et des fouilles reprises par une équipe turco-allemande. La présence de Paléolithique moyen et de Paléolithique supérieur récent a été établie, mais il n’y aurait pas d’Aurignacien. Le matériel néolithique consiste en tessons noirs lustrés, avec des oreillettes horizontales ; quelques autres, peints, sont rouges ou crème et plus récents.

Des recherches entreprises depuis 1990 ont permis d’inaugurer l’étude de la haute préhistoire dans cette région. La côte méditerranéenne de Turquie, qui demeurait fort mal connue, a révélé lors de prospections menées …

 




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