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Les chroniqueurs syriaques


Auteur :
Éditeur : L'Harmattan Date & Lieu : 2002, Paris
Préface : Pages : 468
Traduction : ISBN : 2-7475-2709-3
Langue : FrançaisFormat : 160x240 mm
Code FIKP : Liv. Fre. You. Chr. N° 95Thème : Religion

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Les chroniqueurs syriaques

Les chroniqueurs syriaques

Ephrem-lsa Yousif

L'armattan

L’auteur nous raconte l’épopée des chroniqueurs syriaques, qui du IIIe au XIVe siècle, nous retracèrent l’histoire des événements civils et religieux de l’Orient. Ils réalisèrent des annales, des histoires locales, des chroniques, des chronographies. Ils furent les contemporains de grands moments de civilisation et nous laissèrent des documents de première importance. Ils jetèrent sur l’univers un autre regard que les historiens latins, grecs, arabes, mongols. Sans leurs onze chroniques, nous aurions une vue incomplète de l’Histoire.


Ephrem-Isa Yousif naquit dans un village assyro-chaldéen situé au nord de l’Irak. Il fit ses études à Mossoul, puis les continua en France, à l’université de Nice. En 1980, il obtint un doctorat en Civilisations et en 1981, un autre en Philosophie. Il a enseigné la philosophie à Toulouse, et a dirigé un cours supérieur de langue arabe. Actuellement, il donne cours et conférences en France et à l’étranger. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Mésopotamie, comme Les philosophes et traducteurs syriaques.



INTRODUCTION

Pendant plus de mille ans, entre le IIIe et le XIVe siècle, les chroniqueurs syriaques tentèrent une extraordinaire aventure. Ils observèrent le flux et le reflux de l’Histoire autour du roc du Proche-Orient.

Qui étaient ces Syriaques ? Les héritiers des Antiques Assyriens, des Babyloniens, et aussi des Araméens habitant la Syrie et la Mésopotamie. Ces héritiers parlaient le syriaque, dialecte de l’araméen. Ils en firent une langue culturelle et scientifique.

Ils se divisaient en deux branches. Les Syriaques orientaux, dits « nestoriens », s’étaient établis surtout en Mésopotamie et en Iran. Les Syriaques occidentaux comprenaient les « Jacobites », qui résidaient en Syrie, en Mésopotamie, et les Maronites du Liban.
Ces communautés formaient un peuple, avec son histoire, sa langue, sa culture, sa religion chrétienne.

Les Syriaques vécurent au sein des grands Empires dans des conditions politiques, économiques et sociales souvent difficiles. Sur leurs terres battues par les vents, ils subirent, vague par vague, les assauts des Romains, des Perses Sassanides, des Arabes, des Turcs Seldjoukides, des Mongols. Ils réussirent à garder leur patrimoine culturel, sans rien perdre de leurs fortes individualités.

Les Syriaques prirent peu à peu conscience de leur dimension historique. Ils demandèrent à la mémoire de fixer, d’enregistrer et d’éclairer leur passé. Ils reprirent, continuèrent les chroniques de leurs illustres prédécesseurs. Avec passion, ils réalisèrent des recueils, des récits sous forme d’annales, qui remontaient à la création d’Adam, des chroniques. Ils excellaient à conter les événements de leur temps. Ils magnifièrent leurs héros et leurs grands personnages.

Ces historiens appartenaient parfois à « l’intelligentsia », composée de hauts dignitaires ecclésiastiques, tels Élie de Nisibe, Michel le Grand, Bar Hébraeus. Ils étaient le plus souvent des moines austères, nourris d’Écritüres saintes, comme Josué le Stylite, le Pseudo-Denys.

Hélas, beaucoup de leurs ouvrages, qui narraient le passé en langue syriaque ou en arabe, s’égarèrent. Il nous reste des fragments d’œuvres perdues et quelques belles chroniques. Ces dernières ne reçurent pas l’attention qu‘elles méritaient. Les chroniques latines, byzantines, arméniennes, arabes furent soigneusement étudiées, mais les chroniques syriaques restèrent dans l’ombre des bibliothèques.

Il est temps que les historiens les découvrent, les étudient, les utilisent comme des documents précieux, pour relater les événements du passé avec plus d’objectivité.
Sous l’étendart flamboyant de l’Histoire, les chroniqueurs syriaques jetèrent sur l’univers un autre regard que les Grecs, les Latins, les Arabes, les Arméniens. Ils eurent une vision originale du monde qui les entourait. Avec leur génie particulier, ils oeuvrèrent, comme les médecins, les philosophes, les traducteurs et les artistes à la création d’une brillante civilisation syriaque.

Chaque matin, je commençai à rêver de la Mésopotamie. La distance entre le présent et le passé s’amenuisait, telle une brume légère.
Je me plongeai dans les manuscrits syriaques comme dans une symphonie aurorale. Les événements pittoresques ou féroces, les sentiments d’autrefois se rallumaient au fil des pages. Des ombres se glissaient dans ma chambre. Des visages solennels et barbus m’entouraient comme dans un film, me suivaient de leurs regards doux. Derrière eux, des contrées, des villes, un grand ciel bleu qui élargissait sa voûte au-dessus du Pays entre les deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate. Parfois le firmament s’obscurcissait, chevauchées de nuages, guerres, conquêtes, fracas des armes, persécutions, cris et soupirs. La nue s’ouvrait, parfois, pleine de lumière, de signes et de prodiges.

Voici ces chroniques des pays de Mésopotamie et de Syrie au lointain des siècles. Les textes cités sont nombreux. D’autres morceaux auraient pu être choisis. J’ai voulu que le lecteur déroule avec moi la bobine de l’histoire politique et religieuse de l’Orient. J’ai souhaité qu’il voie, entende les personnages, les sente proches, malgré la distance du teûips et le statut social.

J’ai réalisé ce travail pour donner, à des gens passionnés d’histoire, le plaisir de découvrir la richesse de ces chroniques. N’exhalent-elles pas les effluves d’un passé reculé, la séduction puissante du monde oriental ?



Chapitre premier

Les Syriaques sur le chemin de l’Histoire

L’héritage de la Mésopotamie

Transportons-nous en des temps reculés, voguons vers le Moyen-Orient où s’établit jadis le centre du monde. Là-bas, au pays de Sumer, en Basse Mésopotamie, l’écriture naquit aux environs de 3200 avant l’ère chrétienne. Cette écriture en « coin » (du latin cuneus), nommée cunéiforme par les archéologues modernes, grandit tel un jeune arbre. Elle poussa ses branches vers tous les domaines de la connaissance: mythologie, religion, littérature, mathématique, botanique.

Dans son feuillage, entre 2700 et 2300, apparut l’Histoire.La mémoire orale joua d’abord. Puis les rois de Sumer et d’Akkad, à la fin du troisième millénaire, pour asseoir leur légitimité et pour exalter la grandeur de leurs règnes, chargèrent des scribes de témoigner par écrit, de relater leurs hauts faits.

Au service du temple ou du palais, ces lettrés racontaient les choses qu’ils avaient pu “voir”, et juger dignes de mémoire, les campagnes auxquelles ils avaient assisté. Ils croyaient à la vérité de ce qu’ils narraient, même si des mythes et des légendes se mêlaient parfois au récit des exploits rapportés. Ils ne se souciaient pas de psychologie, mais de récit, d’enseignement. Ils n’avaient pas les méthodes et les projets clairs des historiens modernes.

Les scribes appartenaient à des familles qui se transmettaient leur savoir de père en fils. Ils étaient aussi exorcistes, devins, “lamentateurs”. Afin de garder le souvenir du passé, ils copiaient, et compilaient les inscriptions et correspondances royales, les listes dynastiques, généalogiques, les listes-de noms des années. Chaque année était évoquée à l’aide d’un grand personnage en Assyrie ou d’un événement important en Babylonie. Ces …




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