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Atlas de la diaspora iranienne


Auteur :
Éditeur : Karthala Date & Lieu : 2012, Paris
Préface : Pages : 240
Traduction : ISBN : 978-2-8111-0758-1
Langue : FrançaisFormat : 165x245 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Vah. Atl. N° 2629Thème : Sociologie

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
Atlas de la diaspora iranienne

Atlas de la diaspora iranienne

Nader Vahabi

Karthala

Plus de trente-trois ans après l’avènement de la République islamique, qu’en est-il des flux migratoires iraniens dans le monde ? Quelle est la répartition des Iraniens en dehors de l’Iran ? Peut-on vraiment chiffrer avec précision la diaspora iranienne ? Cet ouvrage a pour but de répondre à ces questions en dressant un bilan quantitatif de cette diaspora sur la base de recherches qui s’étendent sur une dizaine d’années.
En 2011, d’après certaines sources officielles, nous pouvons l’évaluer à environ 4 000 000 d’individus, ce qui correspond à 5,3 % de la population en Iran. Dispersés dans huit pôles d’attraction, les Iraniens hors d’Iran constituent une population régulière (environ 3 000 000 de personnes) et une « population flottante », formée par les déboutés des demandes de régularisation, les sans-papiers et les irréguliers (environ 1 000 000).
Cette diaspora regroupe quatre générations d’iraniens ayant émigré à l’étranger, ainsi que leurs descendants, nés en Iran ou non, s’identifiant encore à leur origine iranienne. La structure non démocratique de l’État iranien, les huit années de guerre, la transformation démographique de la population iranienne, l’ingérence du religieux dans la vie quotidienne et la frustration des Iraniens en ce qui concerne le développement humain, pourvoyeur de la liberté donnant à chacun la possibilité de vivre sa vie comme il l’entend, sont des facteurs structurels et individuels de la reproduction socio-logique de cette diaspora.
Enseignant-chercheur, associé à deux universités : le CADIS (Centre d’analyse et d’intervention sociologiques) de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris et le CED EM (Centre d’études de l’ethnicité et des migrations) de l’Université de Liège en Belgique, Nader Vahabi est spécialiste de l’immigration iranienne dans l’Iran contemporain.



PREFACE

Par Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS (CERI Sciences-Po)

Nader Vahabi, dans son inlassable volonté de faire progresser la connaissance sur la diaspora iranienne, nous livre ici ce qu’il appelle un Atlas de la diaspora iranienne : plutôt que d’un atlas proprement dit, il s’agit d’une analyse plutôt sociologique illustrée de cartes, graphiques et tableaux, de la diaspora iranienne, à partir de données chiffrées mises en perspective historique dans un temps court et précis : celui qui s’est déroulé depuis la révolution islamique de 1979.

Ce livre fourmille d'informations pour le spécialiste comme pour le profane intéressé à en savoir plus sur la diaspora iranienne, thème de recherche de l’auteur depuis sa thèse et dont il est devenu spécialiste : il décrit la diaspora iranienne comme un « champ migratoire peu exploité » et discute les chiffres proposés par diverses instances pour en mesurer l’importance : quatre millions environ ? Quatre phases résument les grandes étapes de cette diaspora récente et trois zones géographiques concentrent l’essentiel de sa présence : les pays limitrophes et le golfe Persique ; les Etats-Unis, le Canada et l’Europe (Allemagne, Suède, Royaume Uni, France, Benelux, Suisse). Cette diaspora est décrite comme étant « en mouvement », au fil des quatre périodes migratoires se succédant depuis l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny et qui ont engendré des profils de migrants « à géométrie variable », où le réfugié côtoie l’élite, le travailleur peu qualifié et le membre du regroupement familial.
Méconnue le plus souvent, la diaspora iranienne a pourtant eu ses protagonistes ; en France par exemple quand un Iranien, pris dans les méandres de l’administration des étrangers, du droit de la nationalité et du droit d’asile français et belge, a réussi à vivre quelque sept années à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, partageant au jour le jour la vie des personnels au sol, des serveurs des fast food et des agents de nettoyage sans jamais quitter l’aéroport. Un film a d’ailleurs été tiré de cette situation.

D’autres figures, malgré le brouillage des catégories identifié par fauteur, émergent et les entretiens référencés dans l’atlas en laissent la trace, à travers leurs récits.
Enfin, cette analyse de la diaspora iranienne montre que celle-ci a épousé les principales tendances d’une migration mondialisée : sa répartition qui ne se limite pas au voisinage de l’Iran mais concerne plusieurs continents en témoigne, comme en témoignent aussi l’importance de ses transferts de fonds, la construction d’une diaspora en exil à travers un maillage associatif et socio-culturel visible, la variété des profils de migrants qui dépassent les cadres juridiques prévus par les politiques publiques, même si les réfugiés dominent. On pourrait en quelque sorte la définir comme une diaspora d’influence, même si elle a eu, somme toute, un impact limité sur la vie politique iranienne dans un pays qui, loin de s’appuyer sur elle pour s’imposer sur la scène internationale, feint, pour des raisons évidentes, d’ignorer le poids de sa population en exil.

Mardi 28 août 2012, Paris, Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS (CERI Sciences-Po)

Avant-propos

Plus de trente-trois ans après l'avènement de la République islamique, qu'en est-il des flux migratoires iraniens dans le monde ? Y a-t-il une comparaison possible entre les flux iraniens et les autres déplacements mondiaux ? Chaque année, des milliers d'iraniens franchissent des frontières. On estime entre 180 000 et 200 000 le nombre de personnes quittant l'Iran annuellement. Comment peut-on analyser leur dispersion géographique dans le monde ?
Lorsque nous avons commencé notre thèse à l'Université de Nanterre en 1999, sur la diaspora irannienne, la première chose qui nous a étonné et gêné a été le champ académique en friche et le manque d'intérêt institutionnel sur cette population, déjà nombreuse mais aproblématique dans l'espace européen. Les informations de bouche à oreille au sein de la diaspora iranienne étaient la règle. Peut-être s'agissait-il d'une diaspora dans sa période de balbutiement car il n'y avait pas encore eu de tradition migratoire iranienne à grande échelle : les Iraniens n'étaient pas préparés à cette grande aventure humaine qu'ils ont dû envisager après le basculement de leur révolution dans la terreur, à l'instar de nombreuses autres révolutions. En outre, une certaine importance de la culture orale, un manque d'esprit de recherche et un contexte dictatorial de longue durée ont participé en tant que facteurs strcturels à ce manque d'intérêt. Alors, fallait-il se donner la peine de mettre à jour une base minimale pour la recherche ou bien continuer à tolérer les carences ?

Cet ouvrage a pour but de commencer à combler des lacunes, dans les limites de notre compétence, et en tenant compte du manque de moyens institutionnels. Nous avons commencé l'étude de la population iranienne au cours de nos recherches de thèse, en 2002, initialement dans les deux pays de France et d'Allemagne. Depuis cette date, à chaque occasion nous avons rassemblé des chiffres, pays après pays, avec l'aide d'assistants, d'amis, d'associations iraniennes, d'enquêtés et d'étudiants, en fonction de leurs possibilités dans les pays concernés. La priorité a été donnée aux pays occidentaux (Europe, Amérique du nord, Australie) car il y avait pour chacun de ces pays des recensements fréquents, un système d'enregistrement régulier et un office des réfugiés ; de ce fait, nous n'avons pas été confronté à des obstacles insurmontables dans ces régions. En revanche, nous n'étions pas en mesure d'avoir des chiffres sûrs dans les pays limitrophes de l'Iran (Turquie, Irak, Pakistan, Afghanistan...), dans les pays du golfe Persique (Dubaï, Koweït, etc.) et en Asie. Cependant, nous avons essayé de donner des estimations approximatives pour ces régions en fonction de l'état actuel de notre recherche, estimations qu'il faut donc prendre avec prudence.

Au total, en 2011, d'après certaines sources officielles, nous pouvons évaluer la diaspora iranienne à environ 4 000 000 d'individus, correspondant à 5,3% de la population iranienne, dispersée dans huit pôles d'attraction : la population régulière représentant environ 3 000 000 de personnes et « une population flottante » environ 1000 000.
La déficience de ce travail serait de ne pas avoir été rédigé par différents spécialistes (démographes, géographes, psychologues, historiens, etc.) car les phénomènes migratoires sont complexes et interdisciplinaires ; en l'état, ce livre constitue une première approche heuristique qui reste ouverte à toute critique et dont le plan est le suivant :

Dans le premier chapitre, nous avons essayé de répondre à la question : « Pourquoi tant d'iraniens se sont-ils retrouvés à l'étranger depuis l'avènement de la République islamique ? L'analyse structurelle et les micro-analyses (le choix rationnel des individus) seront la trame de ce chapitre.
Dans le second chapitre nous étudierons les huit pôles d'attraction de la migration iranienne répartis dans le monde selon l'importance quantitative de leur population et nous découvrirons que, contrairement à l'idée reçue, plus d'un tiers de la diaspora iranienne se concentre dans des pays qui ne sont pas considérés comme des pays très développés, notamment dans les pays limitrophes de l'Iran et autour du golfe Persique.

Premier chapitre : la fabrique d'une diaspora

Plus de trente-trois ans après l'avènement de la République islamique, qu'en est-il des flux migratoires iraniens dans le monde ? Y a-t-il une comparaison possible entre les flux iraniens et les autres déplacements mondiaux ? Qu'en est-il du flux mondial au début du XXIe siècle ? Dans quelle mesure la question du développement humain est-elle au centre de la motivation des migrants iraniens ? Comment peut-on articuler les indices du développement humain en tant que moteur de la mobilité avec les facteurs structurels qui sont à l'origine du départ ? Alors que ce phénomène migratoire complexe suscite une effervescence dans les divers domaines académiques de recherche, comment instaurer une méthodologie à la hauteur de cette complexité interdisciplinaire ?

Historiquement, la migration iranienne vers les pays de l'OCDE touchait une élite financière et économique ; comment sommes-nous passés d'une élite migratoire à une diaspora qui touche presque toutes les couches sociales depuis l'avènement de la République islamique ? Le terme diaspora est-il parfaitement approprié au cas iranien ? À Quels rythmes et à quelles logiques obéit cette diaspora ? De l'Iran aux quatre coins du monde, les migrants saisissent plusieurs trajectoires, comment se positionnent-ils dans les différents espaces sociaux ? À partir de quelles sources peut-on les quantifier ?

Ce chapitre a pour but de répondre à ces questions en fonction de la problématique suivante:
En nous appuyant sur des sources officielles et des études de terrain réalisées dans plusieurs pays, nous nous demandons de quelle façon la diaspora iranienne s'est forgée et s'est développée quantitativement depuis l'avènement de la République islamique …




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