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L’Epopée de Gilgames


Auteur :
Éditeur : Gallimard Date & Lieu : 2000, Paris
Préface : Pages : 304
Traduction : ISBN : 2-07-072583-9
Langue : FrançaisFormat : 135x215 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Bot. Epo. N° 3566Thème : Littérature

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L’Epopée de Gilgames

L’Epopée de Gilgames

Jean Bottéro

Gallimard

Vieille de quelque trente-cinq siècles et de loin antérieure à l’Iliade et au Mahâbhârata, l’Épopée de Gilgames est la première oeuvre littéraire connue à qui son ampleur, sa force, son souffle, sa hauteur de vision et de ton, l’éminent et l’universel de son propos aient valu, dans tout le Proche-Orient ancien, une célébrité millénaire et, dans notre jugement à nous, le titre d’« épopée ».
Elle conte l’histoire d’une grande amitié, source de surhumaines réussites, mais qui, tragiquement amputée par la mort, jette le survivant, le grand roi Gilgames, dans une recherche désespérée, mais vaine, du moyen d’échapper au trépas.
Sur ses tablettes d’argile, depuis qu’au propre berceau de l’assyriologie, voici moins de cent cinquante ans, on en avait retrouvé les premiers lambeaux, le texte de cette composition fascinante n’a cessé, d’année en année, de se compléter de trouvailles nouvelles, et de se mieux entendre, replanté dans son dense et profond humus culturel natif.
Il fallait qu’un assyriologue, vieilli dans son métier, en mît au net la teneur la plus complète possible ; en revît la traduction, à la hauteur de son lyrisme auguste ; en expliquât, d’un mot, mais clairement, les exotismes, les silences et les subtilités, livrant ainsi au public de langue française démuni une édition à jour pour lui révéler au mieux ce chef-d’oeuvre admirable el presque secret. Son travail n’ouvre pas seulement une grand-porte dans les puissants remparts qui défendent l’altière civilisation mésopotamienne, notre plus vieille aïeule ; il permettra aussi d’y retrouver, dans un discours et un imaginaire pourtant bien loin des nôtres, deux ou trois grandes valeurs universelles de notre condition humaine, qui comptent toujours à nos yeux : le prix de l’Amitié, même si nous la savons périssable, comme tout, ici-bas ; et le sens de la Vie, même si elle ne nous est accordée que pour se trouver, elle aussi, trop vite effacée par la Mort.




NOTE LIMINAIRE

Sans parler du beau travail qui se prépare, à Munich notamment, sur quelques légendes sumériennes de Gilgames, on annonce, tout au moins, à Jérusalem, résultat de la collaboration entre l’École biblique et archéologique française et l’Université hébraïque, une édition et une traduction critiques, préparées depuis d’interminables années, de l’Épopée de Gilgames en tous ses fragments et témoins; et, à Londres, une réédition complète du matériel cunéiforme entier qui la concerne, apographié, pour remplacer, en beaucoup mieux, l’antique et démodé, mais utile en son temps, Epie of Gilgamish, de R. C. Thompson (paru en 1930 !). Les assyriologues seront donc servis.

Aussi, sans trop penser d’abord à eux, ai-je préféré (après avoir étudié de près pendant quatre ans ce texte fameux à l’Ecole pratique des hautes études) m’appliquer ici à une mise en français, suffisamment à jour, mais adressée premièrement aux « autres », aux non-professionnels, auxquels les spécialistes farouches, enfermés dans leur impénétrable casemate, ne rendent pas souvent visite. Je m’en suis tenu aux mêmes principes de traduction définis p. 16 s. de Lorsque les dieux... (voir du reste ici, p. 57 s.).

La dernière présentation de l’Épopée de Gilgames dans notre langue, par un assyriologue réputé, un grand maître, René Labat (t 1974), a paru en 1970 dans Les Religions du Proche-Orient asiatique (aujourd’hui épuisé), p. 145-226 h Elle avait pour objet la Version ninivite, n’y intercalant, pour en compléter les lacunes, que des extraits des principaux témoins alors connus de la Version ancienne. Cette traduction, reproduite depuis, plus ou moins mot pour mot, en deux ou trois ouvrages, pouvait être améliorée, çà et là, comme c’est obligatoirement le cas dans une discipline aussi liée que l’assyriologie aux découvertes fortuites et au dies diem docet ; elle pouvait être, aussi, complétée de toutes les pièces, connues à ce jour, et traduisibles, de l’important dossier que nous avons accumulé, et qui n’a jamais été encore, comme tel, livré au public de langue française. On pouvait surtout tenter de l’ouvrir à tous par un certain nombre d’explications et de gloses concernant bien des points qui restent, forcément, de soi, inaccessibles aux profanes.

Encore une fois, c’est d’abord à eux que j’ai pensé, en préparant ce livre. Il n’aurait jamais vu le jour sans les encouragements et les secours amicaux de J. Cotin et J. Grosjean, avec lesquels, je dois le dire, il est bien agréable de travailler ! La première idée de cette présentation de l'Épopée, je la dois pourtant à l’ami L. Evrard. On sera bien d’accord avec moi pour les remercier également tous les trois !

Introduction

L’Épopée de Gilgamel est un de ces monuments mutilés, que les fouilleurs ont débarrassés de leur pesant linceul de terre et dont ils tombent amoureux, tant leur galbe brisé est, à la fois, séduisant par soi-même et porteur de beaux rêves par ce qu’il laisse deviner de leur magnificence première.

Antérieure de plusieurs siècles à l’Iliade et au Mahâbhârata, c’est la plus vieille œuvre littéraire connue à qui l’ampleur, la force, le souffle, la hauteur de ton, l’éminent et l’universel du sujet aient mérité d’emblée le noble titre d'épopée. En son intégralité, elle devait faire dans les trois mille vers. Il ne nous en est parvenu, à ce jour, qu’un peu moins des deux tiers, en morceaux. Mais ces fragments, par pure chance, ont été si raisonnablement distribués tout au long de sa trame que nous en discernons encore assez bien la séquence et la trajectoire. Et même ainsi entrecoupé, ce cheminement nous fascine.

Dans les aventures prodigieuses d’un grand homme qui ne voulait pas mourir, nous découvrons, d’abord, sur le plan de notre vie personnelle, comme un stimulant, par l’exemple, sinon à nous résigner avec courage au sort funeste qui nous attend tous, du moins à nous en accommoder, puisqu’il nous laisse, entre-temps, une existence par elle-même assez prometteuse.

A un second degré de lecture : dans l’intérêt, non plus de la conduite de notre propre vie, mais de la connaissance de notre passé et de la retrouvaille de nos pères, ces craintes, ces rejets, ces angoisses devant l’inéluctable trépas ; ces efforts inouïs et vains pour le transcender ou en évacuer la cause; et puis, cette façon de baisser la …




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