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Cahiers du Groupe d'études sur la Turquie contemporaine


Auteurs : | | | | |
Éditeur : Maison des sciences de l’homme Date & Lieu : 1986, Paris
Préface : Pages : 136
Traduction : ISBN :
Langue : TurcFormat : 150x210 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Bag. Cah. N° 1562Thème : Général

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Cahiers du Groupe d'études sur la Turquie contemporaine

Cahiers du Groupe d'études sur la Turquie contemporaine

Lusin Bagla-Gökalp

Maison des Sciences de l'Homme

Après la proclamation de la République en 1923, les dirigeants kémalistes qui avaient fait de la Turquie un pays politiquement indépendant, passèrent aussitôt à l'action pour lui assurer aussi une indépendance économique. Pour eux, le "développement national" passait avant tout par la capacité de produire à l'intérieur tout ce qui était auparavant importé. Ce principe conducteur a guidé les actions des dirigeants turcs jusqu'à la fin de la décennie soixante-dix, qui marque la fin de la politique dite de "substitution aux importations" (S.I.).
En effet, à l'exception d'une courte période de libéralisation des importations, la politique économique des dirigenats turcs fût celle de S.I., dont la première phase se termina vers la fin des années 1950. Cette période se caractérise par la prédominance de l'idéologie de l'unité nationale, autrement dit, la non-reconnaissance des conflits de classes. C'est aussi ...




PRESENTATION

Le deuxième numéro des Cahiers du GETC reprend une partie des communications.
Présentées lors des Journées d'Etudes sur La Nouvelle Economie Politique en Turquie, les 17 et 18 Décembre 1984, qui se sont tenues à la Maison des Sciences de l'Homme à Paris, et dont on trouvera plus loin la liste complète des interventions. Cette rencontre faisait partie des activités du GETC dans le cadre de l'Action Thématique Programmée "Politiques et Stratégies d'industrialisation dans les Pays en Voie de Développement" du CNRS, à laquelle il a participé par une recherche portant sur l'analyse des politiques économiques turques et de leurs réalisations dans la période allant de 1960 à 1980.

L'objectif des différents textes qui suivent est de proposer un bilan des politiques économiques et des stratégies d'industrialisation en Turquie lors de la période 1960-1980. Le choix de ces deux dates-repères s'explique facilement. En effet, c'est dans les années qui suivirent l'intervention militaire de mai 1960 que les outils politico-institutionnels d'une stratégie d'industrialisation basée sur la substitution aux importations des biens de consommation durables et des biens de production intermédiaires, et tournée essentiellement vers le marché intérieur, ont été mis en place. Quant à la deuxième date-repère, elle symbolise le début d'une nouvelle période de politique économique globale, portée par de nouvelles formes politico-institutionnelles également mise sur ses rails par une intervention militaire.

Les textes présentés ne couvrent évidemment pas l'ensemble des évolutions significatives de la période étudiée; ainsi, certains secteurs importants de l'économie turque, comme l'agriculture, sont laissés en dehors du champ de l'analyse, ou bien, ils n'y sont présents qu'implicitement. C'est pour remédier partiellement à ces lacunes que nous avons fourni, à la fin de ce dossier, la liste d'un ensemble de travaux récents publiés en Turquie, et qui touchent d'assez près les thèmes ici traités.

Le dossier s'ouvre par le texte de Yakup Kepenek qui analyse les différentes étapes de la politique de substitution aux importations en Turquie à travers les plans de développement, et explique les raisons du blocage de cette politique dans sa phase finale, qu'il situe d'une part dans la structure-même de l'industrie turque, et d'autre part, dans le contexte des contraintes extérieures.

La complémentarité des fonctions économiques entre les entreprises du secteur manufacturier privé et celles du secteur étatique est étudiée par Ahmet Insel. L'Etat soutient et contrôle à la fois les entreprises privées qui dépendent de lui pour la formation de leurs coûts de production et de leurs prix de vente. Insel conclut qu'à partir de la politique salariale, de la politique des prix et de celle concernant la régulation du commerce extérieur, l'Etat élargit son espace de contrôle et a ainsi un impact saisissant sur l'évolution des rapports de production en Turquie.

Dans son deuxième texte, Ahmet Insel résume certaines caractéristiques des politiques économiques de la période étudiée et procède à une périodisation, où il distingue deux types de politiques : le premier type qui caractérise les périodes de 1961-65 et de 1971-73, se distingue par la recherche de l'équilibre budgétaire et des comptes extérieurs. Le deuxième type de politique économique, qui caractérise les périodes de 1965-70 et de 1974-79, est au contraire une politique expansionniste où la croissance est soutenue aux prix d'un déséquilibre budgétaire et d'une inflation galopante, notamment dans la deuxième sous-période.

Korkut Boratav analyse les modifications de la distribution des revenus en Turquie lors de la période considérée et relève le blocage, après 1976, des mécanismes habituels de distribution du surplus (mécanismes qu'il caractérise comme étant ceux de la distribution secondaire du revenu) au détriment de la bourgeoisie industrielle. C'est la difficulté de la modification des rapports primaires de distribution, assez solidement codés par les réformes institutionnelles du début des années soixante, qui expliquerait d'après K. Boratav, les contradictions économiques majeures de la fin des années soixante-dix.

Les relations économiques extérieures de la Turquie sont analysées par Seyfettin Gürsel, qui trace l'évolution des termes du commerce extérieur et de l'endettement dans les deux décennies qui nous intéressent. L'auteur montre notamment la dépendance croissante vers la fin des années soixante-dix, à l'égard des importations, qui se trouvent bloquées à la suite des difficultés de financement. Ce blocage est l'une des raisons principales de l'arrêt de la croissance que l'auteur situe dans les années 1978-79, et conclut à l'échec de la politique économique basée sur la substitution aux importations.

Basé sur une analyse de l'évolution du discours des différentes organisations internationales financières et d'aide au développement, le texte de Lusin Bagla-Gökalp s'attache à montrer comment depuis le début de la décennie soixante-dix, ce discours bannit unanimement la substitution aux importations comme stratégie de développement, pour préconiser à sa place une stratégie de développement extravertie, conformément aux thèmes mobilisateurs de la Nouvelle Division Internationale du Travail, prémice de base du Nouvel Ordre Economique Mondial, tant prisé par ces mêmes organismes.

Ce dossier sur l'analyse des politiques économiques et des stratégies de développement en Turquie, des années 1960 à 1980, est clôturé par la présentation d'une étude de cas de transfert de technologie. En effet, le texte de Joseph S. Szyliowicz, après avoir rappelé les difficultés de toute expérience de transfert de technologie, retrace l'expérience des entreprises Erdemir. L'étude détaillée des mécanismes de prise de décisions met en évidence les relations complexes entre les facteurs économico-techniques et les préoccupations politiques dans ce cas précis.

Lusin Bagla-Gokalp
Iskender Gokalp

L'évolution des politiques industrielles en Turquie
1960-1980 (*)

Yakup Kepenek

Après la proclamation de la République en 1923, les dirigeants kémalistes qui avaient fait de la Turquie un pays politiquement indépendant, passèrent aussitôt à l'action pour lui assurer aussi une indépendance économique. Pour eux, le "développement national" passait avant tout par la capacité de produire à l'intérieur tout ce qui était auparavant importé. Ce principe conducteur a guidé les actions des dirigeants turcs jusqu'à la fin de la décennie soixante-dix, qui marque la fin de la politique dite de "substitution aux importations" (S.I.).

En effet, à l'exception d'une courte période de libéralisation des importations, la politique économique des dirigenats turcs fût celle de S.I., dont la première phase se termina vers la fin des années 1950. Cette période se caractérise par la prédominance de l'idéologie de l'unité nationale, autrement dit, la non-reconnaissance des conflits de classes. C'est aussi la période où l'accumulation du capital a été réalisée malgré l'absence de coordination entre les investissements du secteur public et ceux du secteur privé.

Les ressources du capital furent, jusqu'en 1946, avant tout nationales. Après cette date, on utilisa le recours à l’endettement et aux prêts étrangers. En même temps les premiers industriels, qui n'étaient le plus souvent que ceux important auparavant certains produits, faisaient leur apparition. La seconde moitié des années cinquante est d'ailleurs marquée par les problèmes de transformation du capital commercial en capital industriel.

La crise économique de 1958 suscita l'adoption des mesures bien connues (dévaluation de la livre turque, libéralisation du commerce extérieur, augmentation des prix des produits des entreprises publiques, limitation des dépenses publiques et de l'offre de la monnaie...), suite aux …..

(*) Ce texte est un résumé de la communication de Y. Kepenek aux Journées d'Etudes sur la Nouvelle Economie Politique en Turquie.

 




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