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Equipe de Recherche sur la Turquie – II


Auteurs : | |
Éditeur : CERI - FNSP Date & Lieu : 1985, Paris
Préface : Pages : 68
Traduction : ISBN : 0767-2365
Langue : FrançaisFormat : 215x295 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Van. Equ. Br. N° 2238Thème : Politique

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
Equipe de Recherche sur la Turquie – II

Equipe de Recherche sur la Turquie – II

Semih Vaner
Şirin Tekeli
Leylâ Vekilli

CERI - FNSP

La science politique est désemparée, faée aux phénomènes tels que la violence et le terrorisme politiques. En témoignent l'insuffisance de conceptualisation en la matière, malgré quelques efforts louables et le caractère essentiellement descriptif et superficiel de beaucoup de travaux (1). Sur le cas spécifique de la violence politique en Turquie qui a fait dans la seconde moitié de la décennie 1970 les ravages que l’on sait, on peut compter sur les doigts d'une main les articles plutôt partiels ou partiaux venant surtout d'Outre-Atlantique (2) et les livres turcs rédigés à chaud et à la hâte et manquant de ce fait de rigueur et de recul (3). Cette modeste contribution, la première à notre connaissance en langue française, n'a pour seul objectif que d'essayer de déblayer le terrain, de donner une vue générale d'un phénomène dont la compréhension nécessiterait des monographies très minutieuses. La problématique du « passage au politique » (4) nous servira de repère : les « petits détails » ayant aussi ...



PRESENTATION

L'intérêt qu’a suscité le premier numéro du Bulletin de liaison de l’ERT, entièrement consacré à la question chypriote, tant dans les milieux universitaires que dans certains médias, nous encourage à poursuivre notre initiative. Ce numéro n'est pas construit autour d'un thème particulier ; des sujets divers y sont abordés.

L'article de S. Vaner traite de la violence politique considérée essentiellement du point de vue des rapports de l'Etat à la société. Nous espérons que ce travail sur une question cruciale se situant au cœur du système politique turc suscitera un débat. Les notes de lecture sur trois ouvrages portant sur l'affaire de la tentative d'assassinat du Pape Jean-Paul II, apportent des informations sur les prolongements externes du terrorisme. De toute évidence, cette affaire ne relève pas que de l'enquête policière, mais a aussi des liens avec la politique intérieure turque et des incidences sur les rapports Est-Ouest. La place privilégiée accordée au livre d'U. Mumcu s'explique par le fait que ce dernier fournit des analyses difficilement accessibles au lecteur non-turcophone, même si elles sont parfois confuses et discutables.

Ş. Tekeli est l'un des rares politologues turcs, spécialiste de sociologie électorale. Comme elle l'écrit elle-même, son étude est une première analyse, peut-être un peu rapide, des élections de 1983 et nécessite, de ce fait, d'être complétée et affinée par d'autres. Toutefois, elle fournit, entre autres, plusieurs données chiffrées pour des analyses ultérieures.

Essentiellement par le biais des films de Y. Güney, le cinéma turc a trouvé sa consécration sur la scène internationale. Avec l'article de L. Vekilli sur ce cinéma prometteur, nous ouvrons nos pages à des thèmes culturels que nous comptons reprendre dans les numéros prochains.
Vos contributions et suggestions nous permettront d’améliorer et d'enrichir notre bulletin.

ERT

Etat, Société et Violence Politique rn Turquie (1975-1980) *

Semih Vaner

(*) Une version abrégée de cet article a été publiée sous le titre, « Violence politique et terrorismes en Turquie » dans Esprit (Oct.-nov. 1984, p,79—104) consacré aux « Terrorismes ». Nous présentons ce travail, ici, dans son intégralité. Nous tenons à remercier Y. Benusiglio et M. Bozarslan pour leurs collaborations précieuses, N. Arnaud, A. Jevakhoff, G. Nermot, G. Lavau, I. Ortaylı ont eu la gentillesse de lire le texte et de faire des suggestions et critiques. Nous assumons seul, évidemment, l'entière responsabilité de l'article.

"Je ne puis écarter de mes paupières la fatigue des peuples oubliés".
Hoffmannsthal.

La science politique est désemparée, faée aux phénomènes tels que la violence et le terrorisme politiques. En témoignent l'insuffisance de conceptualisation en la matière, malgré quelques efforts louables et le caractère essentiellement descriptif et superficiel de beaucoup de travaux (1). Sur le cas spécifique de la violence politique en Turquie qui a fait dans la seconde moitié de la décennie 1970 les ravages que l’on sait, on peut compter sur les doigts d'une main les articles plutôt partiels ou partiaux venant surtout d'Outre-Atlantique (2) et les livres turcs rédigés à chaud et à la hâte et manquant de ce fait de rigueur et de recul (3). Cette modeste contribution, la première à notre connaissance en langue française, n'a pour seul objectif que d'essayer de déblayer le terrain, de donner une vue générale d'un phénomène dont la compréhension nécessiterait des monographies très minutieuses. La problématique du « passage au politique » (4) nous servira de repère : les « petits détails » ayant aussi leur importance.

L'articulation de la société civile en Turquie, ou de l’« espace public », pour reprendre le terme de Habermas, est le corollaire de la disparition du référent religieux (5). Au sein de l'Empire ottoman où la légitimité de l'Etat reposait sur un « ordre divin préétabli » (6) ce qui importait était l'appartenance à la communauté des musulmans (ümmet*), tandis que les adeptes d'autres religions, chrétiens et juifs, jouissaient grâce à l'institution de la "communauté religieuse" (millet) d'une certaine autonomie (7). La « rupture révolutionnaire » kémaliste de 1923 signifie notamment, en raison du rejet de l'islamisme et de l'ottomanisme que la source du pouvoir n'est plus située dans un ordre transcendant. « La disparition des cautions extra-terrestres » écrit P. Ansart, « lève les obstacles à l'émergence des conflits et fait de l'idéologie politique, non plus un lieu secondairement accessible au conflit, mais bien le lieu des conflits sociaux et politiques » (8).

Sur le plan historique, on peut avancer que la période contemporaine en Turquie, consécutive au choix fondé sur l'idéologie du nationalisme turc, choix qui avait disloqué l'Empire ottoman au terme de péripéties violentes, comme la « déportation » des arméniens en 1915, connaît quatre tournants importants relevant des transformations des rapports entre l'Etat et la société. Transformations que nous tenterons de saisir essentiellement du point de vue de l'emploi de la violence, comme moyen de coercition par l'Etat ou comme instrument de résistance par la société, en essayant d'éviter l'écueil qui consiste à voir systématiquement dans l'Etat le Mal absolu et en conséquence, à verser dans le « basisme » en sublimant systématiquement « la révolte de ceux d'en bas (qui restera d'autant plus pure qu'elle montera moins haut) » (9).

…..

* Nous utilisons ici des transcriptions turques (ou plus exactement ottomanes) des termes d'origine arabe : ainsi ümmet au lieu de oumma, fetva à la place de fatwa, şer'i à la place de chari'i etc.




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