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Le Sage et le Prince en Iran Médiéval


Auteur :
Éditeur : L'Harmattan Date & Lieu : 209, Paris
Préface : Pages : 520
Traduction : ISBN : 978-2-296-09936-4
Langue : FrançaisFormat : 210x285 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Fou. Sag. N° 3123Thème : Général

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Le Sage et le Prince en Iran Médiéval

Le Sage et le Prince en Iran Médiéval

Charles-Henri de Fouchécour

L’Harmattan

La littérature persane est bien représentative d'une morale islamique aux siècles considérés, du 9e au 13e siècle (3e - 7e siècle de l'hégire). De L'Alchimie du bonheur de Mohammad Ghazâli aux Boustân et Golestân, chefs-d'œuvre de Sa'adi, onze ouvrages du genre sont ici présentés. Traités à part, six grands « Miroirs des princes » sont également analysés. Enfin, cinq ouvrages persans de morale systématique sont étudiés, non seulement pour leur référence spéculative aux classiques grecs, mais parce qu'ils appartiennent tout autant à la tradition littéraire proprement persane, objet de notre recherche. Cette morale est un anti-destin. Le sage et le prince croient au pouvoir de l'homme, ils croient aussi qu'il y a un ordre divin animé d'une pensée de perfection. Le ciel fermé du destin est troué d'occasions propices où placer leurs choix décisifs. La parole et la noble conduite sont pour eux les lieux où la perfection humaine est possible. La ruse est un grand sujet, il arrive aussi que des actions bonnes attirent le regard du soupçon.

Charles-Henri de Fouchécour est Professeur émérite de l'Université Paris III / Sorbonne Nouvelle. Il a été Professeur à l'institut National des Langues et Civilisations Orientales, Directeur du Département des Etudes Iraniennes de l'institut Français de Recherche en Iran à Téhéran, fondateur de la revue Abstracta Iranica, éditée par l'institut Français de Recherche en Iran. Il est l'auteur de la traduction intégrale du Divân de Hâfez (Paris, Verdier, 2006) récompensée par de nombreux prix en France et à l’étranger.



PRÉFACE à la nouvelle édition

L’ouvrage que publient les Editions L’Harmattan parut une première fois en France en 1986 aux Editions Recherches sur les Civilisations, sous le titre de Moralia. Les notions morales dans la littérature persane du III/IXe au VII /XIII siècle (522 p. Coll. « Synthèse » n° 23. Institut Français de Recherche en Iran, Bibliothèque Iranienne n° 32). L’ouvrage, depuis longtemps épuisé, n’a pas connu d’équivalent et reste une référence souvent citée. Sa réédition sous la forme d’un e. Book aux Edition L’Harmattan répond à une attente. L’ouvrage traite, dans le champ des études médiévales orientales, d’un important domaine de la culture de l'islam parvenu à sa maturité, il en présente un tableau approfondi. Il pourra désormais être consulté aisément sur l'un ou l’autre des sujets abordés. Dans le titre original, le terme de ‘notion’ avait été suggéré par l’éminent Professeur Emile Benveniste et se comprenait comme le noyau d’un développement littéraire l’éclairant. Mais il pouvait rebuter. Surtout, le titre n’annonçait pas complètement le contenu de l’ouvrage. Il omettait d’en signaler une part importante, celle qui touche à l’instruction du prince, principalement sous la forme du « Miroir des princes».

Le persan est du perse auquel s'est mêlé un lexique arabe. Avant cela, le perse s’était développé dans sa propre culture préislamique, mais au voisinage des cultures grecque, syriaque, voire indienne. La langue arabe des premiers Iraniens musulmans réunit en traduction ce passé et le rendit au persan, marqué au coin de l’islam. La morale eut le même sort. La morale entendue ici est la réalité pratique de l’éthique. Celle-ci est une visée animant la résolution de vivre droitement ; elle est au principe des choix quotidiens. Le sage et le prince de nos textes parlaient de ceux-ci. Ils y sont les personnages centraux. Leurs paroles sont venues à l’écriture, elles ont pris d’abord la forme de courtes sentences, paroles frappantes assemblées en recueils. C’est le monde ancien des recueils de conseils, à l’origine de toute la littérature persane qui va suivre. Cinquante-six de ces recueils nous sont parvenus. Ils sont décrits en suivant leur nomination pseudépigraphique, culturellement très instructive. On assiste ensuite à la composition d’ouvrages dans lesquels les sentences sont classées thématiquement, signe intéressant d’une réflexion originale. Sept compositions de ce genre nous sont parvenues et sont ici présentées de ce point de vue. Leur caractère littéraire est évident et se confirme vite par l’insertion de récits illustratifs. Ceux-ci furent tirés de compilations d’anecdotes déjà existantes en arabe et en persan. La force rhétorique et poétique de ces livres est exploitée dès le 11ème siècle par de grands auteurs qui, sur quatre siècles, ont fourni à la littérature persane des œuvres majeures.

Je remercie bien vivement les Editions L’Harmattan de prendre en charge la réédition d’un ouvrage auquel je ne pense pas devoir retoucher. Qu’il me soit seulement permis de nommer ici les maîtres qui ont éclairé ma recherche en France et en Iran, Gilbert Lazard, Iraj Afshar et le très regretté Mohammad-Taqi Danèche-Pajouh.

C.F.

1. Traduction en persan du présent ouvage : Akhlâqiyât. Mafâhim-e akhlâqi dar adabiyât-e fârsi az sade-ye sewom tâ sade-ye haftom-e hejri. Traduit par 'Ali Amir-Mo'ezzi et 'Abd al-Mohammad Ruhbakhshân. Iran, Téhéran, 1377/1998, X-627 p. Centre des Publications Universitaires de l’Iran et Institut Français de Recherche en Iran.

2. ‘ANDARZ (precept, instruction, advice)’. Encyclopaedia Iranica. I. Andarz and Andarz Literature in Pre-islamic Iran. Sh. Shaked, vol. II, 1987, p. 11-16. II. Andarz Literature in NeoPersian. Z. Safa, vol. II, 1987, p. 16-22.

3. Tafazzoli, Ahmad. Târikh-e adabiyât-e Irân pish az Eslâm. (‘Histoire de la Littérature Iranienne Préislamique’, en persan). Edité par Zhâle Amuzegâr. Iran, Téhéran, Editions Sokhan, 1376/1997, 452 p.

4. Aijomand, Saïd Amir. The Salience of Political Ethic in the Spread of Persianate Islam. Journal of Persianate Studies, 1, 1 (2008), p. 5-23.

Introduction

Le sujet de la présente recherche a été choisi parce qu’il a semblé relever de l’un des domaines centraux de la culture iranienne d’expression persane, la morale. Ce choix a mis devant une première nécessité, celle de connaître un nombre important de textes; le contenu de ces textes indiquait qu’il existait une tradition, qu’il fallait donc la prendre dans son ensemble, pour la comprendre; on ne devait négliger aucun texte. Pour mieux appréhender cette tradition vivante, on devait identifier les éléments qui la composent et que tout texte est susceptible de manifester. Inversement, pour parvenir à fixer le sens d’un texte, il fallait le saisir dans l’ensemble de ceux qui ont avec lui des traits communs. Ainsi fallait-il commencer par une histoire des textes.

C'est sur ce fond d'histoire des textes que l’on a pu développer la recherche. Aussi bien la nature de ces textes que leur position dans l'histoire en ont fourni le cadre général. Un ensemble de recueils de conseils de morale se placent au 5e/11e siècle ; on assiste ensuite à un effort de classement des conseils, sortis des recueils, dans des ouvrages jouant le rôle d'intertextes, où font irruption les anecdotes. A partir de la fin du 57UC siècle s'ouvre une lignée brillante de traités de morale de type traditionnel. Ils sont fondés sur la morale des conseils ; le fait littéraire y a une fonction de plus en plus essentielle et culmine dans l'œuvre de Sa'di. Parmi ces traités, on a dû classer à part les Miroirs des princes, comme y invitaient leur sujet et la variété de leurs traitements littéraires. La morale systématique, qui recourt aux classifications diffusées par les philosophes, apparaît à la fin du 6e/12e siècle. Elle garde des attaches avec la morale traditionnelle. Mais, pour l'essentiel, elle a trouvé ses lumières dans une organisation générale de sa matière autour des trois sujets de sa morale, l’individu, la famille, le prince enfin et la cité qu'il domine.

Notre enquête a été limitée aux textes écrits en langue persane. Cette borne de la langue l’a préservée de la démesure. Les écrits en langue persane sont en effet l’expression d’hommes vivant à l'intérieur du monde musulman, où la langue arabe a la prépondérance que l'on sait. Ces hommes ont d’ailleurs été souvent bilingues, d’une façon ou d'une autre. De plus, il est impossible de suivre l'évolution de la morale en persan si l’on ignore le rôle joué par les écrits en arabe. Ce rôle est particulièrement manifeste aux origines, aussi bien pour la transmission des conseils de morale que dans l’élaboration de la morale systématique. On a dû montrer ce rôle aux moments voulus. Cependant, les témoignages abondent, de la part des auteurs écrivant en persan, sur le fait que leurs écrits n’ont pas les mêmes destinataires que les écrits en arabe. Ils …




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