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La Revolte Kurde de Dersim (1936-1938)


Auteur :
Éditeur : EHESS Date & Lieu : 1991, Paris
Préface : Pages : 196
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 210x295 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Ilh. Rev. N° 2224Thème : Thèses

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La Revolte Kurde de Dersim (1936-1938)

La Revolte Kurde de Dersim (1936-1938)

Kemal Ilhan

EHESS

Les révoltes kurdes en Turquie et ailleurs sont souvent considérées comme « intégristes, religieuses, provocation de l’impérialisme » … Les autorités turques ont souvent cherché "une main étrangère » dans les soulèvements populaires kurdes. Mais « la main étrangère » qu’elle cherchaient collaborait avec elles pour la répression des révoltes kurdes. Durant le soulèvement de Cheikh Saïd de Piran, la France avait autorisé la Turquie à utiliser le chemin de fer qui permit aux forces militaires turques d’encercler par surprise les révoltés aux environs de Diarbekir. On peut multiplier ces exemples.
Dans la révolte de Dersim aussi, les Turcs cherchaient une « main étrangère » : la France, l'URSS et les Arméniens furent accusés soit d'être à l'origine de la révolte. Elle était aussi considérée par les kémalistes comme « le mécontentement des féodaux envers le développement du capitalisme » et République de « bandits ».
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INTRODUCTION

C'est en 1991 que le monde entier "découvre", à travers les images des médias, les souffrances du peuple kurde en lutte pour la reconnaissance de son existence.
La lutte du peuple kurde n’est pas récente, loin de là, son histoire baigne dans le sang des milliers de victimes. Les révoltes atrocement réprimées sont nombreuses. Nous avons voulu étudier la révolte de Dersim qui éclata en 1936 au Kurdistan turc. La région de Dersim obtient le statut de ville à partir de 1935, elle sera, dès lors, appelée Toundjéli.
Malgré 1’archarnement des kémalistes à passer sous silence cette période de leur histoire, les Kurdes n’ont pu, des années après, effacer le douleureux souvenir de la révolte de Dersim. Les chants portent, encore de nos jours, la trace de ces événements :

"Battez-vous, ô, frères ! Ce n'est pas la lutte des tribus
C'est celle des Kurdes contre les oppresseurs turcs ...”

La résistance n'est pas seulement ancrée dans la mémoire des Kurdes, mais même la nature garde les traces de la sanglante répression. L’évocation de la rivière Mounzour et de la vallée de Latch est lourde de significations :

"Allez voir la vallée de Latch
Il y a tant de fumée de pousière qu'on ne peut rien voir (...)
Les eaux de Mounzour portent des cadavres"

La révolte de Dersim reste dans l'obscurité. Les données kémalistes constituaient la principale source d'informations. Pour les kémalistes, Dersim était un nid de "bandits", de "féodaux" et de "non-civilisés". Ces données ont été reproduites par l'opinion publique turque et internationale.

Notre étude portera sur les deux années durant lesquelles s'est déroulée la révolte. Nous avons tenté d'étudier étape par étape la colonisation de Çersim alors que les kémalistes revendiquaient la "turquicité" de la région.

Notre étude se divise en cinq parties. La première est réservée à la description géographique et historique de la région de Dersim. Le second chapitre étudie la période antérieure à la révolte et les lois qui légitimeront par la suite la colonisation de Dersim. Dans le troisième chapitre, nous abordons la description des tribus locales, leurs alliances et leurs hostilités.
Nous y étudions aussi les mesures prises et l'action menée par le gouvernement. Le quatrième chapitre est réservé à l'éclatement de la révolte. Nous y étudions aussi les rapports de forces, les tentatives kurdes et la pénétration définitive de l'armée à Dersim. Le cinquième chapitre décrit les prétextes avancées par les kémalistes pour appliquer les "opérations de nettoyage" et les manœuvres de Dersim. Nous terminerons ce chapitre par l'évocation de chants portant sur le soulèvement de Dersim.

En annexe, nous avons fait figurer les textes intégraux des lois de Toundjéli (1935), de Déportation (1934), la lettre des tribus de Dersim et le texte de la décision du Conseil des Ministres du 05-08-1938.Quelques photographies et caries sont dispersées dans notre étude afin d'en faciliter la lecture.

Nous tenons à remercier vivement M. Robert Paris qui a accepté de diriger ce travail et qui s'est toujours montré disponible pour nous donner de précieux conseils.

Nous souhaitons aussi remercier tous nos amis qui nous ont permis par leurs relectures de mener à terme cette étude.

Nous ne trouvons pas de mots pour exprimer notre reconnaissance à Métiyé qui s'est toujours montrée disponible pour nous venir en aide.

Chapitre I

Presentation Generale

1 Presentation Generale :

1.1 Présentation du sujet et utilisation des sources

Les révoltes kurdes en Turquie et ailleurs sont souvent considérées comme « intégristes, religieuses, provocation de l’impérialisme » … Les autorités turques ont souvent cherché "une main étrangère » dans les soulèvements populaires kurdes. Mais « la main étrangère » qu’elle cherchaient collaborait avec elles pour la répression des révoltes kurdes. Durant le soulèvement de Cheikh Saïd de Piran, la France avait autorisé la Turquie à utiliser le chemin de fer qui permit aux forces militaires turques d’encercler par surprise les révoltés aux environs de Diarbekir. On peut multiplier ces exemples.

Dans la révolte de Dersim aussi, les Turcs cherchaient une « main étrangère » : la France, l'URSS et les Arméniens furent accusés soit d'être à l'origine de la révolte. Elle était aussi considérée par les kémalistes comme « le mécontentement des féodaux envers le développement du capitalisme » et République de « bandits ».

Aujourd'hui on cherche toujours des mains étrangères dans la révolte de Dersim. Elle reste pour beaucoup un domaine inconnu. Nous avons choisi de travailler sur ce sujet "inconnu". Les références dont nous disposions au début étaient notre point de départ : le livre de Nuri Dersimi, un des chefs de la révolte de Kochgiri et de Dersim, intitulé : Kürdistan Tarihinde Dersim (Dersim dans l'histoire du Kurdistan) ; les deux livres de Barbaros Baykara, agent des services secrets turcs (Timuroglu, V. 1991 pp. 82-83), intitulés : Dersim 1937 et Dersim 1938', le livre publié par les éditions TKSP, intitulé : 50. Yilinda Dersim Ayaklanmasi (Dans sa 50ème année le soulèvement de Dersim) ; et quelques articles de journaux. Ce livre publié par les éditions TKSP est celui qui nous a incité à faire des recherches sur la révolte de Dersim. Nous croyons que ce texte est le récit oral de la révolte. C'est pourquoi nous avons décidé de consacrer un chapitre à ce récit oral. Il faut le dire, nous avons été découragés par de jeunes kurdes originaires de Dersim qui avaient déjà tenté de faire parler les survivants de celte révolte : Tous réfusaient de témoigner.

Nous avons pris contact avec ces personnes, peu nombreuses. Nos tentatives ont été peu fructueuses. L'une d'entre elles n'a pas hésité à nous déclarer : "Ne te mêle pas, mon fils, de ces choses-là !". Environ 50 ans après, …




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