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Le Nouveau Paysage Politique Turc, apres la Constitution de 1982


Auteur :
Éditeur : Université de Paris X Date & Lieu : , Paris
Préface : Pages : 518
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 195x295 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Cel. Nou. N° 3454Thème : Thèses

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Le Nouveau Paysage Politique Turc, apres la Constitution de 1982

Le Nouveau Paysage Politique Turc, apres la Constitution de 1982

Nevzat Celik

Université de Paris X

Le 14 avril 1987, le gouvernement turc dépose officiellement une demande d'adhésion à la Communauté Economique Européenne. 1987 constitue en Turquie, l'année du retour complet à la démocratie puisque s'y tiennent de libres élections législatives d'où aucun parti politique et leader politique n'est exclu.
A l'appui de sa demande, la Turquie argue notamment ...




INTRODUCTION

Le 14 avril 1987, le gouvernement turc dépose officiellement une demande d'adhésion à la Communauté Economique Européenne. 1987 constitue en Turquie, l'année du retour complet à la démocratie puisque s'y tiennent de libres élections législatives d'où aucun parti politique et leader politique n'est exclu.

A l'appui de sa demande, la Turquie argue notamment du caractère démocratique de son régime. Son Président de la République, Turgut Özal, présente le coup d'Etat de 1980 comme le mal nécéssaire au maintien de la démocratie. Dans une opération de séduction envers l'opinion française et européenne, notamment dans un livre intitulé "La Turquie en Europe", il insiste sur le fait que son pays est l'héritier de la pensée hellénique, romaine et chrétienne que les turcs ont su intégrer à l'islam. T. Özal précise que les traces de la Révolution française et du positivisme de Durkeim sont présents dans le laïcisme et le nationalisme, les deux fondements de la République turque.

La démocratie rétablie progressivement par les militaires à partir de 1980, repose-t-elle sur des valeurs aussi sûres que le prétend T. Özal ? N'est-elle pas fragile, puisque dans son histoire récente la Turquie a connu trois coups d'Etat en vingt ans ? Celui de 1980 a-t-il permis en fin de compte un affermissement de la démocratie turque ?

De l'analyse de la vie politique turque de 1945 à 1980, il apparaît que la démocratie ne s'est jamais totalement affirmée. Certes, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le régime politique va se transformer dans le sens d'une relative démocratisation. D'un côté, le Parti Républicain du Peuple (PRP) fondé en 1923 par M. Kemal ; de l'autre le Parti Démocrate (PD) fondé par Adnan Menderes qui se situe dans une ligne kémaliste voisine du PRP. (Cette dualité avait été voulue par M. Kemal ; il souhaitait l'existence de deux partis kémalistes : l'un plus libéral et l'autre plus étatiste). Mais, là où le P.R.P est d'abord urbain, militaire, étatiste et réformiste, le Parti Démocrate se veut davantage civil, antiautoritaire, libéral sur le plan, économique. Parti où les propriétaires fonciers ont du poids, il s'appuie notamment sur les ruraux. Cette tentative démocratique semble réussir : en 1950, le Parti Démocrate gagne les élections, et la Turquie paraît s'orienter vers le bipartisme.

Or, les années 1950-1960 vont montrer que ce système aboutit à des impasses. Des partis politiques sont interdits. La presse est étroitement contrôlée. La démocratisation n'est donc que partielle. Le PRP et le PD perdent progressivement de leur contenu, ils se transforment en centres de ralliement politique autour des personnalités qui les dominent, Adnan Menderes et Ismet İnönü. Pour se concilier les électeurs, ils adoucissent le laïcisme de Mustafa Kemal : l'enseignement religieux dans les écoles est à nouveau autorisé et le mouvement pour la scolarisation des filles s'arrête ; de même il est significatif qu'on rétablisse l'usage de l'arabe (interdit depuis 1924) pour l'appel à la prière. Le kémalisme lui-même se trouve en danger.

C'est la prise de conscience de ce risque qui explique le passage à une seconde phase de l'histoire turque.

Cette phase débute par les troubles de mai 1960, aboutissant à la prise du pouvoir par une armée qui se divise entre colonels réformateurs à tendance dictatoriale et généraux kémalistes soucieux de revenir à la pureté des origines. Sous l'impulsion du général Gürsel, ces derniers confient à l'armée une sorte de magistère moral : l'armée aura désormais pour charge de surveiller les premiers pas délicats d'une démocratie turque mise en liberté surveillée et réorganisée. La Constitution de juillet 1961 est libérale, elle garantit le droit de grève, la liberté de conscience et celle de la presse.

Malgré cette libéralisation et l'alternance au pouvoir de deux partis : le Parti de la Justice fervent défenseur de la libre entreprise et de l'accueil des investissements étrangers, et le P.R.P. devenu davantage social-démocrate, l'armée est de nouveau obligée d'intervenir en 1971. La montée du terrorisme et la paralysie de la vie politique liée à l'absence de majorité pour gouverner sont les principales causes de cette intervention.

La vie politique de la Turquie se caractérise de 1973 à 1980 par l'alternance régulière et démocratique au pouvoir de Bülent Ecevit et de Süleyman Demirel. Le premier, président du Parti Républicain du Peuple (PRP), et qui se voulait sur le plan de la laïcité le continuateur de Kemal Atatürk et d'İsmet İnönü, remporte les élections générales du 5 juin 1977.

Représentant la gauche, mais trouvant à l'occasion des alliés jusqu'à l'extrême-gauche, il a quelque mal à former un gouvernement de coalition à dominante social-démocrate, lequel ne se réinstalle qu'au début de l'année 1978. Après avoir été contraint d'instaurer l'état de siège dans treize départements (à causes d'affrontements entre sunnites et alevis), il doit céder le pouvoir, en novembre 1979, à Süleyman Demirel. Celui-ci, chef du parti de la Justice (PJ), considéré comme conservateur bien qu'il lui arrive de rassembler autour de son nom une clientèle politique plutôt libérale, ne peut gouverner qu'au prix de concessions sans fin à ses alliés de droite et d'extrême-droite.

Le paradoxe de la vie politique turque est, en effet, que les chefs des deux partis dominants, le PRP et le PJ, qui auraient pu s'accorder pour gérer ensemble les affaires de l'Etat nonobstant la rivalité entre les deux hommes tant les principes auxquels ils se réfèrent sont en théorie proches, sont obligés de compter avec deux formations de la droite : le Parti du Salut National (PSN), animé par Necmettin Erbakan, décrit volontiers comme "islamique" car toujours prompt à mobiliser les passions au nom de l'islam, et le Parti de l'Action Nationaliste (PAN), de l'ex-colonel Alparslan Türkeş, coauteur du putsh de 1960 et ultra-nationaliste. Ainsi, Bülent Ecevit a souvent dû faire appel à Necmettin Erbakan pour conforter sa fragile majorité au Parlement, et l'ex-colonel Türkeş s'est trouvé à plusieurs reprises, vice-président du Conseil dans les gouvernements Demirel (dans le front national).

A partir de 1978, les symptômes des divisions, à partir de critères idéologiques (droite-gauche), ethniques (Turcs, Kurdes) et religieux (Sunnites-Alévis) deviennent plus apparents ; la violence politique ne cesse de s'intensifier. Le radicalisme religieux débouche sur de graves affrontements confessionnels. Quant à l'essor du radicalisme …




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