Éditeur : Maison Quantin | Date & Lieu : 1887-01-01, Paris |
Préface : | Pages : 453 |
Traduction : | ISBN : |
Langue : Français | Format : 190x275 mm |
Code FIKP : Pré. Fra. 6 | Thème : Histoire |
Présentation
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Table des Matières | Introduction | Identité | ||
HENRY BINDER AU KURDISTAN |
Introduction Lorsque je projetai ce voyage au Kurdistan, en Mésopotamie et en Perse, j'arrivais d'une longue excursion aux îles Sandwich et je me trouvais à Paris, en été, au moment où tout le monde le fuit. Cette description, un peu effrayante, piqua vivement ma curiosité et fit naître en moi le désir de connaître ce pays si peu exploré. J'étais tenté de traverser cette région difficile, d'en relever les principaux points et de rapporter sur elle des détails inconnus. M. le Ministre de l'instruction publique, sur l'exposition de mes projets, voulut bien me charger d'une mission géographique et archéologique qui donnait à mon voyage un véritable intérêt d'utilité. Cet ouvrage n'est, du reste, que le développement du rapport que j'ai eu l'honneur d'adresser à M. le Ministre de l'instruction publique. C'est le récit de mes aventures, la reproduction (le mes notes et des observations que j'ai faites. Je n'ai pu être toujours aussi complet que je l'aurais souhaité, à cause de l'hostilité constante que j'ai rencontrée en Turquie; je crois néanmoins que la lecture de ce livre ne sera pas sans utilité pour le voyageur désireux de visiter à son tour ces intéressantes régions. Je rendis, avant de partir, visite à Son Excellence le ministre de Perse à Paris, le général Nazare-Aga, qui me fit le plus bienveillant' accueil et me remit des lettres pour les autorités de son pays ; je suis heureux de lui témoigner ici toute ma reconnaissance. J'eus la bonne fortune d'entraîner dans cette excursion un de mes amis, M. Émile Hamelin, désireux de courir le monde, bien portant, ne regardant pas à la fatigue et avec lequel, chose assez peu commune parmi les voyageurs, j'ai gardé les meilleures relations. Les préparatifs furent faciles et promptement faits. Habitué à voyager, je savais d'avance ce dont il fallait se munir. Nous partîmes le 20 juillet par la gare de l'Est, où de nombreux amis étaient venus nous dire adieu. Pour tout bagage, nous emportions chacun une malle en cuir, un sac, un lit de camp ; pour nous deux un paquet de couvertures et un appareil de photographie., expédiant par Marseille ce qui nous eût trop encombrés : plaques et produits photographiques, objets de sellerie, cartouches, boîtes de conserves, toutes choses que nous devions retrouver à Batoum et que nous n'avons jamais revues. Je n'insisterai pas sur notre itinéraire jusqu'à Constantinople, la route est trop connue. Nous limes quelque peu l'école buissonnière : passant par Vienne et Pesth, puis descendant le Danube jusqu'à Loin Palanka, nous gagnons, par la route des Balkans, Sophia et Tatar-Bazardshik, d'où le plus épouvantable chemin de fer qui soit au monde nous mène définitivement â Stamboul. Là nous devions passer quelques jours pour chercher à obtenir, par notre ambassade, un firman du gouvernement turc dont l'appui me semblait nécessaire. Mais M. de _Noailles, notre ambassadeur, nous conseille de nous passer, si nous le pouvons, de toute protection officielle: « Le firman que vous désirez, nous dit-il, serait très long et très difficile a obtenir; ici, on commence toujours par chercher une intention cachée dans les entreprises les plus franches, et lorsqu'on vous aura délivré le firman, on en remettra immédiatement un autre d un individu qui aura pour mission d'entraver tous vos projets. Vous avez plus de chances de réussir en agissant par vous-mêmes; le bakchich est souverain maître en ce pays et vous obtiendrez plus par lui que par un ordre du sultan. » Les paroles de M. de Noailles n'étaient pas encourageantes, mais elles nous évitaient une perte de temps dans des démarches inutiles. Il ne nous restait plus désormais qu'a nous embarquer le plus tôt possible pour Batoum. Emile Hamelin |