La bibliothèque numérique kurde (BNK)
Retour au resultats
Imprimer cette page

Engagement, langue et littérature :Le champ littéraire kurde en Turquie


Auteur :
Éditeur : Petra Date & Lieu : , Paris
Préface : Pages : 450
Traduction : ISBN : 978-2-84743-069-1
Langue : FrançaisFormat : 135x210 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Sca. Eng. N° 5421Thème : Littérature

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
Engagement, langue et littérature :Le champ littéraire kurde en Turquie

Engagement, langue et littérature :Le champ littéraire kurde en Turquie 

Clémence Scalbert Yücel

Petra

Quels sont les liens entre littérature et politique ? Comment se constitue un milieu littéraire minoritaire ? Peut-il s'autonomiser du politique ? Quelles sont ces relations avec la littérature et les milieux littéraires nationaux ? Ces questionnements sont au coeur de cet ouvrage qui analyse la formation d'un milieu littéraire kurde au tournant du XXIe siècle en Turquie. L'interdiction de la langue kurde a profondément marqué le développement et les répertoires du mouvement national kurde, comme le processus de création littéraire dans cette langue. L'ouvrage propose ainsi un retour sur l'évolution des politiques linguistiques dans le pays qui affecte l'outil de création littéraire. Il montre ensuite comment ce petit milieu littéraire, d'abord en exil, en lien organique avec les cercles militants, grandit, intègre l'espace turc et travaille à sa dépolitisation. Analysant les acteurs, les débats et les conflits qui animent ce milieu depuis les années 1980 à 2010, l'ouvrage offre aussi une perspective nouvelle sur le mouvement national kurde d'une part et sur une littérature encore peu connue en Turquie d'autre part.

Clémence Scalbert Yücel est diplômée de l'Université Paris IV-La Sorbonne et de l'INALCO. Elle est enseignante chercheuse et directrice du Centre d'études kurdes à l'Université d 'Exeter (lnstitute of Arab and Isla mie Studies). Elle a dirigé un numéro spécial de Nationalities Pa pers sur le thème de / Au tonomie des petites littératures (2012), et codirigé avec Jordi Tejel Gargas un numéro d’Etudes Rurales sur le thème Violence, Urbanité et Ruralité au Kurdistan (2011).



INTRODUCTION

Une Turquie plus ouverte à sa diversité culturelle ?

Le 1er janvier 2009, en grande pompe, est lancée TRT6, la chaîne de télévision publique turque diffusant entièrement en langue kurde. Un discours du premier ministre, doublé en kurde, est diffusé lors de l'émission inaugurale à la quel participent en nombre les députés kurdes du parti au gouvernement, le Parti de la justice er du developpement (AKP), randis que Gülşan Orhan, dépurée de Van, entame la célèbre chanson kurde Were Dotmam. TRT6 va diviser le mouvement kurde, ses parrisans déclarant qu'il fallait saisir cette opportunité hisrorique pour laquelle les Kurdes avaient tant lutté, ses détracteurs refusant de « collaborer » ou de « se vendre » au gouvernement. Le lancement de cette chaîne est un événement en tant qu'il marque l'intervention directe de l'État dans le champ de la production culturelle kurde, offrant des opportunités symboliques et économiques nouvelles, opérant des divisions et des formes inédites de compétition1. Mais elle s'inscrit tout aussi clairement dans un jeu politique, puisque son lancement ne précède que de quelques mois les élections municipales de mars 2009. Quant à l'AKP et le parti pro-kurde OTP (Parti pour une société démocratique), ils s'affrontent dans le Sud-Est du pays, à majorité kurde, pour l'obtention de mandats municipaux.

Suite à la victoire du DTP, et après une première vague d'arrestations au sein du parti en avril 2009, le gouvernement lance une « ouverture kurde », afin de reconquérir le Sud-Est du pays et de résoudre pacifiquement une « question kurde » désormais séculaire. Pourtant très vite, à l'automne 2009, tandis que les pressions sur le DTP s'accentuent, l'ouverture kurde laisse place à un « plan d'unité nationale ». Le DTP est interdit et on assiste à de nouvelles vagues d'arrestations en décembre 2009, puis en février 2010. Depuis, les arrestations se sont multipliées, notamment au sein du parti, reformé sous le nom de Parti de la paix et de la démocratie (BOP), comme parmi les journalistes (une centaine d'entre eux étaient emprisonnés début 2012), les éditeurs ou le milieu universitaire et estudiantin du pays. Plusieurs milliers …

1 Ce n'est pas un phénomène propre au kurde. L'intervention d'acteurs étatiques dans les mouvements ethno-nationaux et dans les sphères minoritaires est courante. La création de cette chaîne de télévision publique et son insertion dans le champ culturel kurde - littéraire notamment-, fait penser par certains aspects à la création au Maroc de !'IRCAM, institut royal dédié à la culture amazighe, qui tend à dépolitiser le mouvement amazighe, à forger une identité légitime et à engendrer des tensions et divisions dans le champ. Voir Stéphanie Pouessel 2010.




Fondation-Institut kurde de Paris © 2024
BIBLIOTHEQUE
Informations pratiques
Informations légales
PROJET
Historique
Partenaires
LISTE
Thèmes
Auteurs
Éditeurs
Langues
Revues