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La vallée des assassins


Auteur :
Éditeur : Je Sers Date & Lieu : , Paris
Préface : Pages : 366
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 150x200 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Sta Val. N° 3847Thème : Mémoire

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La vallée des assassins

La vallée des assassins

Freya Stark


Je Sers


La civilisation, cause .de tant, de dégâts, n’a pas encore détruit l’enchantement qui s’attache au nom de Luristan. Les fleuves du Luristan sont indiqués sur la carte en pointillé bleu, et la position de ses collines est affaire de goût, La contrée est restée vierge pour l’explorateur.
Il se rend compte de ce qu’il ne peut faire.
Puis il s’en va et le fait.
Je n’ai pas fait ce que je ne pouvais faire, car je n’ai ...



PRÉFACE

Je crois bien qu'une tante, pleine d’imagination, qui m'envoya pour mes neuf ans un exemplaire des « Nuits d’Arabie » fut à l’origine de toute, l’histoire.
Le petit lumignon allumé, bien que personne n'y veillât et qu'il passât inaperçu, se nourrissait secrètement de mes rêves. La chance sous l’aspect d'un missionnaire revenu de Syrie et qui habitait près de chez moi, l’alimenta encore. Enfin le destin m'infligeant de longs mois de maladie et d’inaction en fit une flamme assez brillante pour éclairer mon chemin à traders les labyrinthes de l'Arabie et en définitive m'amener sur la cote de Syrie à la fin de 1927.
Je pensais qu'une fois arrivée là, je serais au bout de nies peines, je n'aurais plus qu'à observer, à apprendre, à jouir.

Et il en eut été ainsi en effet, si les deux vertus de notre Occident civilisé, vertus fatales à la joie de vivre — je veux parler du sens de la responsabilité et de l'illusion, chère ajix esprits précis : qu'une action doit avoir uh but, — si ces deux vertus ne se fussent sans cesse dressées devant mes pas pour me poser des questions embarrassantes : — Pourquoi donc êtes-vous seule ici ? — où : Qu'avez-vous l'intention de faire ?

J'avouerai tout de suite que je ne me suis jamais, demandée pourquoi je venais en ce lieu, encore moins pourquoi j'y venais seule, quant à ce que j'allais faire — pourquoi me serai-je faite du souci d'avance pour une chose aussi vague. Si l'on insistait outre mesure, la seule explication que je pouvais donner de ma présence superflue en Asie, serait l’intérêt que m'inspire la grammaire arabe, déclaration rarement acceptée par mes interrogateurs, sceptiques quant, à la simplicité d'esprit qui me la dictait.

J’en arrivais à la conclusion qu'il faut trouver des raisons plus sérieuses que l'unique plaisir, si l’on veut voyager en paix ; faire les choses pour s'amuser paraît un peu trop léger, voire immoral dans notre monde utilitaire. Et, bien que pour ma part je pense que le monde a tort, et que je sache tout au fond de moi-même, que la meilleure des raisons d’agir est d’aimer ce que l’on fait, je conseillerais à ceux qui craignent les sourcils froncés aux bureaux des passeports, de produire des mots tels qu’entomologie, antropologie ou quelqu autre logie — à leur convenance.

Cependant ce livre étant destiné au grand public doit forcément être sincère, j'avouerai donc qu’en ce qui me concerne, j’ai voyagé tout simplement pour m’amuser. J'ai appris le peu d'arabe que je sais et quelques mots persans pour m'amuser, et pour m’amuser aussi je suis allée voir les châteaux forts des Assassins, et les bronzes du Luristan dont il sera parlé plus loin. Je voudrais remercier à ce propos les fonctionnaires souvent mis à l'épreuve, et critiqués, souvent embarrassés non sans raison, qui ont croisé ma route. Ils ont toujours fait preuve à mon égard de beaucoup d’indulgence, mêlée parfois de désapprobation mais jamais de mauvaise humeur.

J’ai retracé les événements de mon voyage et mes impressions aussi exactement que je l’ai pu : Je tiens tout particulièrement à insister sur ce point en ce qui concerne la chasse au trésor dans le Luristan, que des lecteurs non familiarisés avec des régions aussi extraordinaires pourraient taxer de pure fantaisie. — La seule entorse à la vérité que je me suis permise a pour but de cacher l’emplacement du trésor et de la caverne. Mon souvenir va à bien des personnes aimables rencontrées pendant mes pérégrinations, Anglais, Arabes, ou Persans, qui restent très vivants dans le cadre enchanté de mes jours et dont je ne saurais jamais assez reconnaître l'affabilité.

Freya Stark.
Villa Fria, Freia Asolo, Italie.

Chapitre premier

Une quinzaine dans le Nord-Ouest du Luristan

La civilisation, cause .de tant, de dégâts, n’a pas encore détruit l’enchantement qui s’attache au nom de Luristan. Les fleuves du Luristan sont indiqués sur la carte en pointillé bleu, et la position de ses collines est affaire de goût, La contrée est restée vierge pour l’explorateur.
Il se rend compte de ce qu’il ne peut faire.
Puis il s’en va et le fait.

Je n’ai pas fait ce que je ne pouvais faire, car je n’ai pénétré que bien peu profondément dans la région. Mais j’ai passé quinze jours dans la partie du pays ou l’on risque le moins de se faire assassiner, et j’ai vu les Lurs, dans leurs vêtements moyenâgeux. — La tunique blanche serrée à la taille, pourvue de manches, retombant en pointe depuis le coude, et le bonnet de feutre blanc posé sur les boucles qui cachent les oreilles. Le Gouvernement persan a l’intention d’habiller tous les habitants à la Ferangi d’ici un an. Ils porteront des képis pointus ornés d’un portrait du Shah. Sans doute vaut-il la peine de dépeindre ces gens avant qu’ils ne soient gâtés par trop de propreté.

Nous voilà donc llajji et moi grimpant sur des poneys décharnés la piste du col de Vararan. Derrière nous, la ville de Nibavend et plus près le monticule de Gian où des archéologues français offrent une aimable hospitalité, et garnissent les valises des voyageurs de Bovril comprimé et de jambons. Hélas impossible de toucher à …




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