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Athār-e Īrān : annales du service archéologique de l’Īrān


Auteurs : | |
Éditeur : Paul Geuthner Date & Lieu : 1938-01-01, Paris
Préface : Pages : 174
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 130x210 mm
Code FIKP : Liv. Fre. God. Ath. N° 3583Thème : Général

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Athār-e Īrān : annales du service archéologique de l’Īrān

Athār-e Īrān : annales du service archéologique de l’Īrān

André Godard
Maxime Siroux
André P. Hardy

Paul Geuthner

Le dais monumental assyrien sous lequel le roi donnait ses audiences, le « kiosque » que nous voyons représenté sur les bas-reliefs de Khorsâbâd et de Koyundjik,1) passa tout naturellement en Perse lorsque se constitua l’architecture achéménide. Il y devint l’apadâna, la salle d’apparat du Roi des Rois, qui n’est pas autre chose qu'un immense kiosque.
Cette observation n’est pas nouvelle. On la trouve déjà, en 1890, incluse en cette phrase de Perrot et Chipiez: « Ce qui a toujours eu le plus d’importance dans l’ensemble des constructions royales ...



LES MONUMENTS DU FEU

Le dais monumental assyrien sous lequel le roi donnait ses audiences, le « kiosque » que nous voyons représenté sur les bas-reliefs de Khorsâbâd et de Koyundjik,1) passa tout naturellement en Perse lorsque se constitua l’architecture achéménide. Il y devint l’apadâna, la salle d’apparat du Roi des Rois, qui n’est pas autre chose qu'un immense kiosque.

Cette observation n’est pas nouvelle. On la trouve déjà, en 1890, incluse en cette phrase de Perrot et Chipiez: « Ce qui a toujours eu le plus d’importance dans l’ensemble des constructions royales (de la Perse), c’est le kiosque, pavillon isolé dont les éléments très simples peuvent, à volonté, s’agrandir aux proportions d’un édifice colossal, ou se réduire à celles d’un élégant édicule ».2) On la trouve aussi, formulée, dans l'Histoire de l’architecture de Choisy: Les kiosques à colonnes de l’Assyrie « sont des dépendances presque obligées des palais et les principaux ornements des parcs royaux… Les bas-reliefs montrent le roi donnant ses audiences ou recevant les hommages dans ces pavillons dont la tradition s’est conservée chez les sultans. Selon toute apparence, la salle du trône de Khorsabad était un kiosque sur colonnes ; telles seront les gigantesques salles d’audience des rois de Perse ».3) Comme son prototype assyrien, l’apadâna employa la colonne, de plus en plus haute, et les poutres de bois, de plus en plus longues, que l’on alla chercher, ainsi que l’avaient d’ailleurs fait les Assyriens, jusque dans les montagnes du Liban et de l’Alburz. « La salle du trône en Perse, » poursuit Choisy, « est un kiosque assyrien, mais mis à l’échelle des salles hypostyles de l’Egypte : un kiosque grandi au point de ne pouvoir échapper à la lourdeur égyptienne que par une structure à poutres énormes. Et le bois fait défaut. Il faudra se procurer à grands frais des cèdres dans le Liban, leur faire franchir des chaines de montagnes: l’impossible semble avoir tenté les grands rois; par un défi aux lois ordinaires, ils ont décrété la construction des pays boisés sur un sol où tout s’y refusait ».4) « Fantaisie royale», dit Darmesteter, « caprice d’un dilettante tout puissant et qui a le goût du grandiose ».5) Cette immense architecture de charpente régna du Vlème au IVème siècle avant l’ère chrétienne puis disparut en même temps que la dynastie achéménide.

Dans l’architecture voûtée qui est donc, faute de bois, la véritable architecture de l’Iran, le kiosque, désormais hé à la tradition architecturale du pays par l’importance considérable que lui avaient donnée les souverains achéménides, devint un édifice dont les éléments furent aussi très simples et qui pouvait, tout comme le kiosque assyrien et comme l’achéménide, « s’agrandir aux proportions d’un édifice colossal ou se réduire à celles d’un élégant édicule » (fig. 1)

Quatre piliers et une voûte, c’est assurément, dans le principe, l’une des plus simples bâtisses du monde et il serait bien inutile d’en aller chercher l’origine au loin. Elle fut inventée partout où le problème de sa construction se posa. Dans les pays où ne manquait pas le bois, des voûtes d’arêtes ou en arcs de cloître la couvrirent. L’Orient construisit des coupoles, c'est à dire, de toutes les voûtes, celles qui s’exécutent le plus aisément sans cintres, et sut de très bonne heure, bien avant l’Occident, en couvrir des salles carrées. On trouve cette astucieuse combinaison réalisée déjà en Egypte vers le XVème siècle avant l’ère chrétienne, dans un tombeau en briques crues de la nécropole de Drah Abu’l Neggah.6) En Assyrie, un bas-relief bien connu de Koyundjik représente une ville où des édifices rectangulaires sont surmontés de coupoles, hémisphériques ou surhaussées, dont la construction nécessitait évidemment l’emploi d’éléments intermédiaires chargés d’assurer le passage du plan carré des salles intérieures au plan circulaire de leur couverture.7) Mais ces primitives coupoles égyptiennes et assyriennes étaient, comme dit Choisy, réduites aux étroites dimensions et aux dispositions simples que comporte une exécution en briques crues. Grâce à l’emploi de la brique cuite et surtout du mortier de chaux, les Perses inaugurèrent la coupole à large ouverture8) et jamais ne reculèrent devant la difficulté de raccorder la coupole avec un plan rectangulaire.9) A l’aide de quatre trompes d’angles ils transformèrent un plan carré en un plan octogonal, très voisin du cercle, et sur ce plan octogonal construisirent facilement la voûte. La coupole sur trompes d’angles, encore couramment employée par l’architecture iranienne, lui appartient en propre.

Le kiosque assyrien, iranisé de cette façon, devint l’énorme Cahàr-Kapu, « les Quatre portes » du palais de KhosrawII à Kasr-é Shïrln,10) le petit pavillon à quatre colonnes de Tâk-é Bostân,11) mais servit surtout de dais, plus encore que d’abri, au feu sacré, symbole de Ahura Mazda, le plus grand des dieux. Le plus souvent isolé, au centre du vaste temenos des temples, il fut, en Iran, généralement désigné sous le nom de cahâr-tâk, « les quatre arcs », mais aussi sous ceux de cahâr-kapu, comme à Kasr-é Shïrln, ou cahâr-darwàzè, « les quatre portes ». On le trouve ainsi, c’est à dire isolé, à Fïrüzâbâd, l’ancienne Gûr, à Bâkü, Farashbend, Djerré, Natanz, Kâzerün, Ateshküh, Neisar, etc… Quant au Cahâr-Kapu de Kasr-é Shïrln, les uns, dont G. L. Bell12) et E. Herzfeld,13) le considèrent comme étant un temple du feu alors que d'autres, dont je suis, pensent reconnaître en cet édifice, relativement très fermé et à peu près collé à l’un des murs d’une cour, l’une des salles d'audiences du palais (fig. 1).

Des cahâr-tâks qui furent certainement des âteshgâhs, les uns sont connus et d’autres ne le sont pas encore, mais avant que d’en parler je crois utile de remarquer qu’ils ne furent généralement que parties de compositions plus vastes …

1. A. Khorsâbâd, au bord d’une rivière (Botta. Monuments de Ninive. T. IL pl. 114) sur un îlot, au milieu d’un lac, et, à Koyundjik, parmi les arbres d’un parc royal (Layard. The Monuments of Nineveh, pl. 40).

2. G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de Vart dans V antiquité. T. V. La Perse, p. 663.

3. A. Choisy, Histoire de l’architecture. T. I. p. 109.

4. A. Choisy, idem. p. 120.

5. J. Darmesteter, Coup d’oeil sur l'histoire de la Perse, p. 18.

6. Henri Pieron, Un tombeau égyptien à coupole sur pendentifs, dans Bulletin de Y Institut français d’archéologie orientale du Caire. T. VI. fasc. 2. p. 173 — 177.

7. A. Layard, Monuments, 2ème série, p. 17. Reproduit par Perrot et Chipiez dans Histoire de l’art dans l'antiquité. T. II. L’Assyrie. Fig. 43. Ce bas-relief "appartient à la curieuse série de tableaux où Sennachérib fait représenter les travaux entrepris pour l’érection de son palais de Ninive”.

8. Les coupoles du palais d’Ardashïr à Fïrüzâbâd ont un diamètre de 13,30 m et s'élèvent à 22 mètres au dessus du sol. La grande salle de Sarwistân mesure 12,80 m en largeur.

9. A. Choîsy, Histoire de l'architecture. T. I. p. 120.

10. Son plan est, intérieurement, un carré de 16,15 m de côté.

11. Trois des quatre chapiteaux des colonnes de ce petit édifice ont été retrouvées, deux sur place et le troisième dans le village de Bïsutün. Celui que j’ai mesuré a 0,88 m en hauteur et 0,90 m en largeur. Celui que Flandin et Coste ont représenté et coté dans leur Voyage en Perse (Perse ancienne, pl. iybis) mesure 0,90 m en largeur et o m 917 en hauteur. Les deux chapitaux analogues d'Isfahân, dont la hauteur n’est que de o m 605 et la largeur 0,76 m, appartiennent à une construction du même genre.

12. G. L. Bell, Palace and Mosque at Ukhaidir. p. 51 — 54 et 90—94. pl. 64.

13. E. Herzfeld, Archaeological History of Iran. p. 88.




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