|
INTRODUCTION
Pourquoi avons-nous voulu relater la vie de ce personnage ? La réponse est simple. Moustapha Barzani fut en quelque sorte le père du nationalisme kurde du XXème siècle car dès l'écrasement de la République Kurde de Mahabad, en novembre 1946, le peuple kurde tomba un peu dans les oubliettes. Sous le poids de la répression des pouvoirs étatiques, le peuple kurde n'osait plus mener une quelconque action pour son identité socio-culturelle et politique. Ce n'est qu'au retour du General de son exil d'URRS en 1958, que nous voyons renaître un espoir pour le peuple kurde qui se lance alors dans une lutte pour la libération nationale.
Moustapha Barzani qui a été considéré comme l'un des derniers monstres¹ de ce siècle s'est lance dans la lutte nationale kurde dès son plus jeune âge et allait ainsi devenir l'un des principaux héros nationaux kurde. Pourchasse par les armées d'Iran, d'Irak et de Turquie, et par l'aviation anglaise en 1947, il parvient tout de même à franchir les montagnes kurdes pour se réfugier en URSS. L'histoire du peuple kurde est riche en soulèvements, mais c'était la première fois qu'un chef de tribu allait être suivi par tout un peuple. Des intellectuels aux paysans, en passant par la classe moyenne embryonnaire, tous allaient se rallier au général Barzani, qui, pendant plus de dix ans, put tenir en échecs l'une des plus importantes armées du Moyen-Orient. Moustapha Barzani qui n’était pas vraiment un politicien, et encore bien moins un diplomate, avait su imposer son autorité aux Kurdes communistes, ainsi qu'aux autres couches sociales.
Avant de parler de Moustapha Barzani, il nous parait important d’établir une brève chronologie de l'histoire des Kurdes. Nous analyserons successivement la situation géographique, politique et la richesse du Kurdistan.
Sur le plan géographique, le Kurdistan se stue au cœur du Moyen-Orient. Il va de Mendeli (à rest) a Erzincan (a l'ouest) et de Mossoul (au sud) au lac d'Ourmiah (au nord). Sa population est de 2.5 a 30 millions d'hommes, et sa superficie de 500 000 km2.
Selon la revue Têkoser² (Le Militant), il y a :
- 15 millions de kurdes en Turquie
- 6 millions de kurdes en Iran
- 4 millions de kurdes en Irak
- plus ci 1 million de kurdes en Syrie
- 800 000 kurdes en URSS
- 100 000 kurdes au Liban (réfugiés)
- 800 000 kurdes en Europe (réfugiés et travailleurs).
Sur le plan géo physique les montagnes du Taurus et du Zagros constituent la colonne vertébrale du Kurdistan. Le sommet de certaines montagnes domine la région. Par exemple, le mont Ararat, ou se serait arrêtée l'Arche de Noé, atteint 525 8 mètres. Le Nimroud Dag atteint 3200 mètres ; le Sipan s'élève à près de 3500 mètres, et le mont Judi (Cudi) a également 2000 mètres. En Irak, le Pira Magrun atteint 3000 mètres. La neige couvre les sommets une bonne partie de l'année.
C'est encore en plein cœur du Kurdistan que les deux fleuves bibliques, le Tigre et l'Euphrate, prennent leur source. Il existe également deux grand lacs : le lac de Van (au Kurdistan de Turquie) et le lac d'Ourmia ( au Kurdistan d’Iran).
Le Kurdistan est en grande partie montagneux, mais économiquement très riche. Dans les vallées, la culture des céréales n'est pas négligeable. Les arbres fruitiers : pommes, poires, prunes, pêches, abricots, raisins etc., sont abondants. Bien sûr, l'élevage du mouton est l'un des éléments les plus importants de T économie du Kurdistan. Une grande partie des montagnes est couverte de forêts de chênes verts qui servent aussi a la fabrication du charbon de bois.
La plus grande richesse du Kurdistan, est sans aucun doute les gisements de pétrole de Mossoul, de Kirkuk (au Kurdistan d’Irak), de Batman (au Kurdistan de Turquie), de Djézireh (au Kurdistan de Syrie) et de Kermânchâh (au Kurdistan d'Iran). Pour avoir une idée plus précise de la capacité des gisements pétroliers au Kurdistan voici quelques données concernant le forage de nouveaux puits a compter de la nationalisation (avril 1972) de l'Irak Petroleum Compagnie. Les puits forent :
- K/197, dans le champ de Kirkuk, un puit nommé paix et solidarité : 1670 pieds, productivité : 60 000 bars ils/jour ;
- K/198, dans le champ de Kirkuk, un puit d'observation eau/pétrole, profondeur; 3199 pieds.3
Vers la fin de l'année 1974, une observatrice française notait que Kerkuk fournit 70 à 80 millions de tonnes de pétrole par an. C'est la nie même de l'Irak.4 »
Bien que l'histoire des Kurdes soit peu connue avant le Vile siècle (de notre ère), ces derniers commencent à s'organiser sur le plan socio-politique, justement, à partir du Vile siècle, en créant un certain nombre de dynasties et de principautés. Telle que la dynastie kurde indépendante des Mérwanides, qui régna de 990 à 1096. Elle fut fondée par « Ebou Ali ben Mervan ben Dustak. Ses possessions s’étendaient sur le pays de Diyarbekir, certaines villes d Erménie, ainsi que pendant quelque temps (1025 -1031) sur 0urfa.5 La dynastie des Chaddadites, fondée vers 9.51 par Mohammed Caddad ben Kartou, de la tribu des Rawadî, celle de Saladin. En 1072, cette dynastie fut divisée en deux, et en 1 174 Melik Chah Seldjoukide mit fin a son existence. Une troisième dynastie de notoriété historique fut fondée dans la principauté de Baradost (au Kurdistan d'Iran), en 959, par Hassanwaih ben Hassan. Celles-ci mises a part, il y a egalement la dynastie des Banou Annaz (a Djibal, dans la région de Biradost), qui vit le jour en 1116. Et, enfin, la dynastie des Eyoubides ( 1 169 - 1250), «la dynastie incontestablement kurde, auait une armée composée en majorité de turcs, alors que son autorité s'étendait sur l'Egypte et fa Syrie et seulement en partie sur la Mésopotamie et le Khilat (sur le lac de Uan)⁶
Le pouvoir de ces dynasties kurdes fut menace et mit en peril par les Mongols dès le XIIIème siècle. Ce n'est qu'après la défaite des Mongols par les Ottomans au …
1- Chris Kutschera, Libération du 10.01.1975, Barzani : Nous nous battons contre les Russes.
2- Revue de l'Union de Travailleurs et des Etudiants kurdes en Belgique, fev. 1980, 2ème ; édition.
3- Le Monde Diplex juil. 1972, pp. 22 ; Iraqui Company...
4- Geneviève Moll, France Pays Arabes : N" 47, nov. 1974, pp ; L'Enigme Barzani.
5- Basile Nikitine, Les Kurde et le Kurdistan, édition d'aujourd'hui, 1956, pp. 182.
6- Basile Nikitine, Op. Cit. pp. 182.
|
