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Les motifs zoroastriens dans la philosophie de Sohrawardî


Auteur :
Éditeur : Courrier Date & Lieu : 1946, Téhéran
Préface : Pages : 58
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 145x210 mm
Code FIKP : Liv. fr. gen. 837Thème : Philosophie

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Les motifs zoroastriens dans la philosophie de Sohrawardî

Les motifs zoroastriens dans la philosophie de Sohrawardî

Note Préliminaire

M. Pouré-Davoud rappelle amicalement dans les pages qui précèdent l'occasion de la conférence dont le texte est reproduit ici. S.E.M. Pierre Lafond, Ambassadeur de France à Teheran, voulut bien l'encourager de sa présence. Elle reste pour celui qui fut appelé à la prononcer un souvenir très précieux dont il est redevable à ses collègues de la Société d'Iranologie. Que ceux-ci veuillent bien trouver ici même l'expression de son affectueuse reconnaissance pour l'invitation qu'ils lui adressèrent, non moins que pour avoir décidé d'incorporer le présent opuscule dans la série des publications de notre Société.

Peut-être est-ce une rude épreuve pour un orientaliste européen que d'avoir à formuler le résultat de ses recherches et de ses méditations devant un auditoire iranien. Pour oser l'affronter, il doit se sentir soutenu par cet amour qu'il partage avec ses auditeurs pour un même univers spirituel, et par leur volonté commune de le faire vivre dans les coeurs. La communication' humaine qui s'établit, alors, devient la garantie que les années passées dans le travail solitaire n'ont pas été dépensées en de vaines constructions de l'esprit.

Depuis longtemps déjà, l'Occident a cherché un miroir de sa propre conscience du monde et de son devenir, en se présentant à lui-même le destin de ses philosophes et de ses philosophies. L'histoire de la philosophie a même pu dégénérer en historisme, ce n'est qu'un des aspects d'une longue crise...


Préface

Cette publication est un présent de notre cher et savant ami M. Henry Corbin, qui depuis l'été dernier se trouve parmi nous. Elle a pour thème la philosophie de l'«Ishrâq» et reproduit le texte de la conférence que notre ami prononça le 10 Abân 1324 (1er novembre 1945) sur l'invitation de la Société d'Iranologie, dans la salle du Musée d'Archéologie de Teheran. La Société à laquelle M. Corbin appartient lui-même comme membre associé eût trouvé injuste que les lecteurs iraniens fussent privés du fruit de ses recherches en ce domaine. Aussi est-elle heureuse de mettre à leur disposition la traduction persane jointe ici au texte original.

C'est en Iran que la philosophie de l'«Ishrâq» prit naissance; c'est de l'ancienne religion de ce pays que jaillit sa source. Shihâbeddîn Yahyâ ibn Habash ibn Amîrak Sohrawardî* la remit au jour. Il ébranla l'édifice philosophique que le péripatétisme hellénisant avait élevé au sein du monde de l'Islam. Mais lui, un des hommes éminents que porta notre sol, pour avoir commis le crime de s'être complu en son peuple en redonnant la vie à ses gloires passées, devait mourir martyr en terre étrangère.

L'enfant qui plus tard devait être appelé le «Maître de l'Ishrâq» et prendre rang parmi les sages éminents, vint au monde en 549 H. (1153 A.D.) à Sohraward, non loin de Zenjân. Il fut rappelé à Dieu en 587 H. (1191 A.D.) à Alep. C'est à Marâgha et à Isfahan qu'il fit ses études. Il passa quelques années en Asie Mineure, et de là prit la route de la Syrie, se précipitant au-devant de la mort. A Alep au commencement, il fut reçu avec honneur et faveur à la cour de Malek Zâher, fils de Salâheddîn Ayyoubî Mais le penseur à l'esprit libre et à la spontanéité géniale ne pouvait que mépriser le redoutable fanatisme de cette époque et de ce milieu. Il proclama intrépidemment les sources de sa philosophie, et osa franchir les limites marquées par le cercle des enseignements qorâniques, si bien qu'il offensa et déchaîna contre lui tout le groupe des obscurantins. Ces derniers réussirent à circonvenir Malek Zâher et à obtenir qu'on le supprimât de ce monde. Cela, à l'époque même où dans ce même pays les Çroisades faisaient couler à flot le sang de milliers d'hommes d'Asie et d'Europe. Sohrawardî y fut lui aussi la victime du démon du fanatisme. La Fureur ahrimanienne ne permit même pas qu'après sa mort il fût honoré — officiellement du moins —du titre de martyr (shahîd); il fut désigné comme le maqtoul (mis à mort), désignation comportant une idée de culpabilité. Le Shaykh de l'«Ishrâq», salué comme «martyr» ou désigné comme «maqtoul», compte en tout cas parmi les grands sages et penseurs dont nous pouvons nous glorifier. Ainsi qu'il l'a déclaré plusieurs fois dans ses écrits, Sohrawardî a pris comme fondement de sa propre philosophie la sagesse de l'ancien Iran. La lampe qu'il a allumée dans son chef-d'oeuvre «Hikmat ol-Ishrâq» aux flammes du passé, est une lampe éternelle qui jamais ne s'éteindra, bien que la lampe de sa propre vie ait été prématurément étouffée dans sa trente-huitième année par la main brutale des ignorants. Si au VIe siècle de l'Hégire, la troupe de ces derniers, semblables aux chauves-souris, n'eut pas la force de regarder le soleil, aujourd'hui pourtant le soleil de l'«Ishrâq» n'en luit pas moins à nos yeux.

L'on doit une grande reconnaissance à M. Henry Corbin qui, après avoir dispersé les cendres accumulées pendant plusieurs siècles sur le foyer de la pensée sohrawardienne, en a fait réapparaître la flamme rendue encore plus intense. Les savants français depuis Anquetil-Duperron ( 1 7 3 1 —1805  ) jusqu'à nos jours ont rendu d'éminents services à notre pays dans le domaine de la religion mazdéenne, de la langue, de l'histoire et de l'archéologie iraniennes. M. Henry Corbin qui est le digne héritier des orientalistes de son pays, a discouru ici en termes parfaits de la philosophie de l'«Ishrâq», et a illuminé nos coeurs en y faisant apparaître une des splendeurs de l'Iran antique.

Pouré-Davoud.
Professeur à l'Université de Teheran
Président de la Société d'Iranologie.

Teheran,
22 Bahman 2557 médique
(11 février 1946)

(*) Ne pas le confondre avec son homonyme baghdadien, autre
soufi célèbre, Shihâbeddîn Abou Hafs 'Omar Sohrawardî (ob. 1234 A.D.)




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