INTRODUCTION
Au cœur du Moyen-Orient, vingt millions de personnes vivent dans des montagnes, parlent la même langue (1), lorsque l'autorité étatique ne le leur interdit pas, ont un folklore propre et une même religion (2). Ces vingt millions de personnes se disent kurdes et habitent une région qu'ils appellent Kurdistan.
Les Kurdes ont toutes les caractéristiques d'une nation, mais ils ne forment pas un Etat.
Jusqu’au début du siècle, ils étaient divisés en principautés qui, depuis la bataille de Caldiran (Tchaldyran) (3) en 1514, étaient en liberté surveillée par, d'une part, le Chah de Perse et d'autre part la Sublime Porte.
Après la première guerre mondiale, avec l'effondrement de l'Empire ottoman et la création cfes Etats modernes du Proche-Orient, le peuple kurde fut écartelé entre cinq Etats : l'Iran, la Turquie, l'Irak, la Syrie et pour une faible part, l'Union Soviétique.
Aujourd'hui, on compte environ dix millions de Kurdes en Turquie, six millions en Iran, trois millions en Irak, huit cent mille en Syrie et trois cent cinquante mille en U.R.S.S., soit approximativement : 24 % de la population en Turquie, 27 à 28 % en Irak, 16 % en Iran et 9 % en Syrie.
Leur droit à l'autodétermination a été spécifiquement reconnu par le Traité de Sèvres du 10 août 1920, signé entre les Alliés et le gouvernement turc {sans référence aux Kurdes habitant la Perse). Mais ce Traité ne fut jamais appliqué, essentiellement en raison de la farouche opposition de Mustafa Kemal. La victoire des Kémalistes contre les troupes grecques ouvrit la voie au Traité de Lausanne signé le 24 juin 1923. Ce dernier Traité ne mentionnait plus les Kurdes, mais le droit de parler leur langue (y compris devant les tribunaux) leur était implicitement reconnu dans la section intitulée :"Protection des Minorités". Le gouvernement turc, par une interprétation restrictive de la définition des minorités leur confisqua ce droit : pour les Turcs, les minorités reconnues comme telles, ne sont que les minorités non musulmanes (Grecs et Arméniens) et les Kirdes sont considérés comme des Turcs de l'Est.
Le sort des Kurdes habitant le vilayet de Mossoul restait à discuter. Ce vilayet fut rattaché à l'Irak par le Conseil de la S.D.N. le 16 novembre 1925.
Depuis, chaque fois que les Kurdes habitant leurs différents Etats ont réclamé le droit de se gouverner, ou de gérer une partie des ressources de leur pays, ou parfois seulement de parler leur langue, la réponse des gouvernements, à quelques exceptions près, n'a été que répression et violence, avec toutefois des différences d'un état à un autre.
En Turquie, les Kurdes, qui avaient aidé les nationalistes turos dans leur lutte pour l'indépendance de la Turquie, se trouvèrent dès 1922 confrontés à la réalité : "l'Etat qui vient d'être fondé est un Etat turc" déclarait Mustafa Kemal à la tribune de l'assemblée. Les faits, par la suite confirmèrent cette déclaration et ce qu'elle implique.
Aussi, des révoltes permanentes secouèrent le Kurdistan de 1925 à 1939, qui furent toujours réprimées violemment (mort des chefs, massacres, déportations). Si ces révoltes eurent parfois peut-être un caractère religieux, (défense du califat en filigrane en 1925) elles eurent toujours un caractère nationaliste : refus de l’assimilation forcée, reconnaissance de droits politiques et culturels, indépendance du Kurdistan.
En 1936, l'instauration de l'état de siège et l'encerclement de la région de Dersim provoquèrent la dernière grande révolte qui dura jusqu'en octobre 1938.
La répression fut telle, qu'on peut parler d'un génocide. La région fut dévastée et resta sous le régime de la loi martiale jusqu'en 1946. Le nom de "Dersim" fut rayé de la carte, remplacé par "Tuncelli" et le Kurdistan nommé "Anatolie Orientale" fut interdit aux étrangers jusqu'en 1965.
Après la chute de Dersim, le mouvement nationaliste kurde connut une longue période de reflux, faute de perspectives concrètes.
Aujourd'hui, les autorités turques, fidèles à leur politique d'assimilation, interdisent encore toute publication en langue kurde (4), même littéraire et continuent à proscrire l’utilisation des mots "Kurde" et "Kurdistan".
En Irak, la situation est curieuse. Après des soulèvements à caractère nationaliste qui furent réprimés par les Britanniques ou avec leur aide (5), la révolution du 14 juillet 1958 du Général Kâsim (Kassem) soulève l'enthousiasme des Kurdes qui avaient aidé au renversement de la monarchie hachémite. La constitution provisoire de la nouvelle république garantit : "les droits nationaux des Kurdes au sein de l'entité irakienne" (art. 3.)
Les revues publiées par les Kurdes dès avant la révolution de 1958, qui avaient un caractère littéraire ou historique, deviennent de plus en plus politiques.
Mais, les promesses de la révolution de 1958 ne furent pas tenues et le 9 septembre 1961, Mollah Mustafa Barzani (6) prit la tête d'un mouvement qui réunit tout le peuple kurde contre Kassem.
A la chute de ce dernier, en février 1963, et à la prise du pouvoir par le parti Ba'th (Baas), les Kurdes décrètent le cessez-le-feu (le parti Baas ne restera au pouvoir que quelques mois en 1963, de février à mi-novembre. Le Président de la République Abdul Salam Aref qui n'était qu'un allié du Baas, écartera ce dernier du pouvoir en éliminant son premier ministre bassiste:
Ahmed Hassan Al-Bakr, le 18 novembre 1969).
Le nouveau gouvernement commence par accepter de négocier, puis reprend la guerre à outrance en juin 1963. Mais, incapable de reconquérir le Kurdistan, Bagdad négocie un cessez-le-feu le 10 février 1964 que Barzani accepte sans consulter le Bureau Politique de son parti (Parti Démocrate du Kurdistan -Irak), provoquant ainsi une grave crise interne.
De mars 1965 à mars 1970, deux guerres se succèdent, entrecoupées de cessez-le-feu et d'une révolution ramenant le Baas au Douvoir.
L’accord du 11 mars 1970, conclu entre Mustafa Barzani, Président du Parti Démocratique du Kurdistan et le Conseil du Commandement de la Révolution (C.C.R.) dont le Président est Hassan Al Bakr, Président de la République Irakienne, reconnait l'existence de la nation kurde et ses droits linguistiques et culturels. Une université kurde est créée dans la ville de Sulaymanî (Sulaymàniyya) (7) et une académie kurde, fondée à Bagdad. Les Kurdes obtiennent leur autonomie interne, les limites territoriales du Kurdistan et les pouvoirs respectifs de la région autonome et de Bagdad devant être définis dans les quatre ans. Cependant, dans son action quotidienne, Bagdad contredit ses grands principes (arabisation des régions kurdes, déportations). Aussi, au terme des quatre années, les autonomistes kurdes et le gouvernement de Bagdad ne parvenant pas à s'entendre, le 11 mars 1974, le gouvernement irakien promulgue unilatéralement sa loi sur l'autonomie du Kurdistan. Cette autonomie, limitée à quelques 60 % du territoire revendiqué par les Kurdes, ne les satisfit pas Une nouvelle guerre commence le 11 mars 1974, qui aboutit au désastre du 6 mars 1975 (8).
Aujourd'hui, depuis la guerre du golfe, le gouvernement contrôle les villes et les axes routiers, mais les mouvements d'opposition kurdes sont maîtres d'une partie du Kurdistan.
L'Université kurde a été transférée, sous le nom d'Université Salahadin, à Arbil (9) dont la population n'est pas entièrement kurde comme celle de Sulaymâniyya, mais comporte une forte minorité turcomane.
En IRAN, les Kurdes manifestent leur opposition à la politique centralisatrice impériale par de nombreuses révoltes locales...
En août 1941, les armées alliées, soviétiques et britanniques, entrent en Iran (pour éviter que les sympathies de Rida Shah (Reza Chah) manifestées pour les Allemands ne se transforment en alliance militaire). La région de Mahabad (10), au centre du Kurdistan n'est pas occupée et le mouvement nationaliste kurde se développe. Une organisation nationaliste : "Komalaî Jiyanî Kurdistan", (Comité de la vie du Kurdistan) (11) est créée. Kadi Muhammed (Qazi Mohamed) juge, chef religieux de Mahabad et membre de la famille la plus respectée de la ville, y adhère.
Le 22 janvier 1946, la première république kurde est proclamée et Qazi Mohamed est élu Président de la République. Cette République, connue sous le nom de République de Mahabad, n'eut qu'une existence de moins d’un an, mais marqua profondément le mouvement nationaliste kurde : la langue kurde devient la langue officielle, la haute administration est enfin confiée à des Kurdes et le port du costume national n'est plus interdit.
Après l'évacuation des troupes alliées, le Chah réorganise l'armée, reprend le contrôle du Kurdistan qui, jusqu'à la révolution islamique connaît Deu de remous.
Après la révolution islamique, les premières élections libres donnent une large majorité au Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran (P.D.K.I.) qui avait participé au renversement de la monarchie (10-11 février 1979).
Mais rapidement, les autonomistes Kurdes s’opposent au pouvoir central islamique. Au cours du printemps et de l’été 1979 les affrontements se multiplient entre les milices kurdes, créées à la chute du Chah et les Pasdarans (gardiens de la Révolution).
Le 19 août, l'Imam Khomeyni oroclame la guerre sainte (Jihad), d’abord contre "les groupuscules athées du Kurdistan, afin d'aider la population kurde musulmane", puis, contre les "hypocrites", insulte réservée à Cheikh Ezzedine, chef religieux kurde opposé à l’Imam Khomeyni. Le P.D.K.I. est la première organisation politique d'Iran a été déclarée illégale par le nouveau régime.
Dès septembre 1979, les forces kurdes prennent le maquis, abandonnant les villes indéfendables sans de lourdes pertes civiles.
L’échec des négociations entamées à l'automne 1979 entre les autonomistes kurdes et les représentants du pouvoir de Téhéran, conduit à de nouvelles offensives de l'armée iranienne.
Aujourd'hui, la guerre du Kurdistan se poursuit, malgré la guerre irako-iranienne déclenchée en septembre 1980 car l’entrée de l'armée irakienne en territoire iranien.
La République Islamique mène de front les deux combats et les dernières offensives de son armée au Kurdistan d'Irak (octobre 1983) sont dirigées à la fois contre l'Irak et contre les Kurdes d'Iran, ses alliés objectifs.
L'Iran a pour but de couper ses opposants de leurs bases arrières en Irak, tout en affaiblissant l'Irak.
L'armée iranienne tient les villes et les axes routiers : les autonomistes kurdes restent maîtres des villages où ils ont créé des Conseils villageois, des écoles et des hôpitaux. Leur situation s'est détériorée depuis les dernières offensives de l'armée et il est à craindre qu'ils ne se retrouvent dans une sorte de ghetto à la frontière irakienne.
En Syrie, les Kurdes sont concentrés principalement dans trois régions : le Kurd-Dagh, au N.O. d'Alep, l'Aîn Arab, au N.E. d'Alep, la Djazira, au N.E. de la Syrie, limitrophes des frontières turque et irakienne. Ils n’eurent pas de problèmes particuliers sous le mandat français (1920-1941) (12). Des journaux, des livres kurdes étaient publiés et tolérés. Cegerxwin (13), poète nationaliste pouvait publier ses "diwan" (14) et les lire en réunions publiques. Dans les régions kurdes, les fonctionnaires étaient aussi bien Arabes que Kurdes.
A la fin des années cinquante, les militaires au pouvoir, soutenus par le Parti Baas, signent l'acte d'union avec l'Egypte (fin janvier 1958). C'est l'époque où le Capitaine Saradj installé par Nasser traque impitoyablement les opposants et les Kurdes n'échappent pas à la repression. Les possesseurs de livres ou de Journaux kurdes sont arrêtés, les fonctionnaires kurdes éloignés des zones kurdes et les officiers kurdes de l'armée syrienne limogés.
Mais, l'opposition atteint son paroxysme après la naissance de la "République Arabe Syrienne" (septembre 1961), pendant la présidence de Nàzim al Qudsi (Nazim Koudsi), avec l'élaboration du plan de "la ceinture arabe".
Ce olan, qualifié par I.C. Vanly de "Plan oour un génocide légal" (15), avait pour but officiel de sauver l'arabisme de la Djazlra t toute la population rurale kurde, vivant le long des frontières turque et irakienne, eut le choix entre l'émigration et le transfert dans des régions syriennes désertiques. Il fut, par la suite, étendu aux autres régions à peuplement kurde.
Ce olan fut parfait par d'autres mesures : retrait de la nationalité syrienne à un certain nombre de Kurdes pour des raisons fallacieuses, après un recensement douteux ; arrestations arbitraires de tout Kurde exprimant, ou supposé exprimer un sentiment national, tortures, vexations.
En 1966, le plan de "la ceinture arabe" est pudiquement devenu le "plan pour l'établissement de fermes d'état modèle", le parti Baas se voulant un parti "socialiste". Cette politique d'oppression et de transfert a duré jusqu'en 1976, date à laquelle le Présidant Hafiz al-Asad (Hafez el-Assad) décida de "laisser les choses en l’état".
Aujourd'hui, les Kurdes qui sont tenus à l'écart du mouvement intégriste sont ménagés par la minorité alaouite au gouvernement. Ils n'ont toujours aucun droit spécifique, mais le fait de posséder des livres ou des disques kurdes n'est plus passible de prison.
Si le gouvernement syrien ne mène pas une politique foncièrement anti-kurde comme dans le passé, il n'est pas revenu sur les décisions de 1962 : les Kurdes qui ont perdu la nationalité syrienne, mais qui sont restés en Syrie, sont considérés comme des étrangers. Le seul droit qui leur est reconnu est de défendre l'intégrité du territoire syrien. C'est, le rôle des régiments spéciaux d'élite, dirigés par le frère du Président Assad où sont enrôlés de nombreux Kurdes.
On peut dire qu'en Syrie, la pression du nationalisme arabe, dans une "République Arabe Syrienne" constituée "d'Arabes syriens", a exacerbé le sentiment national kurde.
En U.R.S.S. les Kurdes, peu nombreux, sont disséminés à travers les républiques de Transcaucasie et d'Asie Centrale, principalement en Adharbaydjan (Azerbaïdjan), en Turkménie, en Arménie. Ils n’ont pas de problèmes spécifiques et leur langue est reconnue comme l'une des langues nationales de l'Union Soviétique.
Les revendications actuelles des Kurdes vont de la simple reconnaissance de leur identité (Syrie : droit d'être Kurde) en passant par l'autonomie (Iran-Irak), la fédération avec l'état dont ils font partie (Irak - Turquie), l'indépendance (Turquie), jusqu'à la formation d'un Etat qui serait le grand Kurdistan (Turquie f Intellectuels).
L'objet de ce mémoire est une contribution à l'étude des Partis politiques kurdes d'aujourd'hui et de leur implantation en Europe et au Proche-Orient.
Il ne sera question que des mouvements d'opposition aux régimes en place dans les pays qui se partagent le Kurdistan. (16)
De fait, l'Irak est le seul pays où un parti politique spécifiquement kurde a participé au gouvernement. Dans les autres pays, les hommes politiques kurdes qui assument des responsabilités gouvernementales le font en tant que citoyen de l'état et non en tant que représentant kurde.
Nous avons utilisé, pour ce mémoire, les ouvrages cités dans la bibliographie, en particulier les ouvrages de I.C. Vanly, A.R. Ghassemlou, Kendal.
Ces ouvrages nous ont été utiles surtout pour cerner le problème kurde dans son contexte historique.
En ce qui concerne les Partis et les Organisations, nous avons consulté leurs programmes et leurs communiqués et tracts. Nous avons également eu de nombreux entretiens avec les responsables des mouvements en France et parfois à l'étranger et avec les auteurs des livres cités (en particulier : Joyce Blau, ainsi que Ismet Cherif Vanly et Noureddine Zaza).
Notons le nombre important d'immigrés kurdes en Europe, originaires pour la plupart du Kurdistan de Turquie :
- environ 300 000 en Allemagne (essentiellement des travailleurs)
- 25 000 en Hollande
- 3 000 au Danemark
- 5 000 en Suède
- 12 000 en Suisse
- 30 000 en France.
- 2 500 en Belgique.
Aux U.S.A., ils seraient environ 3 000 Kurdes de la deuxième ou troisième génération, établis depuis les révoltes de 1925 en Turquie. Ils seraient environ 1 500 au Canada.
Ces chiffres n'ont pas de valeur absolue, mais peuvent donner un ordre de grandeur. Nous n'avons pu connaître les pourcentages de réfugiés politiques et économiques de Kurdes de chaque Etat, d'intellectuels et de travailleurs.
Ces statistiques pourraient être l'objet d'une prochaine étude.
Par souci de clarté, nous présenterons dans une première partie, les Partis Politiques par pays, consacrant un chapitre à chaque pays : Irak, Iran, Turquie, Syrie. Ce classement pourra paraître simpliste, mais tout autre classement, par importance, par idéologie, etc.… aurait été moins compréhensible dans le cadre de cette étude et plus artificiel.
Nous consacrerons la deuxième partie à la présentation d'organisations qui ne se rattachent à aucun Etat, telles les Organisations d'étudiants et de travailleurs, Yekbûn (Parti pour la liberté et le progrès du Kurdistan) et l'Institut kurde de Paris.
Mais, avant d'entrer dans le vif du sujet, nous allons essayer de définir les activités que doit avoir, à l'étranger, le représentant d'un mouvement de libération nationale et la finalité de son action.
A) Activités
Quelles sont les activités que doivent avoir, à l'étranger, les représentants d'un mouvement de libération nationale ?
Une réponse est donnée par I.C. Vanly (17) qui, en 1964, avait reçu procuration du Général Barzani pour "parler au nom de la Révolution à l'étranger et entreprendre en son nom, toute démarche et tout contact..." L'activité de I.C. Vanly devait porter sur 8 points :
- Informer l'opinion mondiale de la marche de la Révolution et de la situation au Kurdistan, par des communiqués de presse sur les opérations militaires, des déclarations politiques, des conférences de presse dans diverses capitales et en facilitant le voyage de correspondants étrangers au Kurdistan.
- Chercher de l'aide à la Révolution et des secours humanitaires comme : (Croix-Rouge Internationale, Organisations humanitaires).
- Donner si possible, des conférences académiques.
- Assurer la diffusion des publications venant de l'intérieur, contrôler, rédiger et diffuser des publications extérieures en langues étrangères.
- Entreprendre toutes démarches diplomatiques susceptibles d'être utiles à la cause kurde.
- Informer les organisations internationales de la situation au Kurdistan et s'efforcer, en particulier, de faire porter la question kurde à l'ordre du jour de l'Assemblée Générale des Nations Unies.
- Encourager la constitution d'organisations étrangères pro-kurdes dans divers pays.
- Tenir informées, de la situation du pays, les organisations kurdes, étudiantes et autres d'Europe et d'Amérique, et autant que possible les orienter.
B) Finalité de l'Activite des Mouvements Kurdes à l’Etranger
Toutes ces activités tendent vers un but : obtenir une aide, qui peut être matérielle, diplomatique, psychologique.
Aide matérielle :
Elle peut être cherchée auprès des particuliers ou auprès des gouvernements, sous forme de médicaments, d'argent, d'armes, de prise en charge des blessés, de bourses universitaires.
Aide morale et psychologique :
Illustrons simplement cette forme d'aide, en citant un reportage de l'envoyé spécial du "Monde" au Pakistan, au printemps 1983, qui rendait compte d'une conférence de presse d'un chef militaire afghan. Ce journaliste est frappé par l'intérêt que porte au correspondant de la B.B.C. ce chef militaire. Ce dernier entend d'abord informer la B.B.C., en espérant que les nouvelles seront répercutées aux quatre coins du monde et surtout à l'intérieur de l'Afghanistan. Le représentant afghan explique que pour les combattants de l'intérieur le fait d'être mentionnés à la radio constitue un extraordinaire encouragement ment (car le maquisard d'aujourd'hui ne se sépare jamais de deux choses : son arme, une kalachnikov soviétique, et son poste de radio, en général japonais...). Le message du représentant du P.D.K.I. à l'étranger, diffusé en mai 1983, reprend à peu près la même idée. (Annexe VII)
Aide diplomatique :
Pour obtenir une aide diplomatique, il faut savoir informer et convaincre les dirigeants d'un pays et surtout les Conseillers des Ministres des Relations Extérieures. On voit là l'importance du contact humain et de la personnalité du représentant. Cette aide peut aussi être gagnée indirectement dans les pays démocratiques par l'intermédiaire de l'opinion publique. La tâche des Kurdes n'est pas facile en ce domaine, car :
- d'un côté, les gouvernements ne veulent pas s'aliéner le monde arabe (producteur de pétrole) et les Occidentaux ne sont pas prêts à provoquer la déstabilisation de l’Iran de l'Irak et de la Turquie, trop près de l'Union Soviétique (ainsi, l’aide apportée en 1974 à Barzani par les U.S.A., par C.I.A. et Kissinger interposés, n'avait pas d'autre but que d'affaiblir l'Irak alliée de l'U.R.S.S. à l'époque, mais avec l'idée de ne jamais aller trop loin). Peut-être aujourd'hui cette réserve ne s'appliquera-t-elle plus aux Kurdes d'Iran...
- d'un autre côté, l'opinion publique mondiale se mobilise plus facilement pour les causes mettant en scène les grandes puissances directement ou indirectement (Vietnam, conflit Israélo-Palestinien, Cuba durant la Révolution de Fidel Castro).
Enfin, pour un mouvement nationaliste, au-delà de ces aides, une des fins de l'implantation d’un bureau à l'étranger peut être simplement d'affirmer son existence et sa culture.
1) Langue indo-européenne apparentée au Persan, comportant essentiellement 2 dialectes: le Kurmandji (kurde septentrional) écrit en caractères latins et le Sorani (kurde méridional) écrit en caractères arabes.
2) Musulmans (Sunnites dans leur grande majorité).
3) Ville au nord du lac de Van en Turquie où l'armée ottomane du sultan Selim aidée par les Kurdes battait l'armée du chah Ismail safavide.
4) - Excepté durent une courte période entre 1965 et 1968 où des revues bilingues turco-kurdes et des ouvrages kurdes furent publiés et tolérés.
5) - La Grande-Bretagne avait obtenu mandat sur l'Irak à la conférence interalliée de San Remo (19-29 mars 1920), mandat qui prit fin en juin 1930.
6) - Né en 1904 à Barzan, village au nord du Kurdistan d'Irak, d'une famille de cheikhs Naqshbandis, la Naqshbandiyya est l'une des deux principales confréries du Kurdistan. Elle s'y est implantée à partir de 1811 et supplanta rapidement la confrérie Qadiri, établie au Kurdistan depuis la fin du XlIIe siècle. Avant d'adhérer à la Naqshbandiyya, la famille de Mustafa Barzani était membre de la Qâdiriyya. La famille de Barzani participa dès le début du XXe siècle, aux principales révoltes kurdes et Mustafa Barzani, qui avait commencé des études de Mollah, rejoignit le mouvement kurde dès 1931.
7) - Principale ville du Kurdistan d'Irak, située à environ 100 km à l'est de Kirkouk.
8) - Le 6 aars 1975, l'accord d'Alger conclu entre le Chah d'Iran et Saddaa HUSSEIN ait fin à cette guerre, le Chah retirant son aide aux Kurdes d'Irak
9) - Ville située entre Hawaii (Nossoul) et Kirkouk, à 90 ka au nord de Kirkouk ; point de départ des centres de villégiature du Kurdistan.
10) - Ville au centre du Kurdistan d'Iran.
11) - Comité nationaliste, assez conservateur, composé d'intellectuels citadins, de petits-bourgeois, puis de religieux et de chefs de tribus.
12) - A la conférence de San Remo, en 1920, le Liban et la Syrie, pays arabes ex-ottomans, étaient placés sous mandat français, tandis que l'Irak, la Transjordanie et la Palestine étaient sous mandat anglais.
13) - Cîgerxwîn, poète kurde d'origine turque a fui la Turquie après le soulèvement de 1925. Il fit ses études de Mollah et a même exercé son ministère un certain temps. Il fut influencé par les idées nationalistes en Syrie et rejeta le "turban" pour se consacrer à une poésie populaire engagée. Son activité lui valut plusieurs séjours en prison.
14) - Diwan : aot d'origine persane - recueil de poèmes.
15) - "Le problème kurde en Syrie": publication du Comité de la Défense des droits du peuple kurde - 1968.
16) - En Iran, un Parti Démocratique issu d'une scission du P.D.K.I., lié au Parti Toudeh avait une existence plus ou moins légale jusqu’à la lutte contre le Toudeh de ces derniers mois.
17) - "Le Kurdistan irakien, entité nationale" - Bibliographie 6
Première Partie
Les Partis Politiques Kurdes et
Leur Implantation à l’Etranger
Les Partis Kurdes d’Irak
Chapitre I
Première partie Chapitre I
Les partis kurdes d'Irak
1. Le Parti Démocratique du Kurdistan - Irak (P.D.K. - Irak)
Le P.D.K. - Irak qui joua un rôle capital dans la Révolution kurde d'Irak et qui connut ses heures de gloire avec Mustafa Barzani son chef, se trouve depuis 1975 affaibli et dans une situation très particulière : ces dernières années, Il s'est à la fois opposé au gouvernement de Bagdad et au Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran en lutte contre la République Islamique.
1.1. Historique
Le P.D.K. - Irak fut constitué en 1945 à la chute de la République de Mahabad, à l'exemple du P.D.K. d'Iran (P.D.K.î, par Mustafa Barzani et ses collaborateurs, avant leur retraite en U.R.S.S. (1)
Il fut désigné à sa création : Parti Démocrate du Kurdistan et Barzani en assura la Présidence.
S'il fut créé à l'image du P.D.K. d'Iran les deux partis n'avaient aucun lien entre eux. En 1947, après la chute de la République de Mahabad, Barzani se réfugia en U.R.S.S. et n'eut plus de lien avec le Parti jusqu'à son retour en 1958.
Créé en Iran, le Parti s'organisera au Kurdistan d'Irak, fusionnant avec d'autres formations, et aura un journal clandestin : "Rizgarî" (Salut, délivrance, libération).
En 1950, le P.D.K. se réorganise sous le nom de Parti Démocrate Unifié du Kurdistan (P.D.U.K.) et son journal prendra le nom de Xebatê-Kurdistan (2). Pendant toute cette période, il reste la deuxième formation politique au Kurdistan, derrière la "section du Kurdistan" du Parti Communiste Irakien (P.C.I.). (3)
A la chute du roi, le 14 juillet 1958 et è la prise du pouvoir par le général Kassem, la Constitution Provisoire rétablit les libertés démocratiques. Mustafa Barzani rentre en héros à Bagdad et reprend en main le parti. La première presse libre kurde paraît : "Xebat" et le P.D.U.K. devient légal le 9 janvier 1960 sous le nom de Parti Démocratique du Kurdistan-Irak (P.D.K. - Irak).
1) Mustafa Barzani fuyant l'Irak avec ses forces, arriva en Iran et se »it au service de l'éphémère république kurde de Mahabad dont il fut l'un des maréchaux.
2) "La lutte du Kurdistan".
3) Ce classement en deuxième position est contesté par le P.D.K.-Irak qui considère avoir toujours occupé la première place.