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Nouvelles Kurdes


Éditeur : AAPKF Date & Lieu : 1994, Paris
Préface : Pages : 150
Traduction : Ismael DarwishISBN : 2-9507849-1-7
Langue : FrançaisFormat : 125x175 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Dar. Nou. N° 2768Thème : Littérature

Nouvelles Kurdes

Nouvelles Kurdes

Ismael Darwish

AAPKF

Nouvelles kurdes : anthologie qui rassemble onze nouvelles kurdes contemporaines, se veut porteur du renouveau kurde. Elle tente de montrer un autre aspect des écrits kurdes, celui des auteurs qui prêchent pour une libération du carcan de la tradition, aussi bien sur le plan de la pensée que sur celui de la forme.

Ismael Darwish, né en 1961 à Kirkuk, Kurdistan irakien. Parmis les textes inédits de la littérature kurde contemporaine, il a traduit un roman et un recueil de poèmes. Il a également traduit Marcel Proust.


Table

Introduction / 7

Nouvelleskurdes
Abdulla Saraj     / 15
Ahlam Mansour / 27
Mohsen Ahmad Omar / 37
Ahmad Mala / 49
Sherzad Hassan / 65
FawazHusên / 79
Farhad Pirbal / 117

Ouvrage publiés / 139


INTRODUCTION

La nouvelle, forme particulière du récit, a une généalogie fort ancienne, remontant aux racines de la littérature, et l'on découvre, parmi ses ancêtres, des parents célèbres : les fabliaux du moyen âge et le Décaméron du grand prosateur italien Boccace 1313-1375. Elle fait noble figure dans les lettres moderne aussi, car on y voit les noms de Diderot, Voltaire, Balzac, Flaubert, Zola, Maupassant... Et, à l'époque contemporaine, on trouve des nouvellistes au nombre des plus grands écrivains : Kafka, Joyce, Camus, Sartre.

Néanmoins, il manque des études portant sur la littérarité de la nouvelle. Il y a, tout d'abord, un problème de terminologie : on distingue souvent très mal entre “conte” et “nouvelle” ; pour de nombreux critiques il s'agit de synonymes.

René Godenne nous rappelle, dans La Nouvelle Française, qu'il s'agit le plus souvent d'un récit bref, fondé sur un sujet restreint, rapide et resserré, et qui exige “l'unité dans son déroulement, une composition rigoureuse”. Les Formalistes russes ont déjà tenté d'examiner les limites entre le roman et la nouvelle. Ils insistent sur certaines caractéristiques de la nouvelle, en particulier : le parallélisme, le contraste et la contradiction ( de coutumes, de termes, dans les éléments d'intrigue, etc. ). Ils traitent ensuite des recueils de nouvelles dont la construction repose sur un système d'emboîtement et où le fil conducteur est l'action ou un personnage. Ils établissent ainsi une distinction entre la nouvelle autonome, achevé, et la série de récits où l'on trouve une “composition par enfilage”.1

Cependant, ce genre littéraire s'est vu attribuer différentes appellations. Les auteurs eux-mêmes ne se sont pas toujours conformés à une telle distinction, et surtout depuis le Xixème siècle, on constate de plus en plus de confusion : conte merveilleux, conte historique, récit réaliste, récit-mythe, etc...

Le présent ouvrage ne prétend évidemment pas résoudre les problèmes fort complexes de la généalogie de la nouvelle. Il constitue une simple anthologie de textes publiés ensemble pour donner un aperçu de la littérature kurde contemporaine, sans s'occuper du système de traits d'union. L'ensemble de ces nouvelles ne se vante nullement d'être une véritable architecture, c’est-à-dire le lien entre les composants n’est pas un simple personnage commun ou une série d’événements rattachés les uns aux autres. Mais son unité se révèle au niveau plus symbolique.
La nouvelle kurde a vu le jour, entre 1913- 1925, dans des conditions qui n’avaient rien de commun avec le processus d’élaboration caractérisant les étapes diverses et historiques de la nouvelle européenne. Mais avant l’apparition de la nouvelle kurde, le genre narratif s’était manifesté, depuis le 14ème siècle, par quatre formes différentes :2

- les Dastaaoumesnewî “roman en vers”: ce sont de longs récits, en vers classiques qui racontent souvent des histoires d’amour imaginaires ou réelles et spécifiquement poétiques.
- les Mewlûdnames : ce sont de longs récits en prose et quelquefois en vers ou en prose fauvettes fyrtfes rimée, et s’ispire de la vie du prophète ou d’autres histoires à caractère religieux.

- les Beytoules Bend : c’est une catégorie relevant de la littérature populaire, basée sur l’oralité. Ce sont de longs récits vérsifiés, racontés par un conteur, et qui durent souvent plusieurs heures.
- les Hekayet : ce sont des contes populaires de longue durée en prose qui - dans la littérature écrite - sont comparable à la “nouvelle”. Ils restent toutefois très variés, au niveau de leur technique et de leur contenu.

Dans ce processus, il faut noter, surtout, le rôle capital qu’ont joué les revues littéraires kurdes dans leur contribution à l’essor de la littérature kurde en générale et de la nouvelle kurde en particulier, car ce sont elles qui constituaient, de façon incontestable, le seul pont de communication entre auteurs et lecteurs, mais aussi entre auteurs et auteurs : Galawej 1939-1949, Pêshkewten 1920-1922, Hawar 1931-1943.
Dés cette apparition, tardive, la nouvelle kurde se montre sous forme de critique réaliste, sans passer par une période classique ou romantique. Ce retard est dû essentiellement à la domination de l'Islam qui impose, sur l'ensemble du territoire kurde, la langue arabe et le persan que les Kurdes emploient comme langues de prose. Et ce n'est qu'en 1925, que Le xewma “Dans mon rêve” de Cemil Sayeb, première nouvelle kurde, est publiée.3

Le thème central de ces écrits est politique, les problèmes de société, la pauvreté et la famine. Malgré un début difficile sur le plan de qualité littéraire, la nouvelle kurde restera le témoin numéro un des événements dramatiques qui ont marqué à cette époque l'histoire du Kurdistan.
Devant une telle situation, la littérature kurde, à quelques exceptions près comme les nouvelles présentées dans cet ouvrage, reste une littérature engagée, d'indépendance nationale, de lutte et de liberté. Et ceci au Kurdistan comme dans la diaspora kurde. Car, affirme le sociologue Turc I. BESLÇI, cette littérature est celle d'un peuple dont le pays est occupé, c'est une littérature envahie par la culture arabe, perse et turc.

Voilà un ouvrage qui voudrait élargir l'horizon de la littérature kurde en la faisant connaître en dehors de ses frontières. Les écrits kurdes traduits en langue étrangères restent restreints et même si des traductions de grands classiques ont été publiés, l'actualité de la littérature kurde reste en marge de l'histoire. La raison pour cela serait, d’abord, l'image que la société kurde a toujours voulue donner d'elle. L'image d'un peuple épris de paix et de liberté, mais aussi l'image d'un peuple martyr. Ensuite, une situation politique et sociale souvent précaire, un sentiment nationaliste généralisé et l’espoir, tout au long de l’histoire des kurdes, d'une indépendance et d’une liberté tant de fois bafouées. Enfin, dans une certaine façon, l'implication de la littérature en particulier et de l'art en général dans un processus de lutte pour la libération nationale.
Tout cela se reflète de façon claire dans les écrits de l'ensemble, ou presque, des hommes de lettres au Kurdistan.

Cet essai, qui rassemble onze nouvelles kurdes contemporaines écrits par Abdulla Saraj, Fawaz Husên, Sherzad Hassan, Ahmad Mala, Mohsen A. Omar, Ahlam Mansour et Farhad Pirbal, se veut porteur du renouveau kurde. Il tente, à partir des textes disponibles, de montrer un autre aspect des écrits kurdes, celui des auteurs qui prêchent pour une libération du carcan de la tradition, aussi bien sur le plan de la pensée que sur celui de la forme.

1- Chklovski, “la construction de la nouvelle et du roman”, Paris, seuil, 1965. Il définit ainsi cette expression: “plusieurs nouvelles, chacune formant un tout se succédant et elles sont réunies par un personnage commun”.

2- Farhad Pirbal, la genèse de la littérature kurde, la Sorbonne III1994.

3- Nous sommes au début du siècle, entre 1919 et 1924, à Soulémani/Kurdistan irakien, sous le régne de Chek Mahmoud Hafïdi. Le Xewma est l'histoire d'un homme, fuyant la misère, part à Soulémani, “pays de l'Islam, dit le protagoniste”, à la recherche d'une occupation pour trouver de quoi nourrire sa famille. A la porte de la ville, les hommes du Chek l'arrêtent et le soupçonnent d'espionnage. Depuis sa cellule qui donne sur la cour du gouverneur, il assiste aux atrocités de ce régime de la province kurde vis à vis de la population. Le Xewma reste un rêve inachevé.

Nouvelles Kurdes

Abdulla Saraj

Né en 1937 au Kurdistan irakien.
Nouvelliste, mais aussi romancier et peintre. Sa plus grande culture dans les arts plastiques, sa combinaison réussie entre deux espaces imaginés : celui de l’auteur et celui du lecteur, la liaison intime entre fond et forme lui ont permis de mettre à jour une couche plus profonde de son œuvre littéraire. Dans ses écrits tout s’ordonne, ou plutôt tout s’éclaire, c’est-à-dire qu’il y a un foyer qui distribue lumière et ombre. Et ceci nous ramène aux arts plastiques, là où il existe les plus intimes et les plus insaisissables nuances du sentiment, les aspirations les plus éthérées, à la fois d’ordre esthétique et d’ordre intellectuel. Il donne une voix à l’impossible, en harmonisant les deux langues, la langue de la peinture et celle de la littérature.

L’intérêt de l’espace chez Saraj n’est pas moins important, toute aussi étroite sa parenté avec les arts qui l’explorent, la peinture en particulier.

Publications :
Ascension vers le sommet, roman, Bagdad 1989.
Le dénommé Baram, nouvelles Bagdad 1982.
Les carrés illuminés, nouvelles Bagdad 1980.
Les morts ne rêvent pas, nouvelles, Bagdad 1981.
Parang, nouvelles Bagdad 1986.

Trois petites nouvelles

Prison

Au milieu des quatre murs de la cellule, entre le plafond et le sol couvert de galet, il n'avait dans la main qu'un vieux journal jauni et froissé. Il l'avait feuilleté plus d'une fois, à tel point qu'il connaissait plusieurs articles par cœur. Dés fois, pour passer le temps, il les relisait, tous, du début à la fin, de bas en haut, et il lui arrivait même de commencer par le milieu.
- Ô conscience... j'ai tellement souffert !
Je pourrais peut-être faire quelque chose, écrire une histoire par-exemple, se dit-il. Mais il me faut du papier et de quoi écrire !
Il réfléchit et trouva la réponse. Je n'ai pas besoin de quoi écrire, se dit-il. Et le papier est là!
Il commença aussitôt à rassembler tous les espaces du journal où il n'y avait rien d'écrit. Il se rappela la petite histoire qu'il voulait écrire et …


Ismael Darwish

Nouvelles Kurdes

AAPKF

Éditions A.A.P.K.F.
Nouvelles Kurdes
Recueil établi et traduit par
Ismael Darwish

Aux Éditions A.A.P.K.F.
Marcel Proust, l’indifférent nouvelle traduite en kurde
Par Ismael Darwish.

Couverture : tableau de Kamil Mustafa

Tous droits de reproduction, d’adaptation
et de traduction réservés pour tous pays.

© Éditions A.A.P.K.F. 1994

ISBN: 2-9507849-1-7

Achevé d’imprimer par H. Schröer - R.F.A
Dépôt légal : mai 1994

Ouvrage publié avec le concours du
Centre National du Livre



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