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La dette de Sang


Éditeur : Ramsay Date & Lieu : 1982, Paris
Préface : Gérard ChaliandMultimediaPages : 348
Traduction : ISBN : 2-85956-292-3
Langue : FrançaisFormat : 150x230 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Chi. Det. N° 768Thème : Général

La dette de Sang

La dette de Sang

Archavir Chiragian

Ramsay

En 1915-1916, plus d’un million d’Arméniens sont déportés et massacrés par le gouvernement jeune-turc. Malgré l’effondrement de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne et de l’Autriche, au lendemain de la guerre, aucun « procès de Nüremberg » ne châtie les auteurs du premier génocide du XXe siècle.
La Fédération révolutionnaire arménienne (Dachnak) décide alors de rendre justice elle-même. Des militants chargés d’exécuter les responsables majeurs du carnage se lancent sur leurs traces à travers toute l’Europe.

Archavir Chiragian (1900-1973) est à la fois le témoin du génocide et l’acteur de la longue traque qui s’ensuivit. Il rapporte, dans ses souvenirs, comment, âgé d’une ving¬taine d’années, il a pourchassé à Rome l’ex-Premier minis¬tre du gouvernement jeune-turc, et à Berlin l’idéologue du mouvement — tous deux en tête de la liste noire dressée par les victimes de l’extermination. De capitale en capitale, de train en train, de service secret en service secret, ce roman vrai d’une vengeance froide se lit avec émotion et passion.

Gérard Chaliand, dans la présentation de ce récit autobiographique, fournit les données d’un dossier qui reste ouvert, et situe le contexte historique des événements relatés.


Table

Le temps des assassins, par Gérard Chaliand / 15

1. L'armée des greniers / 69
2. Le sang dans les rues / 93
3. Baptême du feu / 113
4. Arménie indépendante / 131
5. Torture en Géorgie / 145
6. Chasse aux Jeunes-Turcs à Rome / 165
7. Assassinat du Premier ministre ottoman / 195
8. Retour à Constantinople / 213
9. Mission à Berlin / 233
10. La traque / 251
11. Coup double / 275
12. L’art de la fuite / 291
13. Embuscade en Bulgarie / 311
14. L’adieu aux armes / 323

Notice sur les principaux noms cités / 331


NOT POUR LECTEURS

« En fait, à Rome et à Constantinople, plus tard à Berlin, alors que la foule me menaçait, la pensée de me servir de mon arme contre des innocents ne m'avait pas une seule fois effleuré. La police m’avait souvent traqué, mais jamais je n'avais tiré sur un agent, pas même turc. Je ne voulais pas devenir un assassin. Et le jour de l'exécution de Saïd Halim, je n’avais pas un instant songé à tuer le garde du corps, Tevfik Aznii, sauf en cas de nécessité absolue.

Nombre de personnes, informées de mes activités et de mon comportement, se sont demandé pourquoi je n'avais pas liquidé Azmi ou d’autres. La réponse me paraît évidente : Azmi n’avait eu aucune part à la préparation et à l'exécution du massacre du peuple arménien. Il avait combattu au rang de colonel dans la campagne de Gallipoli et, en récompense de son courage, on l’avait promu, puis nommé secrétaire et garde du corps de Saïd Halim. Notre organisation n’avait pas de plan d'extermination. Elle distribuait leur châtiment aux individus qui avaient été jugés par défaut et reconnus coupables d’assassinat en masse. En tête de notre liste, il y avait d'ailleurs des traîtres arméniens. »

A. Chiragian

Le temps des assassins

Archavir Chiragian a vingt et un ans lorsqu'il arrive à Rome, en cet été 1921, pour mener à bien la mission que lui a confiée son parti : retrouver et exécuter les responsables du génocide des Arméniens. Afin de reconnaître les bourreaux, il dispose d’une dizaine de photos. A Constantinople, l’année précédente, il a déjà exécuté un traître qui a collaboré à l'extermination, ordonnée par les Jeunes-Turcs, de sa propre communauté. Puis il s’est rendu, au printemps 1920, en Arménie indépendante, peu avant que le jeune Etat ne s’effondre, emportant le dernier espoir des nationalistes au lendemain du grand massacre. Reste à châtier les coupables.

Le palpitant récit qu’on va lire, rédigé avec primesaut et superbement traduit en français, est l’autobiographie d'un meurtrier d’une espèce singulière. Car il s'agit ici, non de terrorisme classique, mais d’un acte de stricte justice. Imaginons qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tous les principaux dirigeants nazis aient pu fuir. Une caricature du procès de Nüremberg aurait eu lieu, reconnaissant les faits, condamnant à mort par contumace les responsables majeurs du génocide des juifs et des tziganes, mais n'exigeant pas leur extradition et se soldant par la pendaison d’un sous-ordre. Bientôt, les circonstances politiques s’étant modifiées, plusieurs sentences auraient été reconsidérées et finalement, deux ans à peine après la guerre, les verdicts auraient été annulés et les criminels — des exécutants secondaires — relâchés. Dans l’impunité, Hitler, Goebbels, Himmler et d’autres hauts dignitaires vivraient confortablement, à l’abri, dans des capitales étrangères.

C'est précisément ce qui est arrivé pour les responsables de la déportation et de l’extermination des Arméniens, crime commis en 1915-1916 au cours de la Première Guerre mondiale qui fut, pour les Jeunes-Turcs, le temps des assassins.
Les deux tiers au moins des Arméniens vivant dans l’Empire ottoman furent systématiquement massacrés. Ce premier génocide du XXe siècle, qui fit plus d'un million de victimes, a de surcroît la particularité de n'être toujours pas reconnu. Tous les gouvernements turcs qui se sont succédé, depuis 1923, date de la création de la république turque, nient la réalité du projet, mis à exécution, d'éliminer l’ensemble de la communauté arménienne d’Anatolie.

Au moment donc où Archavir Chiragian arrive à Rome, le procès des criminels de guerre, dit Procès des Unionistes, est clos et les criminels relâchés. L’Arménie indépendante, que les Alliés, afin de rendre en partie justice au peuple martyr, ont reconnue par traité, mais beaucoup trop tardivement après moult tergiversations, n existe plus. Sous la poussée conjointe des troupes de Mustafa Kemal et des Azerbaïdjanais, l’Etat arménien est réduit à une peau de chagrin et ce qui en reste va bientôt être soviétisé. Pour les Arméniens qui ont survécu aux massacres et pour leur organisation politique principale, la Fédération révolutionnaire arménienne (social- démocrate), c'est le désastre. Aussi le parti Dachnak, comme on l’appelle en arménien, décide de rendre lui-même justice. Les principaux responsables de la déporta-tion et des massacres sont bien connus : ils sont une douzaine dont le triumvirat qui dirigea le gouvernement turc : Talât, Enver et Djemal, respectivement ministres de l’Intérieur, de la Guerre et de la Marine. Saïd Halim, Premier ministre et président du Comité « Union et Progrès » qui rassemble les Jeunes-Turcs. Les responsables de « l’organisation spéciale » instrument de la liquidation des Arméniens, le docteur Behaeddine Chakir et le docteur Nazim notamment, le premier étant l’idéologue principal du Comité « Union et Progrès ». D'autres encore et jusqu’à des gouverneurs de province qui avaient fait preuve d’un zèle tout particulier dans la liquidation des Arméniens, comme par exemple Djemal Azmi qu’on appelait le bour¬reau de Trébizonde.

Un réseau clandestin est constitué par le parti Dachnak pour traquer ces criminels de guerre et les exécuter. Le 5 mars 1921, un jeune homme, S. Tehlerian, dont la famille a presque entièrement disparu lors des déportations, abat d’une balle de revolver dans là tête l'ancien ministre de l'Intérieur Talât, dans une rue de Berlin. Arrêté et jugé, en juin 1921, il est déclaré « non coupable 2 » par le jury allemand devant l’énormité des crimes perpétrés sous Talât. A Rome, Archavir Chiragian exécute le 6 décembre 1921 l'ex-Premier ministre Saïd Halim. Puis à Berlin, le 17 avril 1922, avec un compagnon, il abat l'un des responsables majeurs du génocide : Behaeddine Chakir, ainsi que Djemal Azmi, l’ancien gouverneur de Trébizonde.

A Tbilissi, capitale de la Géorgie, le 25 juillet 1922, Djémal Pacha, l’ex-ministre …

1. Du nom du Comité « Union et Progrès » (Ittihad) fondé par les Jeunes-Turcs. Les minutes du procès peuvent être consultées à la Library of Congress, Washington D.C.
2. Der Prozess Talaat Paschas. Antwort beim Aï-min T. Wegner. Ber¬lin 1921. Traduction française : Les justiciers du génocide. Le procès de S. Tehlerian. Intégrale des minutes du procès de Berlin. Editions Dias¬poras, Paris, 1981.


Archavir Chiragian

La dette de Sang
Un Arménien traque les responsables du génocide 1921-1922

Ramsay

Editions Ramsay
Collection Passé Composé
La dette de Sang
Un Arménien traque les responsables du génocide 1921-1922
Archavir Chiragian

Précédé de « Letemps des assassins »
Par Gérard Chaliand

Traduit de l’anglais
Par Annick Pélissier

Collection « Passe Composé »
Dirigée par Hervé Hamon et Patrick Rotman

Éditions Ramsay
9, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris

Titre de l’ouvrage original
The Legacy
Publié par Hairenik Association, Boston

© Editions Ramsay, pour la traduction française et la préface, 1982

ISBN 2-85956-292-3



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