PRESENTATION
Le 2 août 1990, les troupes irakiennes, environ 100 000 hommes massés depuis le 24 juillet à la frontière koweïtienne, envahissaient l’émirat et marchaient en quelques heures sur Koweït City. L’émir Jaber al-Ahmad al-Sabah et la famille régnante s’enfuyaient en Arabie Saoudite. Quelques jours plus tard, les dirigeants irakiens proclamaient la fusion « totale et irréversible » du Koweït et de l'Irak et qualifiaient cette annexion d’« acte légitime », permettant le retour du Koweït dans le giron de la « mère-patrie » et mettant fin « à un partage colonial qui avait offert la richesse à une minorité et la misère aux autres ».
L'invasion du Koweït était le point de départ d’une crise grave qui a bouleversé le monde entier.
C’était la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’une nation s’emparait par la force d’une autre, officiellement reconnue par la communauté internationale. De même, c’était le premier conflit régional de grande ampleur à surgir après la chute du mur de Berlin et l’entente Est-Ouest. Le coup de force du président irakien a eu pour conséquence une vaste confrontation qui a mené son pays à un véritable désastre, dont il ne se remettra pas avant très longtemps.
La guerre du Golfe, conduite par les vingt-huit pays de la coalition anti-irakienne, sous la houlette des États-Unis, a certes permis la restauration du régime koweïtien mais elle a semé les germes de nouveaux déséquilibres et de profondes ruptures au Moyen-Orient. En dehors des souffrances humaines quelle a causées — des centaines de milliers de victimes, le drame des réfugiés arabes et asiatiques, le déplacement de millions de personnes dans des conditions effroyables — elle a ébranlé une région aux contours nationaux, religieux, culturels et ethniques fragiles, laissé des séquelles durables sur la population arabe et à coup sûr creuse le fossé entre l’Occident et le monde arabo-musulman.
Le déroulement de la crise
La réaction internationale à l’invasion du Koweït est immédiate et d’une grande fermeté. La communauté européenne et les États-Unis condamnent vivement cette agression et décrètent aussitôt un embargo commercial et militaire contre l’Irak. L’URSS cesse ses livraisons d’armes à destination de ce pays. Les avoirs irakiens et koweïtiens sont aussitôt gelés aux États-Unis en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, au Japon, etc.
Dès le premier jour de la crise, le Conseil de sécurité de l’ONU réagit avec une détermination et une rapidité sans précédent. Le 2 août, il se réunit, à la demande des États-Unis et du Koweït. Considérant que cette invasion constitue — conformément aux articles 39 et 40 de la charte des Nations unies — une « rupture de la paix et de la sécurité », il décide d’adopter des sanctions économiques, parmi les plus dures jamais imposées à un pays dans l'histoire des Nations unies. Le 6, aux termes de la résolution 661, un embargo commercial, financier et militaire est décrété contre l’Irak par … |