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Revue de Psychologie des Peuples, I7me Année - N° I : Les Kurdes


Auteur :
Éditeur : Université de Caen Date & Lieu : 1962-01-01, Le Havre
Préface : Pages : 34
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 155x240 mm
Code FIKP : Lp. Fra. Gac. 325Thème : Général

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Revue de Psychologie des Peuples, I7me Année - N° I : Les Kurdes


Revue de Psychologie des Peuples
I7me Année - N° I
Les Kurdes

Paul Gache

Université de Caen

Az Kourmândj-em ou bien Myn Kourdym : je suis Kurde ! Voici longtemps que les habitants du complexe montagneux situé entre le plateau iranien, l’Ararat et le Taurus, se lèvent avec fierté pour prononcer cette déclaration à quiconque leur demande qui ils sont. L’ère kurde, actuellement en sa 2.574ms année, ne commence-t-elle pas en 612 avant J.-C., date de la prise de Ninive par les Mèdes ?
La zone d’habitat kurde : le Kurdistan.
Le nom de Kurdistan — pays des Kurdes — n’est pas celui d’un état ou d’une formation politique, même provinciale, déterminée. Il n’apparaît comme tel qu’au XIIe siècle, moment où le dernier des grands Seldjoucides, Sandjar, créa une province ainsi nommée, résultat administratif, en quelque sorte, de l’action brillante de maintes dynasties kurdes dans leurs zones d’activité régionales ou locales : Chaddadites, Merouanides, Salarides, Hassanwaihides. Banou Annaz, Atabeks du petit Louristan — et surtout du respect acquis par la grande dynastie kurde des Eyoubites et son fondateur, le plus célèbre des Kurdes, Saladin (1169), puissant du lac de Van à la haute Egypte.
Le Kurdistan formé par Sandjar avait pour capitale Bahâr, près d’Hamadan, et comprenait les ...



LES KURDES

Paul Gache

Az Kourmândj-em ou bien Myn Kourdym : je suis Kurde ! Voici longtemps que les habitants du complexe montagneux situé entre le plateau iranien, l’Ararat et le Taurus, se lèvent avec fierté pour prononcer cette déclaration à quiconque leur demande qui ils sont. L’ère kurde, actuellement en sa 2.574ms année, ne commence-t-elle pas en 612 avant J.-C., date de la prise de Ninive par les Mèdes ?

La zone d’habitat kurde : le Kurdistan.
Le nom de Kurdistan — pays des Kurdes — n’est pas celui d’un état ou d’une formation politique, même provinciale, déterminée. Il n’apparaît comme tel qu’au XIIe siècle, moment où le dernier des grands Seldjoucides, Sandjar, créa une province ainsi nommée, résultat administratif, en quelque sorte, de l’action brillante de maintes dynasties kurdes dans leurs zones d’activité régionales ou locales : Chaddadites, Merouanides, Salarides, Hassanwaihides. Banou Annaz, Atabeks du petit Louristan — et surtout du respect acquis par la grande dynastie kurde des Eyoubites et son fondateur, le plus célèbre des Kurdes, Saladin (1169), puissant du lac de Van à la haute Egypte.

Le Kurdistan formé par Sandjar avait pour capitale Bahâr, près d’Hamadan, et comprenait les villayets de Sindjar et de Chehrizour à l’ouest du massif du Zagrcs, ceux d’Hamadan, Dinaver et Kermanshah à l’est de cette chaîne. Dans l’ensemble cette appellation ne recouvrait donc alors qu’une partie méridionale du Kurdistan ethnique qui, en fait, s’étend au nord-ouest jusqu’au cours supérieur de l’Euphrate, d’Erzindjan aux approches de Biredjik. En était notamment exclue la province d’Ardelan. Quant au Kurdistan, il s’y développait alors une civilisation autochtone brillante autour de la ville de Dinaver — aujourd’hui ruinée — à 75 km au nord-est de Kermanshah, dont le rayonnement fut partiellement remplacé ensuite par celui de Senneh, 90 km plus au nord. En fait, la plupart du temps, les Arabes ont désigné l’ensemble du Kurdistan sous le nom de « Djibâl », la montagne, la partie basse du sud-ouest étant comprise par eux dans la Djézireh, désignée quelquefois avec plus de précision comme la « Djézireh de Diarbékir ».

Avatar majeur de l’existence kurde, le Kurdistan qui prenait incontestablement forme comme une entité autonome, spécifique, au XVe siècle, dans le cadre, alors souple, d’un Empire ottoman s’étendant par cooptation à sa suzeraineté et d’un Iran, très loin de l’unification, depuis le passage des Mongols, ce Kurdistan devint brusquement, au début du XVIe siècle, l’enjeu de deux puissances devenues centralisatrices : la Perse des Séfévides et la Porte de Sélim et de Soliman. L’autonomie locale s’en trouva fort atténuée pour un siècle et, fait plus grave, une frontière assez stricte découpa le Kurdistan en partie iranienne et partie turque.
Avec quelques modifications depuis la victoire turque de Tchaldyran (1514), cette scission du
Kurdistan n’a jamais cessé jusqu’à nos jours. On aura désormais tendance à « opposer » le Kurdistan de Diarbékir à celui de Soultan Abadé Djemdjemal, résidence des gouverneurs du Kurdistan persan. De même on pourra parler de deux districts, kurdes entre tous, celui du Bohtan, autour de la petite ville de Djézireh sur le Tigre supérieur, celui du Moukri autour de la petite ville de Saoudj-Boulaq et sur le cours du Djagatou qui s’achève en delta au sud du lac d’Ourmiah.

Quoi qu’il en soit, l’habitat kurde a toujours été et demeure le massif montagneux avec ses éperons périphériques comprenant les provinces suivantes :
Partie « ottomane » :

Vilayet d'Erzeroum au sud du Kara Sou (Euphrate occidental), à l’ouest de l’Ararat, déjà domaine des Cheddadides d’Ani de 951 au XI' siècle, habitat des tribus Zireki, Djibranli, Zirkanli, Zilanli, Hassananli, Adamanli, Sipkanli, Djemadanli, Kaskanli, Chadeli, Bedeli, Kyzylbachs, Djelah (Arméniens kurdisés) et Mamakanli (parents des Mamikonian arméniens) ;
Vilayet de Mouch, ou vallée du Mourad-Tchaî (Euphrate oriental), à l’ouest du lac de Van et au nord du Taurus arménien, pays occupé par les Kurdes avant la défaite byzantine de Manzikert (1071), habitat conjoint des tribus précédentes et des Bitlis ;

Liva d’Erzindjan et région de Dersim, située entre les deux parties de l’Euphrate supérieur, déjà peuplé par les Zaza à l’arrivée des Seldjoucides dans la forêt de Kliordzen en 1049, habitat des Dushiks, Kysylbachs, Toujiks et surtout des Zaza, venus de l’est comme en témoigne leur parler gouran ;

Partie du vilayet de Sivas (sud du Kotch Hissar, Karabel Dagh et kazas de Kangal et Divrigh, à l’ouest de l’Euphrate), même ancienneté et même population ;
Vilayet d’El Aziz ou de Kharpout, au nord-ouest de l’Euphrate, avec pour centre principal Malatya, déjà domaine des Mérouanides de 990 à la fin du XI' siècle, habitat principal des Zaza;
Liva d’Ourfa, dans le coude de l’Euphrate, au nord d’une ligne Biredjik-Harran, zone de contact irrégulière avec Arabes nomades et Bédouins, déjà aux mains des Mérouanides en 1025, habitat des tribus dépendant des Azizan, Finek et Gourguil ;

Vilapet de Mardin, zone de transition plus à l’est comprise entre les massifs Karadja Dagh, Tour d’Abdin et Djebel Sindjar, actuellement à cheval sur les frontières turques, syriennes (bec de canard) et iraquiennes, c’est le pays des Yézidis depuis le Xe siècle ;

Vilayet de Diarbékir, au sud du Taurus arménien, centre des Merouanides (990-1096) et des Chaharmènes (1101M2.07), pays des Hakkiari et des Bitlis ;
Bohtan (vilayet de Seert), vallée du Bohtan Sou ou Tigre oriental, entre le Gharzan Dagh et le Djoudi Dagh, avec déjà la principauté kurde de Mâhkert au IV siècle, habitat des Azizan, Hakkiari et Zilan ;

Vilayet de Bitlis, à l’ouest du lac de Van, autour de la ville de fondation kurde Akhlat, siège des Rozeguites à partir de 837, puis du domaine des Chaharmènes (1100-1207), habitat des Bitlis ;
Vilayet de Van, à l’est du lac du même nom, et à l’ouest des monts Harki Oramar, chaîne qui joint l’Ararat au Zagros, vrai nœud des massifs kurdes, parfois volcanique (Sipan et Nimroud Dagh), domaine des Cheddadides au XIe siècle, des Raouadites et des Chaharmènes au XIIe, habitat des Bitlis et des Hakkiari ;

Vilayet des Hakkiari, au sud-est du Djoudi Dagh et à l’ouest du massif de Djoulamerg entre le Harki Oramar et le Zagros, pays d’origine des Eyoubites (début du XIIe siècle), habitat central des Hakkiari autour de Djoulamerg, des Nestoriens plus au sud ;

Cheikhan, partie nord du liva de Mossoul, avec les villes d’Amadia, Dohouk et Agra, entre le Tigre et le Grand Zab, la population kurde s’arrêtant dans la plaine au sud du Maqloub Dagh, à 40 km N.-E, de Mossoul, habité par les Kurdes et Nestoriens dès l’apparition de l’Islam (VIIe siècle), habitat des Hauraman Balbas, Daoudah Dizi, Al Jaf, Peshder, Barouari-Bala, Barouarizir, Hereki, Surji, Sendi et Gelli qu’on trouve aussi plus au sud ;

Liva d’Erbil (partie comprise entre la ville d’Erbil et l’Iran), entre le Grand Zab et le petit Zab, exclusivement kurde à partir de la ligne du Sefin Dagh, avec pour centre principal, outre Erbil, Rawandouz, région déjà kurde au moment de la bataille d’Erbil en 749, et des Bektaguinides d’Erbil (XIIe siècle), mêmes tribus plus les Baban et Barzani ;

Liva de Souleimaniyéh, entre le Petit Zab et le Diala ; la population kurde déborde même à l’ouest la ligne du Kara Dagh à Tchemtchemal, domaine des Hassanwaihides (959-1015) et des Banou Annaz (jusqu’en 1116), mêmes tribus et surtout les Hemavend et les Baban, fondateurs de Souleimaniyeh (1786).
Partie iranienne :

Loristan, presque entièrement entre Bouroudjird, le pic Kalah Kouh, le fleuve Karoun et les monts Poucht-i-Kouh qui prolongent le Zagros au sud, avec parfois des pointes en Iraq (Mandeli), domaine des Hazaraspides dès 1148-1339 et des Atabeks kurdes du Louristan du XIIe au XIXe siècle, c’est le pays des Lor ;

Kurdistan persan, ou gouvernement de Kermanshah, sur l’axe routier de Bagdad à Hamadan, par Kermanshah, Bisoutoun, Dinaver, Kongaver et Nehavend, entre les monts Zagros proprement dits à l’ouest et le Mont Elvend à l’est, domaine des Hassanwaihides (959-1015) et des Banou Annaz jusqu’en 1116, pays des Kelhourr et, dans le nord-ouest, des Djaff et des Gouran ;

District cF Hamadan, haute vallée du Kara Tchaï, mêmes indications que pour le Kurdistan persan ;

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