Le Vilayet de Diarbekir, Province Kurdo-Armenienne 1908-1914
Elise Macé
Institut d’Etudes Politiques de Paris
La première moitié du XIXème siècle a été marquée par la fin des émirats kurdes, conséquence de la pression exercée sur l’Empire par les Occidentaux. Les conflits entre tribus kurdes et forces ottomanes ont été la règle durant ce siècle mouvementé, les aghas et cheikhs kurdes cherchant par tous les moyens à défendre leurs acquis territoriaux menacés par l’Empire. Les révoltes des chefs kurdes Abdurrahman Pacha en 1805, celle de son fils Ahmed Pacha en 1812, celle de Mir Mohammed de Soran en 1834 tendent toutes à repousser les velléités des forces ottomanes et à étendre leurs zones d’influences au Kurdistan au profit de leur tribu. Le caractère « destructeur » de l’armée ottomane, qui brûle les villages et assassine les paysans kurdes, est gravé dans les esprits pour longtemps. L’échec de la révolte de Bédir Khan Bey en 1843-1847 marque la fin des émirats kurdes traditionnelles. « A partir du moment où (au début du XIXe siècle) l’Empire ottoman, au nom de la centralisation, se risque à supprimer le pouvoir principautaire kurde, il sème en même temps les premiers germes de conflits entre ces peuples (les différentes minorités religieuses et ethniques) afin ... |