Mon cher Mohl.
Vous aimez trop les études philologiques, pour ne pas prendre un vif intérêt à toutes les tentatives qui ont pour but le déchiffrement des écritures cunéiformes. Permettez-moi donc de dédier à votre bonne amitié ce premier résultat de mes recherches sur le système d'écriture que tous les philologues, d'un commun accord, et avec une très-grande apparence de raison, ont considéré comme représentant l'idiome des Mèdes. Vous savez que M. Westergaard le premier, avec la sagacité qui caractérise tout ce qui sort de sa plume, a pénétré les ténèbres dont cette mystérieuse écriture était enveloppée. En lisant son beau mémoire, j'ai pensé cependant qu'il y avait encore quelques épis à glaner sur ce terrain, tout bien défriché qu'il eût été, et je me suis efforcé de suivre les traces de mon savant devancier. Ai-je, au gré de mes espérances , recueilli chemin faisant une moisson qui méritât l'honneur de vous être offerte ? C'est à vous que je laisse le soin de le juger. Je suis bien loin (le croire que j'ai dit le dernier mot sur les textes précieux que j'ai discutés; mais si j'ai pu ajouter quelques faits nouveaux aux faits défit connus, je m'estimerai très-heureux.
Agréez, mon cher Mohl, l'expression bien sincère de tous mes sentiments de cordiale confraternité.
F. DE SAULCY. |