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Histoire des Ouranides


Auteur :
Éditeur : Cahiers du Sud Date & Lieu : 1952, Marceille
Préface : Pages : 10
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 140x220 mm
Code FIKP : Br. Gen. 83Thème : Histoire

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Histoire des Ouranides

Histoire des Ouranides

Stig Wikander

Cahiers du Sud


Avec le petit livre, Ouranos-Varuna, qu'il publia en 1934, Georges Dumézil inaugura une nouvelle époque dans l'étude de l'histoire des religions. En apparence, il ne s'agissait que de reprendre quelques questions un peu oubliées de l'ancienne mythologie comparée. On pourrait même se demander si l'auteur lui-même avait alors une conscience nette de la portée de ces recherches qui allaient l'amener peu après à nous montrer dans le mythe «le phénomène religieux supérieur, qui donne aux autres signification et efficace» (Jupiter Mars Quirinus, 1941, p. 16). Mais on y devine déjà cette méthode à laquelle ses plus récents ouvrages devront leur caractère si original, à voir l'analyse structurale des phénomènes mythiques, l'étude de l'influence d'une structure religieuse donnée sur les divers plans idéologiques qu'elle commande. D'ailleurs, le sujet même opposait des obstacles sérieux à une analyse plus "poussée. Car si le mythe grec ...



HISTOIRE DES OURANIDES

Stig Wikander


Avec le petit livre, Ouranos-Varuna, qu'il publia en 1934, Georges Dumézil inaugura une nouvelle époque dans l'étude de l'histoire des religions. En apparence, il ne s'agissait que de reprendre quelques questions un peu oubliées de l'ancienne mythologie comparée. On pourrait même se demander si l'auteur lui-même avait alors une conscience nette de la portée de ces recherches qui allaient l'amener peu après à nous montrer dans le mythe «le phénomène religieux supérieur, qui donne aux autres signification et efficace» (Jupiter Mars Quirinus, 1941, p. 16). Mais on y devine déjà cette méthode à laquelle ses plus récents ouvrages devront leur caractère si original, à voir l'analyse structurale des phénomènes mythiques, l'étude de l'influence d'une structure religieuse donnée sur les divers plans idéologiques qu'elle commande. D'ailleurs, le sujet même opposait des obstacles sérieux à une analyse plus "poussée. Car si le mythe grec des Ouranides offre, dans sa brutalité archaïque, une magnifique matière pour le mythologue, les données correspondantes du côté indien sont un peu décevantes et ne nous renseignent pas assez sur la figure de Varuna. A l'équation Ouranos-Varuna, on pourrait objecter que les ressemblances entre ces deux figures ne sortent guère du cadre des caractéristiques générales du roi divin, telles que la typologie d'un Frazer nous les a rendues familières, et par là, n'offrent rien d'une structure spéciale, rien de spécifiquement indo-européen. Cependant, l'auteur pressentait déjà dans quelle direction une enquête plus large devait orienter les études en ce domaine lorsqu'il remarqua notamment: « Il y a encore d'autres interprétations possibles toujours dans le cadre d'analogies qui a été dessiné: Kronos, entre les rois «sérieux» et légitimes Ouranos et Zeus, fait figure de roi de mascarade, de roi temporaire; peut-être en a-t-il toujours été ainsi: dans ce cas, l'histoire entière des Ouranides, d 'Ouranos à Zeus, constituerait un mythe unique... »

Rien de plus exact, en effet, mais les faits jusqu'alors accessibles. ne permettaient pas dé le prouver. Certes, on connaissait des traditions iraniennes se référant à une légende comparable au mythe des Ouranides : mais leur caractère récent et leur aspect pseudo-historique les rendaient suspectes en tant que témoins d'une mythologie archaïque. Cependant, l'interprétation des documents hittites (1) fit connaître une autre théogonie de l'antiquité qui permit de reprendre dans toute leur étendue les recherches comparatives sur ce point et de restituer un secteur important de la mythologie indo-européenne.

La ressemblance entre cette théogonie hittite et l'histoire des Ouranides selon Hésiode fut remarquée pour la première fois par E. Forrer en 1936. Fidèle à ses idées sur la nature des relations gréco-hittites, il voyait dans la théogonie hittite le modèle du récit d'Hésiode, parvenu à la connaissance des Grecs à travers l'Asie Mineure.

Mais l'article de Forrer fut une étape vite dépassée. De nouveaux documents furent publiés et traduits. La plus importante publication est celle de Hans-Gustav Gûterbock, parue en 1946, et qui accompagne les textes originaux (en transcription) d'une traduction et d'un commentaire.

La théogonie 'hittite raconte les péripéties de quatre roisdieux du monde qui se succèdent, chacun renversant de façon violente son prédécesseur. Les trois premiers s'appellent Alalou, Anou et Koumarbi. Le quatrième, le dieu de la foudre, le seigneur définitif et juste, n'est pas expressément nommé avec son nom dans les textes de la théogonie hittite nous savons cependant par d'autres textes que c'est Teshoub, dieu suprême des mythologies hourrite (2) et hittite, divinité habitant les montagnes et maniant le foudre, semblable à bien des égards à son collègue hellénique Zeus.

Dans son ouvrage, Güterbock traite aussi d'un second mythe que les textes hittites mettent en rapports immédiats avec le premier: pour se venger de sa défaite, Koumarbi détrôné par Teshoub crée un monstre de pierre Oullikoummi, qui reprend la lutte contre Teshoub mais qui, après maintes péripéties, est défait. Il a, entre autre, la mer pour alliée, et le mont Hazzi joue un certain rôle dans l'action. Ce dernier mythe est incontestablement apparenté à celui de la lutte entre Zeus et Typhoée-Typhon, mais seulement sous la forme où on le lit dans la Bibliothèque d'Apollodore et dans les Dionysiaques de Nonnos, non dans la Théogonie hésiodique. L'analogie ...

(1) On sait que l'empire hittite a été constitué en Asie Mineure (Mésopotamie) par des envahisseurs indo-européens au commencement du second millénaire avant notre ère et représente l'une des civilisations indo-européennes les plus anciennes. N.D.L.R.

(2) Les Hourrites installés en Asie Mineure, entre le Tigre et l'Euphrate, à l'époque hittite, étaient probablement non-indo-européens, si l'on en juge par leur langue. N.D.L.R.




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