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Introduction à l'Etude Comparative des Langues Indo-Européennes


Auteur :
Éditeur : Hachette Date & Lieu : 1953, Paris
Préface : Pages : 516
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 130x210 mm
Code FIKP : Liv. Fr.Thème : Histoire

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Introduction à l'Etude Comparative des Langues Indo-Européennes

Introduction à l'Etude Comparative des Langues Indo-Européennes

Antoine Meillet

Hachette


Ce livre a un objet très limité: celui d'indiquer brièvement les concordances qu'on observe entre les diverses langues indo-européennes et les conclusions qu'on en peut tirer.
Il n'est pas destiné aux personnes qui savent la grammaire comparée des langues indo-européennes: elles n'y trouveraient ni une idée nouvelle ni un fait nouveau. Il présente seulement un aperçu de la structure de l'indo-européen, telle que la grammaire comparée l'a révélée.
La connaissance du sanskrit est utile pour avoir une vue même ...



AVANT-PROPOS


Ce livre a un objet très limité: celui d'indiquer brièvement les concordances qu'on observe entre les diverses langues indo-européennes et les conclusions qu'on en peut tirer.

Il n'est pas destiné aux personnes qui savent la grammaire comparée des langues indo-européennes: elles n'y trouveraient ni une idée nouvelle ni un fait nouveau. Il présente seulement un aperçu de la structure de l'indo-européen, telle que la grammaire comparée l'a révélée.

La connaissance du sanskrit est utile pour avoir une vue même superficielle du sujet, et ceux qui voudraient pousser un peu avant ces études ne sauraient s'en dispenser non plus que de celle du grec; mais elle n'est pas nécessaire pour lire le présent ouvrage, et, bien qu'on ait dû naturellement citer des faits empruntés aux diverses langues de la famille, on s'est efforcé de rendre l'exposé intelligible à tout lecteur qui a étudié le grec.

Une esquisse de la grammaire comparée des langues indo-européennes n'est pas un traité de linguistique générale: les principes généraux de la linguistique n'ont donc été indiqués que dans la mesure où il a paru indispensable de le faire. Les lecteurs curieux de linguistique générale voudront bien se reporter aux ouvrages signalés dans la bibliographie, et notamment au Cours de F. de Saussure et au Langage de M. J. Vendryes.

Ce qui forme l'objet du présent exposé, ce sont uniquement les traits particuliers et caractéristiques d'une famille de langues définie, la famille indo-européenne. Mais on n'a pas cherché à suivre le développement de telle ou telle langue du groupe; c'est affaire aux grammaires comparées de l'indo-iranien, du grec, du germanique, etc. d'exposer cette histoire; ce livre ne porte que sur les concordances entre les diverses langues de la famille.

Ce n'est pas non plus une grammaire de l'indo-européen: l'indoeuropéen est inconnu, et les concordances sont la seule réalité qu'ait à étudier le comparatiste. La grammaire comparée n'a pas pour but de reconstruire l'indo-européen, mais, grâce à la détermination des éléments communs indiqués par les concordances, de mettre en évidence ce qui, dans chacun des idiomes historiquement attestés, est' la continuation d'une forme ancienne de la langue, et ce qui est dû à un développement propre et original. Elle se propose moins encore d'expliquer l'indo-européen: aucune méthode connue ne permet de faire, pour expliquer l'indoeuropéen, autre chose que des suppositions invérifiables.

Toutes les hypothèses relatives à la formation du système morphologique indo-européen ont donc été omises, et il n'a pas semblé utile de mentionner même celles qui passent pour le moins douteuses: à qui a le souci de la certitude et d'une rigueur scientifique, ce qui importe avant tout en pareille matière, c'est de savoir beaucoup ignorer.

On s'est abstenu de mêler aux problèmes précis et aux solutions certaines de la linguistique les questions obscures relatives à la race, à la religion, aux usages des peuples de langue indo-européenne : ces matières ne peuvent être traitées avec succès par les mêmes méthodes que la grammaire comparée ou par des méthodes analogues.

L'intérêt d'une matière ainsi réduite risque de paraître mince à beaucoup de lecteurs; il est pourtant très grand. En effet nul phénomène social n'est plus universel ni plus essentiel que le langage, nulle manifestation de l'esprit humain n'en traduit plus complètement ni d'une manière plus délicate et plus variée toute l'activité ; le sociologue et le psychologue ont donc besoin d'avoir sur la linguistique des notions précises ; et la famille des langues indo-européennes, de toutes la mieux étudiée et d'ailleurs la plus importante, est celle qui peut leur fournir les témoignages les plus utiles. Or, on ne saurait, d'une manière quelconque, en tirer partisans faire, un départ exact entre ce qui appartient à toutes les langues de la famille et ce qui provient d'innovations propres à chacune. Le grammairien qui étudie une langue indo-européenne, s'il ne connaît pas la grammaire comparée, doit se résigner à la pure et simple constatation des faits, sans en jamais tenter l'explication; car autrement il s'expose à expliquer à l'intérieur d'une langue, et par des particularités propres à celle-ci, des. faits antérieurs à cette langue et qui reconnaissent de tout autres causes

Un helléniste par exemple peut noter la coexistence de ... «il est» et de ... «ils sont», mais il n'a pas le moyen de rendre compte du rapport de ces deux formes; il peut apercevoir l'alternance de ..., cv et x dans ..., mais il n'en saurait donner aucune interprétation. On le voit, le grammairien n'a le droit d'ignorer la grammaire comparée qu'autant qu'il est capable de s'arrêter à la simple observation des faits bruts et de ne jamais essayer de les comprendre.

Les exposés élémentaires qui permettent de s'initier à la grammaire comparée répondent donc à un besoin urgent. Y. Henry a donné satisfaction à ce besoin du public français pour les langues les plus communément étudiées par ses Précis de grammaire comparée du grec et du latin, d'une part, de l'anglais et de l'allemand, de l'autre. On offre ici une esquisse d'ensemble qui permet d'embrasser d'un coup d' tout le groupe indo-européen, sans s'arrêter particulièrement sur l'une des langues qui le composent.

Comme pour toute autre langue, les différentes parties du système linguistique indo-européen forment un ensemble où tout se tient et dont il importe avant tout de comprendre le rigoureux enchaînement. Un livre de grammaire comparée n'est pas fait pour être consulté à l'occasion comme une grammaire descriptive, mais pour être lu d'un bouta l'autre, et il est impossible de tirer profit de la lecture d'un fragment isolé. Demander à la grammaire comparée l'explication d'une difficulté de détail d'une langue donnée avant de savoir exactement eh quoi la structure d'ensemble de cette langue diffère de celle de l'indo-européen, c'est déjà n'avoir pas compris. Chacun des traits de l'indo-européen a donc été analysé ici avec toute la précision qu'on a pu y mettre, mais il n'a son sens que dans l'ensemble dont il fait partie.

Outre cette nécessité d'embrasser un grand groupe de faits, la grammaire comparée présente une autre difficulté toute technique: dans les formes considérées, on ne doit jamais envisager que le point en discussion, en faisant abstraction de toutes les autres questions, toujours très multiples, qui peuvent se poser à propos de ces mêmes formes. Si par exemple le grec ..., le lituanien lëkù «je laisse», le latin linquō sont cités au point de vue de la gutturale finale de la racine, il ne faut fixer l'attention que sur la correspondance de grec x, lituanien k, latin qu, en oubliant provisoirement la différence de formation, et par suite de vocalisme, des présents grec et lituanien d'une part, latin de l'autre. Les personnes qui possèdent la grammaire comparée sont celles qui, dans un cas de ce genre, peuvent se représenter rapidement tout le détail de ces formes et de leurs variations depuis la période indo-européenne ; les débutants ou les personnes qui veulent se borner aux éléments doivent concentrer leur attention sur la partie du mot qui est étudiée, en négligeant le reste: ceci est surtout vrai d'un ouvrage général comme celui-ci où il était impossible de justifier dans le détail les rapprochements cités et d'expliquer les menues particularités propres à telle ou telle langue.

La tâche d'exposer des faits aussi complexes et aussi délicats n'aurait pas été aussi réalisable si les maîtres dont l'auteur du présent livre a reçu les leçons ne l'avaient dès longtemps facilitée : Michel Bréal qui, par ses livres et par son brillant enseignement au Collège de France, a su imposer la grammaire comparée au public français et a toujours soutenu depuis l'attention qu'il a si heureusement éveillée ; le regretté Abel Bergaigne et son éminent successeur, Victor Henry, qui ont institué l'enseignement de la grammaire comparée à l'Université de Paris ; Ferdinand de Saussure enfin, de qui l'on s'est surtout efforcé de s'assimiler et de reproduire la doctrine précise et systématique et la méthode rigoureuse: les personnes qui ont eu le bonheur d'entendre les leçons de F. de Saussure ou qui ont médité ses trop rares publications apercevront aisément tout ce que ce livre lui doit. On a usé sans scrupule du riche répertoire de faits bien contrôlés et bien classés et d'idées judicieuses qu'est le Grundriss de Brugmann et Delbrùck. Si le présent livre est capable de rendre quelques services, c'est surtout à ces savants que le mérite en est dû.

Au cours de l'exposé il n'a été intercalé aucune indication bibliographique ; les questions controversées ont été autant que possible évitées, et l'on s'est efforcé de s'en tenir aux résultats dont tout le monde doit convenir. En appendice sont ajoutés un bref historique de la grammaire comparée, indispensable pour comprendre comment cette science s'est constituée, et une série d'indications sur les ouvrages à consulter. En outre, un index renverra aux définitions de termes techniques données au cours de l'ouvrage.

La cinquième édition a profité des progrès réalisés depuis quelques années par la linguistique générale et par la grammaire comparée. La théorie générale des langues a pu être serrée de plus près, l'indo-européen a pu être déterminé de manière plus précise et prendre quelque chose de plus réel. Des erreurs de détail ont pu être corrigées. Quelques faits nouveaux ont pu s'ajouter.

On s'est aussi efforcé d'améliorer la rédaction, de la rendre plus claire et plus exacte.

Les regrettés V. Henry, R. Gauthiot, et MM. P. Boyer, M. Grammont et J. Vendryes ont conseillé l'auteur lors de la première édition.

Plusieurs des corrections apportées au texte depuis la seconde édition sont dues à des suggestions de Gauthiot et de M. J. Vendryes, d'autres aux traducteurs du livre en allemand, en russe et en polonais, MM. Printz, Kudriavskij et Michalski, ou à des lecteurs obligeants.

Enfin MM. Jules Bloch et J. Vendryes ont bien voulu revoir le texte de la cinquième édition qui leur doit des améliorations sensibles.

Janvier 1922



AVANT-PROPOS DE LA SEPTIÈME ÉDITION

Quand a été épuisée la sixième édition, cet ouvrage n'avait subi, depuis les menues retouches de 1922, aucun remaniement notable. Le moment était donc venu d'en revoir la rédaction d'un bout à l'autre et de mettre le livre à jour. Ceci demandait un long travail, que l'auteur n'a cessé de remettre de mois en mois, espérant pouvoir faire œuvre plus définitive. Cependant des vues nouvelles intervenaient à la fois en linguistique générale et en grammaire comparée des langues indo-européennes ; de plus, la connaissance des langues récemment découvertes se développait. Mais, malgré les progrès qui ont eu lieu dans la connaissance du tokharien d'une part, du hittite de l'autre, la mise en place des faits tokhariens et hittites dans l'ensemble de la grammaire comparée des langues indo-européennes n'est pas encore chose faite; les faits dès maintenant connus posent des problèmes plus qu'ils ne permettent d'aboutir à des solutions définitives. Comme l'état actuel de la recherche ne permet pas de prévoir quand ces solutions seront acquises, et comme, d'autre part, il reste beaucoup à faire pour introduire dans la grammaire comparée les vues nouvelles qui ont été proposées de divers côtés, notamment depuis la publication du livre posthume de F. de Saussure sur la linguistique générale et depuis le développement que ses vues ont entraîné à la fois à Genève et à Prague, il a paru à l'auteur du présent ouvrage qu'il y aurait inconvénient à suspendre plus longtemps une révision provisoire. On se contentera donc ici, pour cette fois, de mettre au point l'ouvrage sans y introduire de considérations de linguistique générale qui en changeraient l'économie, et sans prétendre y introduire non plus les notions qui résulteraient de l'emploi du tokharien et du hittite. Par suite, le livre ne subira encore aucune modification essentielle. Toute fois il y a été, sur beaucoup de questions, fait état de vues qui diffèrent sensiblement des vues exposées en 192a; et il a été tenu compte en une certaine mesure des faits apportés par le tokharien et le hittite. On aperçoit donc des problèmes qui restent à résoudre et le lecteur devra toujours penser que partout il demeure des questions posées.

Comme ma vue est maintenant gravement atteinte, je n'ai pu suivre que d'une manière imparfaite les dernières publications. Sans l'aide que m'a apportée M. Lejeune, je n'aurais pu mettre au point cette nouvelle révision. Je prie le lecteur de lui en savoir le gré que je lui en sais moi-même. Quant à la lecture des épreuves, M. Lejeune y a largement contribué, et j'ai beaucoup compté sur l'aide de M. E. Benveniste qui a tout revu de près et à qui je dois de nombreuses corrections.

Paris, 1934.



AVANT-PROPOS DE LA HUITIÈME ÉDITION

La révision de cet ouvrage, en vue de la huitième édition, a consisté en corrections purement matérielles et n'impliquant aucun changement dans les vues de l'auteur. Mais si le texte est resté identique à celui que A. Meillet avait établi pour la septième édition, la bibliographie a été enrichie des principales publications parues depuis 1934, et de quelques autres dont l'absence avait été signalée.

Paris, juin 1987. E. B.

 




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