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Livre Bleu du Gouvernement Britannique


Auteur :
Éditeur : Payot Date & Lieu : 1987, Paris
Préface : Pages : 558
Traduction : ISBN : 2-228-14170-4
Langue : FrançaisFormat : 140x230 mm
Code FIKP : Liv. Fra. Bry. Liv. Gén. 106Thème : Histoire

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Livre Bleu du Gouvernement Britannique

Livre Bleu du Gouvernement Britannique

Vicomte Bryce

Payot


Le Livre Bleu, publié en Grande-Bretagne en 1916, regroupe une série de documents que le gouvernement de Sa Majesté demanda à Lord Bryce de réunir et de présenter. Celui-ci s’adjoignit un jeune historien, devenu par la suite illustre: Arnold Toynbee. Ces documents, provenant de témoins oculaires dignes de foi, concernent la déportation et l’extermination des Arméniens de l’Empire ottoman dont le processus était encore en cours et qu’on considère comme le premier génocide du XXe siècle.

Ce génocide, reconnu en 1985 par la sous-commission contre les mesures discriminatoires et pour la protection des minorités des Nations Unies, est nié encore aujourd’hui par l’Etat turc. Les documents ici présentés constituent, avec les archives allemandes, les Mémoires de l’ambassadeur des Etats-Unis, Henri Morgenthau, les archives américaines du Département d’Etat et le Rapport du pasteur allemand Lepsius, des témoignages accablants sur le crime perpétré par le gouvernement Jeune-Turc.



PRÉSENTATION

Le Livre Bleu, publié en Grande-Bretagne en 1916, regroupe une série de documents que le gouvernement de Sa Majesté demande à Lord Bryce de réunir et présenter. Celui-ci s’adjoignit un jeune historien, devenu par la suite illustre: Arnold Toynbee. Ces documents, provenant de témoins oculaires dignes de foi, concernent la déportation et l'extermination des Arméniens de l’Empire ottoman dont le processus était encore en cours et qu’on considère aujourd’hui comme le premier génocide du XXe siècle.

Le Comité Union et Progrès — c’est ainsi que se désignaient les Jeunes-Turcs — est à l’origine de la décision de déporter les populations arméniennes. Huit ans auparavant, en 1908, ce comité avait renversé le régime autocratique du sultan Abdul Hamid II, avec pour projet d’instituer un régime fondé sur l’égalité des droits des diverses communautés de l’Empire.

Entre-temps, l’Empire ottoman, en déclin depuis longtemps déjà, est grignoté en Libye par l’Italie et, au cours des deux guerres balkaniques, par les nationalismes locaux. Quant au Comité d’Union et Progrès, il évolue de l’ottomanisme ouvert de ses débuts vers un panturquisme militant, expression, entre autres, d’un nationalisme humilié.

La Première Guerre mondiale, à laquelle l’Empire ottoman prend part aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, est, pour les Jeunes-Turcs, grâce à l’alliance avec l’Allemagne, une des grandes puissances industrielles de l’Europe, une occasion d'affermir l’Empire. Elle est surtout perçue, à l’égard de l’ennemi séculaire, la Russie, comme une démarche défensive destinée à conforter la sécurité de l’Empire et comme une possibilité d’expansion en direction des territoires turcophones dominés par l’Empire tzariste, en cas de défaite de ce dernier. Mais la campagne turque dans le
Caucase, menée au cours de l’hiver 1914-1915, est un désastre. Les troupes russes pénètrent en Anatolie orientale.

Les mesures de déportation des populations arméniennes sont décidées et prises au cours de la période qui va de février à avril 1915 — entre l’offensive russe et le débarquement des alliés à Gallipoli —, dans la mesure où les autorités estiment que les aspirations nationalistes des Arméniens représentent un danger potentiel. Mais les mesures de déportation, présentées comme le souci légitime d’un Etat pour sa sécurité et ne devant qu’affecter les provinces frontalières, ont une tout autre portée: les intellectuels et les notables arméniens de Constantinople sont déportés et liquidés en avril. Avant cela, les recrues arméniennes sont désarmées et exécutées par petits groupes; la population arménienne de l’ensemble de l’Anatolie est entièrement déportée. En route, son extermination est systématique. La moitié environ d’un peuple est assassinée.

Ce génocide, reconnu en 1985 par la sous-commission contre les mesures discriminatoires et pour la protection des minorités des Nations Unies, est nié aujourd’hui encore par l’Etat turc. Les documents ici présentés constituent, avec les archives allemandes (1), les Mémoires de l’ambassadeur des Etats-Unis, Henri Morgenthau (2), les archives américaines du Département d’Etat et le courageux livre du pasteur allemand Lepsius (3), des témoignages accablants sur le crime perpétré par le gouvernement Jeune-Turc.

Arnold Toynbee, dans les pages qu’il consacre vers la fin de sa vie à Lord Bryce(4), nous apprend que le Livre Bleu constitue aussi, outre l’authenticité de ses témoignages, un instrument de contre-propagande.

Au printemps 1915, les troupes russes, refluant devant l’armée allemande des territoires polonais et baltes, avaient perpétré des atrocités à l’encontre des populations juives. Exploitant ce crime, l’Etat-Major allemand convoquait des journalistes américains, sachant l’effet qu’auraient ces actes auprès des juifs des Etats-Unis dont l’influence politique n’était pas négligeable. En réponse à cette propagande dénonçant un allié des démocraties, le gouvernement britannique voulait dénoncer à son tour les horreurs commises par un allié des Puissances Centrales.

Ni Lord Bryce ni Toynbee n’étaient au fait de cette guerre psychologique, décidée en haut lieu et livrée auprès des opinions publiques. La Première Guerre mondiale donne naissance à l’usage moderne de la propagande, avec la manipulation de la psychologie des foules, à l’ère naissante des masses. Bryce comme Toynbee firent leur travail, en se fondant sur les faits.

Cinquante ans plus tard, les conclusions de Toynbee sont sans ambiguïté: «Les déportations furent délibérément conduites avec une brutalité calculée pour provoquer le maximum de victimes en route (5). Là est le crime du Comité Union et Progrès; et l’étude que j’y consacrai laissa sur mon esprit une impression qui ne fut pas effacée par le génocide commis avec encore plus de sang-froid et sur une plus grande échelle durant la Seconde Guerre mondiale par les Nazis (6). »

(1) Archives du génocide des Arméniens, recueillies et présentées par J. Lepsius. Préface d’A. Grosser, Fayard, 1985.
(2) Henri Morgenthau, Mémoires. Préface de Gérard Chaliand. En annexe, archives du Département d'Etat, Flammarion, 1984.
(3) Rapport secret sur les massacres d'Arménie, Johannes Lepsius. Préface de Paul Thibaud, Payot, 1987.
(4) A. Toynbee, Acquaintances, Oxford University Press, 1967.
(5) En français dans le texte.
(6) A. Toynbec, op. cit., p. 242.




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