AVANT-PROPOS
Les nations ne sont pas quelque chose d’étemel. Elles ont commencé, elles finiront. / Ernest Renan
Il s’agit d’intégrer les minorités pour les dépasser et d’assimiler les droits de l’homme - en les désidéologisant - pour mieux les transformer.
Omniprésents, les mouvements revendicatifs minoritaires se multiplient d’une manière significative et se disséminent à travers le monde, dans l’organisme des sociétés civiles, et mettent en question le fondement même des États. Pour comprendre ce phénomène et ce qu’il prédit, il faut savoir apprécier le sens du renversement historique qu’il renferme : après un long mouvement d’unification qui a conduit au triomphe de l’État-nation au XXe siècle, le XXe siècle sera sans doute celui de sa fragmentation. Plus précisément, le modèle de l’État-nation homogénéisant et le centralisme étatique paraissent maintenant anachroniques car l’effort d'intégration opposé à l’émiettement cède désormais le pas à la différenciation. Ce véritable tournant historique, paradoxalement contemporain d’un mouvement inverse de globalisation, impose donc un bouleversement du concept d’État-nation, la reconnaissance de la divisibilité du pouvoir d’État, de l’autonomie en son sein et de la singularité locale. Il faut penser de nouvelles formes d’organisation politique. L’ambiguïté des solutions retenues pour le Kosovo et le Timor oriental laisse cependant présager les difficultés d’une telle tâche.
Sous les états, des minorités
Les minorités c’est une histoire de biodiversité humaine. Le domaine des identités, des peuples minorisés et des communautés autochtones occupe désormais le devant de la scène partout dans le monde ’. Notre planète est un conglomérat d’innombrables minorités nationales et ethniques, culturelles, religieuses et confessionnelles, linguistiques, nomades, territoriales, transterritoriales, indigènes et tribales.
Montée des mouvements identitaires
Les mouvements minoritaires se multiplient partout d’une manière significative. Les fondements nationaux des États vacillent. Les États fédérés se désintègrent. Des menaces d’éclatement planent sur bon nombre de pays. En l’espace de quatre décennies, la configuration ethnogéogra-phique du monde et la répartition spatiale des populations se sont considérablement modifiées. Le nombre d’États a nettement augmenté en un temps historique relativement court. Or, depuis quelques temps, faisant face à l’affaiblissement des cohésions nationales, à l’instabilité des États et aux flux migratoires, la montée de forces centrifuges (régionalistes, autonomistes, sécessionnistes, souverainistes, associationnistes, rattachistes, partitiorinistes, intégristes) va en se ravivant. Ces mouvements appuyés par de fortes mémoires historico-culturellessont animés pour la plupart par un nationalisme de nostalgie, voire de souffrance, et soutenus par des … |