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Le nomadisme dans le nord du Khorassan


Auteur :
Éditeur : Peeters Date & Lieu : 1991, Louvain
Préface : Pages : 440
Traduction : ISBN : 90-6831-…-
Langue : FrançaisFormat : 160x240 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Pap. Nom N° 2766Thème : Sociologie

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Le nomadisme dans le nord du Khorassan

Le nomadisme dans le nord du Khorassan

Mohammad Hossein Papoli Yazdi


Editions Peeters


Dans le nord du Khorâssân se trouve la plus importante communauté Kurde vivant en dehors du Kurdistan. Parmi eux, se trouvent quelques milliers de familles nomades ou semi-nomades qui ont conservé leurs caractères ethniques et contrôlent une grande partie du petit bétail de la région. En perpétuant leurs longues migrations et leur mode de vie traditionnel, ces pasteurs longtemps brimés par des politiques qui leur étaient défavorables, ont souvent réussi à moderniser leurs activités.
M.-H. Papoli-Yazdi a consacré plusieurs années d’enquêtes minutieuses en toutes saisons, dans tous les campements et villages kurdes; il nous montre très concrètement comment ces populations souvent obligées de se sédentariser, ont su remplacer les chameaux par des camions et chercher à adapter leur « entreprise d’élevage » aux conditions actuelles du marché, dans un Iran en plein bouleversement.
Ce livre apporte non seulement un éclairage sans concessions sur la situation des campagnes et les possibilités d’évolution du nomadisme dans l’Iran d’aujourd’hui, mais aussi une réflexion sur l’intérêt économique des migrations pastorales dans des milieux écologiquement difficiles.


Mohammad-Hossein Papoli-Yazdi, né en 1949 à Yazd, a fait des études de géographie à l'Université Ferdowsi de Machhad puis à l’Université de Paris-Sorbonne. Il a été le premier géographe iranien à soutenir une thèse de doctorat ès lettres et sciences humaines. Spécialiste des campagnes iraniennes et de géographie culturelle, il est Professeur de géographie à Machhad depuis 1983, et à fondé en 1986 la revue Recherches Géographiques éditée par la Fondation Culturelle de l’Astâneh Ghods Razavi dont il dirige le département de géographie. Professeur associé à l’Université de Paris-Sorbonne en 1990, il est membre de l’équipe de recherche Sciences Sociales du Monde Iranien Contemporain du CNRS.



PREFACE

L'ouvrage que Mohammad Hossein Papoli-Yazdi a consacré aux nomades et semi-nomades du Khorâssân a valu à son auteur en 1983 le titre de Docteur ès Lettres, attribué pour la première fois, et la seule encore à ce jour, à un géographe iranien. C'est un travail pionnier, ces groupes étant restés jusqu'ici pratiquement inconnus. Il atteint d’autre part dans l’interprétation des mécanismes de leur évolution récente à une finesse d'analyse qui ne pouvait guère se rencontrer que chez un chercheur ayant assimilé les méthodes critiques occidentales mais possédant également un accès de l'intérieur à ces cultures d'approche difficile. Ce livre extrêmement dense, minutieux, précis, bourré de faits et de données, fera d'eux désormais une des sociétés nomades les mieux connues de la planète. En dehors de cette valeur monographique, l'étude a d'autre part une grande portée générale, pour la géographie culturelle et sociale. Elle contient de véritables morceaux d'anthologie, tels que la comparaison de l'évolution des semi-nomadismes kurde, turc et persan, qui montre comment des groupes ethniques différents et parvenus à un stade d'enracinement inégal peuvent réagir de façon très dissemblable à des mécanismes démographiques et économiques analogues; ou l'extraordinaire développement consacré à l'influence de l'introduction de la baratte mécanique à la fois sur la polygamie, l'évolution du tapis végétal, et la consommation du coca-cola ! Au total on possède là maintenant un traitement tout à fait pertinent d'un type d'évolution du nomadisme qui n'avait pas encore été analysé, celui qui se situe dans le cadre d'une économie en voie de développement et de modernisation accélérés, ce qui était le cas de l'Iran des années 1970-1980. Le nomadisme y a révélé, et qui s'en étonnerait, à la fois sa fragilité et en même temps sa très grande flexibilité et de très riches possibilités d'adaptation, qui permettent de lui réserver une place intéressante dans l'occupation du sol.

Xavier de Planhol



Avant-Propos

Ce livre est d’abord le résultat de très longues enquêtes

De 1968 à 1977, j'ai eu le privilège de participer avec les professeurs de géographie de l'Université de Machhad où je travaillais comme cartographe à plus de vingt-cinq campagnes de recherche dans le nord du Khorâssân. Ce travail collectif sur le terrain en compagnie de mes enseignants m’a permis à la fois d'accumuler des informations et de tracer les lignes directrices de mes recherches. C'est à partir de 1975 qu'ont été réalisées pendant deux années les enquêtes approfondies et de longue durée, en été comme en hiver, en vue de la réalisation d'une thèse de doctorat de troisième cycle. La dernière série de travaux de recherche sur le terrain a été rendue nécessaire après avoir suivi en France à partir de 1977, les enseignements de géographie de Xavier de Planhol à l'Université de Paris-Sorbonne et d'anthropologie des sociétés nomades de Jean-Pierre Digard à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Ces enseignements avaient en effet mis en évidence des questions nouvelles qu'il fallait impérativement tenter de résoudre en retournant sur place. Au total, plus de 250 villages et 90 campements ont ainsi été étudiés, dont certains à diverses reprises et à plusieurs années d'intervalle, pour mieux en voir l'évolution.

Si la présentation de ces enquêtes de terrain a abouti à la rédaction d'un doctorat ès lettres et sciences humaines en 1983, puis aujourd'hui à ce livre, c'est grâce aux encouragements, aux enseignements et à la patience de Xavier de Planhol. Depuis notre première rencontre à Téhéran lors du congrès des géographes iraniens en 1976, alors que je ne connaissais pas trois mots de français, j'ai reçu de sa part une aide constante et inestimable tant scientifique que personnelle, et je ne sais comment lui témoigner toute ma reconnaissance.

La publication de ce livre, extrait de la thèse soutenue devant l'Université de Paris-Sorbonne en 1983*, a été rendue possible grâce à l'aimable collaboration de mes amis de l'équipe de recherche CNRS Sciences Sociales du Monde Iranien Contemporain, dirigée par Jean-Pierre Digard, qui m'ont accueilli dans leur groupe et ont bien voulu m'aider à mettre en forme le manuscrit, en particulier Marcel Bazin, Bernard Hourcade et Marie-Magdeleine Bériel.

La réalisation technique de ce livre a été possible grâce à l'Institut Français de Recherche en Iran, dont le conseil scientifique a bien voulu en accepter la publication dans la Bibliothèque Iranienne. Je tiens à remercier tout particulièrement Bernard Hourcade qui a assuré le suivi de la fabrication et de l'édition de ce travail, avec l'aide technique pour le dessin et la cartographie de M. Duménil de l'Université de Reims, et de Madame D. Moureau du laboratoire Imagéo du CNRS, et pour la composition de M. Ilio Novellino.

La genèse de cet ouvrage ne serait pas complète si on oubliait d'en mentionner les principaux acteurs : tout d'abord les nomades Kurdes du Khorâssân dont l'hospitalité et la collaboration furent sans faille, en espérant que ces quelques pages sur leur vie difficile et leurs espoirs contribueront à rendre leur avenir moins sombre, ensuite mon ami Monsieur Despax dont l'aide et le soutien furent pour moi inestimables, et enfin, mon épouse Nargues Haji Khodaverdi Khân et mes enfants Leila, Ali et Homa auprès de qui j'ai trouvé la sérénité indispensable à la rédaction de ces longues pages parfois bien austères.

Paris, le 1 décembre 1990

1 Papoli-Yazdi, Mohammad-Hossein. Le nomadisme et le semi-nomadisme dans le nord du Khorâssân. Etude de géographie humaine. Paris, Université de Paris IV-Sorbonne, 1982. 2 vol., 742 p. (Thèse pour le doctorat d'Etat).



Introduction

Le Khorâssân n'est pas une région de nomadisme. C'est une des rares provinces d’Iran qui compte moins de 1 % de nomades dans sa population, alors que cette porte entre l'Iran et l'Asie centrale a été traversée au long de son histoire par toutes les invasions de nomades turco-mongols, et quelle a été longtemps dominée et administrée par des dynasties et gouverneurs d'origine nomade. Le Khorâssân est resté nés majoritairement une province persanophone peuplée de paysans sédentaires, aux villes anciennes et prestigieuses, à l'instar de Tous, Nichapour, Machhad, ou Sabzevar1. On ne trouve pas dans cette province l'équivalent des grandes confédérations nomades comme celles des Bakhtyari ou des Qashqa'i qui migrent dans les provinces ouest et sud-ouest de l'Iran, car les montagnes froides du nord-est de l'Iran sont exiguës et n'offrent pas les immenses pacages d'été qui existent dans le Zagros; quant aux plaines de piémont en bordure de la frontière soviétique, elles sont souvent étroites ou désertiques et ne fournissent pas en hiver les possibilités des plaines au climat doux du sud de l'Iran.

Comme dans beaucoup de régions d'Iran de très nombreux groupes ethniques non persans vivent dans le Khorâssân, mais la plupart ne sont que quelques centaines ou quelques milliers. Le peuplement kurde est par contre massif et concentré géographiquement dans le Nord de la province. Ce sont les descendants des quelques milliers de familles déportées sur les frontières de l'empire au XVIe siècle par Chah Abbas. Ces 500 000 Kurdes du Khorâssân constituent la plus importante communauté kurde située en dehors du Kurdistan, et parmi eux se trouvent des familles qui perpétuent le genre de vie nomade2.

En première analyse, ces quelques milliers nomades et semi-nomades pourraient être considérés comme une survivance marginale, car ils ne sont que 65 000, soit moins de 4 % de la population des cinq départements (chahrestân) concernés, et ont conservé, plus que les Kurdes sédentaires, les caractères ethniques qui les distinguent des populations turques et persanes. En 1976, la population nomade recensée officiellement sous l'appellation de "population tribale" ne représentait en effet que 5443 personnes, soit 0,33 % de l'ensemble de la population des cinq chahrestâns du nord du Khorâssân qui regroupaient alors 1 646 833 personnes, y compris la ville de Machhad.

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