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Le terrorisme d’etat en Turquie


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Weşan : Compte d'auteur Tarîx & Cîh : , Paris
Pêşgotin : Rûpel : 222
Wergêr : ISBN :
Ziman : Îngilîzî, FransizîEbad : 210x295 mm
Hejmara FIKP : Liv. Fre. Eng. Gen. Amd. Ter. N° 1166Mijar : Giştî

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Le terrorisme d’etat en Turquie

Le terrorisme d’etat en Turquie

Coupures de presse de 1982


Compte d’auteur


L'usage systématique de la torture avait entraîné la mort d'au moins 4 personnes au cours des derniers mois du cabinet Demirel et était de ce fait dénoncé par le barreau d'Istanbul, Amnesty International et la Fédération Internationale des Droits de 1'Homme.

La junte militaire a érigé la torture en méthode principale d'interrogatoire des détenus politiques, pour leur extorquer des aveux, leur faire signer des dépositions préalablement établies ou les obliger à déclarer devant les caméras de télévision que la torture n'existe pas en Turquie, Une gamme variée de sévices, allant des bastonnades (falaka) à l'application de l'électricité ...



LE TERRORISME D'ETAT EN TURQUIE

Le 12 Septembre dernier, pour la troisième fois en vingt ans, l’armée a pris le pouvoir à Ankara. L'intervention des généraux turcs invoquant la nécessité de "juguler le terrorisme et remettre sur les rails la démocratie défaillante" a été présentée à l'opinion comme un coup d'état presque salutaire.

Huit mois après, on est plus loin que jamais du retour à la démocratie, tandis qu'un implacable terrorisme d'état, pratiquant sur une vaste échelle la répression et la torture, violant quotidiennement les droits les plus élémentaires de l'homme, a remplacé le terrorisme des groupuscules.

Face au silence qui entoure le sort des dizaines de milliers de victimes de ce terrorisme d'état, nous tenons à porter à la connaissance de l'opinion les informations que nous avons pu recueillir sur la situation extrêmement alarmante qui règne en Turquie.

Liquidation des dernieres traces de democratie

Le coup d'état est intervenu à un moment où les libertés démocratiques étaient déjà gravement réduites : les provinces kurdes et quatre grandes villes turques étaient soumises depuis plus d'un an et demi aux rigueurs de l'état de siège, une centaine de publications de gauche interdites et au minimum 65 000 personnes arrêtées pour des motifs politiques (le Monde du 21/22/9 1980).

La junte militaire a repris à son compte en l'amplifiant cette politique de répression de masse que la droite conservatrice ne cessait d'appeler de ses voeux et qui rencontrait une vive résistance, notamment au Parlement et auprès des syndicats et associations de juristes. Dès leur arrivée au pouvoir, les généraux ont dissous le Parlement et les Conseils municipaux, "suspend les activités des partis politiques, interdit la central syndical progressiste D.I.S.K. (700 000 membres), les Unions professionnelles des Enseignants (TOB-DER), des fonctionnaires (TUM-DER) et toutes les autres associations à caractère culturel ou social, à l'exception du Croissant Rouge, du syndicat conservateur TURK-IS et des organisations patronales.

La militarisation de la vie publique se généralise s des officiers occupent les postes de direction de la Radio-Télévision, des principaux services publics et des municipalités. Sous couvert de "kemalisation". une orientation militariste,cocardière et extrêmement chauvine est donnée à l'enseignement.

La presse est muselée la suspension du quotidien CUMHURIYET (centre-gauche kemaliste) et l'arrestation de quelques journalistes ont conduit ce qui reste de la presse Turque à s'imposer une rigoureuse autocensure.

La grève et les manifestations sont interdites,1'état de siège et le couvre-feu sont en vigueur sur l'ensemble du territoire.

Arrestations massives

Selon les indications de source officielle, 45 245 personnes ont été arrêtées et écrouées au cours des cinq premiers mois du régime militaire (Milliyet du 20/2/1981). Le décomptage des chiffres publiés quotidiennement par les journaux turcs indique 17 452 arrestations supplémentaires pour la période du 20 février au 25 avril 1981. A ces 62 697 arrestations ordonnées par la junte militaire s'ajoutent les 65 000 effectuées jusqu'au jour du putsch par le cabinet Demirel.Compte tenu de la libération de quelques centaines de personnes, au terme du délai officiel de trois mois de garde a vue, il y a, à l'heure actuelle, dans les prisons militaires turque, au bas mot, 100 000 prisonniers politiques.

Et les arrestations se poursuivent au rythme de 7 000 à 9 000 personnes par mois. Selon le quotidien Milliyet, du 21 avril 1981, 123 527 personnes, dont le nom figure sur les listes de "terroristes" sont actuellement recherchée par les autorités militaires. Subtilité tactique laissant penser que les généraux turcs ont bien médité les enseignements de l'expérience de leurs collègues du Chili ; au lieu d'arrêter spectaculairement tous les opposants dès les premiers jours du Coup d'Etat, en provoquant le tollé général de l'opinion internationale, la junte turque procède à des arrestations graduelles, échelonnées sur plusieurs mois.

Elle a d'ailleurs tout son temps ; les pays occidentaux ayant, à peine trois semaines après le putsch, établi un rigoureux visa d'entrée pour les ressortissants turcs et les frontières avec les pays voisins étant sérieusement bouclées par l'armée et les champs de mines, les opposants n'auront de toute façon pas d'autre choix que d'attendre leur tour d'être arrêtés et torturés.
Contrairement à la propagande officielle, tous ces détenus ne sont pas des "terroristes". Dans leur grande majorité, ce son des gens qui n'ont jamais été mêlés à la violence politique et qui ont de surcroit systématiquement condanné et dénoncé celle-ci comme un instrument manipulé par les partisans d'un régime dictatorial ; ce sont des gens de gauche, d'origines sociales et culturelles diverses, coupables de mal penser, de délit d'opinion : juristes, universitaires, journalistes, élus municipaux syndicalistes, ouvriers, enseignants, collégiens, lycéens, étudiants, démocrates et patriotes kurdes etc...

Sont-ils des terroristes, les maires A. Isvan, A. Dincer et Mehdi Zana, régulièrement élus par leurs concitoyens d'Istanbul, d'Ankara et de Diyarbakir. Sont-ils des terroristes, les professeurs Aren et Besikci, l'ex-ministre d'origine kurde S. Elci, les responsables nationaux et départementaux de la centrale syndicale DISK, les enseignants de TOB-DER accusés de " séparatisme" pour avoir, lors de leurs assises pédagogique, prôné la scolarisation des enfants kurdes dans leur langue maternelle.

Les rares privilégiés ayant pu se réfugier à l'étranger seront déchus de leur nationalité turque pour "indignité nationale". Sont "indignes" et "apatrides" aux yeux de la junte Madame Boran, présidente du Parti Ouvrier de Turquie,71 ans, l'actrice Melike Demirag (la "muette" du film kurde "Le Troupeau"), les journalistes kurdes I. Aksoy, I. Burkay et O. Kotan, coupables d'élever la voie pour alerter l'opinion sur le martyre de leur peuple.

Tortures

L'usage systématique de la torture avait entraîné la mort d'au moins 4 personnes au cours des derniers mois du cabinet Demirel et était de ce fait dénoncé par le barreau d'Istanbul, Amnesty International et la Fédération Internationale des Droits de 1'Homme.

La junte militaire a érigé la torture en méthode principale d'interrogatoire des détenus politiques, pour leur extorquer des aveux, leur faire signer des dépositions préalablement établies ou les obliger à déclarer devant les caméras de télévision que la torture n'existe pas en Turquie, Une gamme variée de sévices, allant des bastonnades (falaka) à l'application de l'électricité sur diverses parties du corps est infligée à pratiquement tous les détenus.

Depuis le putsch du 12 Septembre, au moins 23 personnes sont mortes sous la torture : Ali Ekber Acar, Emin Alkan, Bekir Bas, Zeynel Abidin Ceylan, Mehmet Cizreli, Goksel Cavusoglu, Irfan Celik, Rafet Demir, Davut Elibol, Gulden Erdem, Ilhan Erdost (éditeur), Ahmet Hilmi Feyzioglu, Sadan Gazeteci, Ibrahim Keskim, Hasan Ozmen, Ergun Sen, Salih Tan, Necmettin Büyükkaya, Zeki Yumurtaci, M.A. Veziroglu (avocat de DISK).

De très nombreux détenus ont été mutilés à la suite de la torture. On nous a notamment signalé le cas de Mehdi ZANA, maire progressiste de Diyarbakir, capitale du Kurdistan de turquie. Agé de 41 ans M. ZANA qui, avant son arrestation en septembre dernier, était en excellente santé a perdu, sous la torture, l'usage d'une oreille et se trouve actuellement dans un très mauvais état général. Sept mois après sa détention en cellule de haute sécurité.
M. Zana continuait encore de subir des sévices fréquents parcequ'il refuse toujours d'apparaître à la télévision pour renier ses opinions politiques et déclarer qu'il n'a jamais été torturé.

D'Istanbul à Diyarbakir, partout les conditions de détention sont dignes des bagnes médiévaux : promiscuité, manque d'hygiène et de nourriture, etc...
Les détenus sont en outre astreints à chanter en choeur, sous la direction de leurs geôliers militaires, des chansons cocardières et à participer à des séances quotidiennes d'éducation kémaliste.

Cela constitue une véritable torture morale pour les militants de gauche turcs, viscéralement hostiles au "nationalisme bourgeois et chauvin" de Kemal Ataturk. Pour les kurdes, dont des centaines de milliers ont été massacrés dans les années 1930 sous le règne d'Ataturk, subir quotidiennment un lavage de cerveau kemaliste est aussi douloureux qu'un endoctrinement nazi pourrait l'être pour des Juifs.

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