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AVANT PROPOS
Ce travail est une brève approche de la medécine traditionnelle. Il repose avant tout sur des idées théoriques dont la plupart me sont venues à l'esprit lors de ma participation au cours d'Anthropologie Médicale du Laboratoire d'Ecologie Humaine de l'Université d'Aix-Marseille III.
J'exprime à ce propos ma gratitude profonde au Professeur Jean Benoist qui a accepté de diriger cette recherche et qui m'a orienté vers de nouvelles idées, à chaque fois que j'ai eu l'occasion de le contacter.
Je suis également reconnaissant envers M. Jean François Werner qui m'a aidé lors des corrections. Ses critiques ainsi que ses propositions ont joué un rôle essentiel.
Je tiens enfin à remercier Farid Ababous et Lionel Roche qui m'ont aidé pour la mise en page et la réalisation finale de mon travail.
Mustafa Aslan
Introduction
Ce travail est un projet de thèse de doctorat. Il a comme sujet le thérapeute traditionnel kurde. Nous nous sommes fixés comme but de savoir comment devient-on thérapeute ; quels sont les rapports sociaux entre ce dernier et la société. Ce qui nous a amené à étudier la structure sociale chez les Kurdes (cf. annexes : 1-2). En rapport avec celle-ci, nous traitons de l'importance de la santé dans la culture populaire kurde.
Avant d'entrer dans le vif du sujet nous abordons une autre problèmatique, celle de l'usage des termes et de leur sens par ceux qui étudient la medécine traditionnelle. Parmi ces termes nous présentons notre préférence, pour nommer celui qui pratique la medécine traditionnelle chez les Kurdes, en donnant nos arguments pour une telle préférence.
Dans la structure sociale chez les Kurdes, il existe deux types de relations. Les relations religieuses qui se fondent sur un principe binaire : Cheikh et son mourid, et les relations féodales ou tribales plus complexes que les premières. Car dans celles-ci, il s'agit en même temps des rapports familiaux, des relations entre les membres d'un groupe ou entre deux groupes, voire entre deux tribus. Ces deux types de rapports sont perceptibles partout chez les Kurdes, mais on ne les trouve pas souvent ensemble dans un même lieu. Dans un lieu où les relations religieuses dominent, les relations féodales sont très faibles et vice-versa.
Cette réalité sociale nous amène à poser certaines questions : Le thérapeute traditionnel se fait-il reconnaître d'une part par ses connaissances et ses pratiques médicales empiriques ou acquises ; et de l'autre par ses relations avec la société et par son statut social ou familial ? Autrement dit, met-il en jeu son statut social pour le fait d'être reconnu en tant que thérapeute ? Enfin, le fait essentiel pour devenir thérapeute ou être reconnu en tant que tel, relève-t-il des rapports sociaux ? A travers ces rapports, quels attributs lui donne t-on : comme l'intelligence et les capacités à bien agir et ainsi à trouver des solutions quand il faut ?
C'est autour de ces questions que s'organise notre réflexion.
Quant aux qualités qu'on attribue au thérapeute, elles ne naissent pas en un seul jour. Quand la société fait un tel jugement elle donne sans doute, en même temps, des arguments pour le justifier. Ainsi ces arguments lui permettent de dire : " il sait, il peut donc trouver le remède de notre maladie, de notre trouble, etc...". C'est ce qu'on va chercher en rapport avec le paragraphe précédent. C'est-à-dire quels sont les motifs qui font que les personnes en difficultés attribuent au thérapeute traditionnel cette affirmation du savoir ?
Cependant nous n'allons pas négliger la pratique des soins donnés et le savoir médical du thérapeute, même si nous lui accordons une importance secondaire. Il est probable que le thérapeute soit d'abord reconnu sur le plan social, mais l'efficacité de son action thérapeutique doit certainement être aussi fonction de la qualité des soins et des remèdes utilisés.
Pour observer un tel phénomène, on envisage d'appliquer la méthode ethnographique. On s'exprime dans les pages suivantes, sur le choix de la méthode et l'intérêt que celle-ci nous apportera, afin d'obtenir des données pour un tel travail.
L'objectif de ce projet de recherche est de mettre en évidence en premier lieu, les rapports sociaux qui orientent tel ou tel individu à être ou devenir thérapeute. En rapport avec ceci, nous rappelons ce que nous attendons d'un tel travail, sachant que toutes les idées abordées ici sont d'ordre théorique et ne reposent pas sur des données concrètes. Ces dernières ne seront possibles qu'à la suite d'une enquête sur le terrain.
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