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Confrerie des Naqshbandis au Kurdistan au XIXè Siècle


Auteur :
Éditeur : Université de Paris-Sorbonne Date & Lieu : 1983-06-01, Paris
Préface : Pages : 322
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 210 x 295mm
Code FIKP : Liv. Fre. Hak. Con. N° 3229Thème : Thèses

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Confrerie des Naqshbandis au Kurdistan au XIXè Siècle

Confrerie des Naqshbandis au Kurdistan au XIXè Siècle

Halkawt Hakim


Universite de Paris-Sorbonne


L’histoire des Kurdes est peu étudiée par rapport à leur rôle important dans les événements de l'Asie Centrale et du monde musulman au cours des siècles précédents. Hélas, même ce peu d’études présente un grand nombre d’oeuvres hostiles à ce peuple.
Beucoup de tentatives ont été et sont faites encore pour déformer les vraies images des Kurdes, pour un unique but : permettre aux divers gouvernements occupant le Kurdistan de liquider l’identité nationale kurde sous tous ses aspects. Cette situation est aujourd’hui dans une phase particulièrement violente. Il en résulte que la majeure partie de ce peuple ignore presque totalement ...



AVANT-PROPOS

Je remercie M. Jean-Paul Charnay sans l'aide de qui ce travail n'aurait pas pu voir le jour.
Je remercie également Mmes.Joyce Blau de Wangen et Christine Vautier, Ms. Dominique Ferrandini, Gérard Auboin et Abdel Ghani Kacimi pour leur aide primordiale.

Introduction

L’histoire des Kurdes est peu étudiée par rapport à leur rôle important dans les événements de l'Asie Centrale et du monde musulman au cours des siècles précédents. Hélas, même ce peu d’études présente un grand nombre d’oeuvres hostiles à ce peuple.
Beucoup de tentatives ont été et sont faites encore pour déformer les vraies images des Kurdes, pour un unique but : permettre aux divers gouvernements occupant le Kurdistan de liquider l’identité nationale kurde sous tous ses aspects. Cette situation est aujourd’hui dans une phase particulièrement violente. Il en résulte que la majeure partie de ce peuple ignore presque totalement son passé le plus lointain et même le plus proche.
La prise de conscience de cette réalité est née chez les Kurdes durant le siècle dernier ; les révoltes aux perspectives nationalistes en sont les conséquences. Au cours de notre siècle cette conscience engendra d’autres phénomènes, notamment la recherche objective, dans tous les domaines intellectuels et des sciences humaines, du passé kurde. Le chercheur kurde ou non-kurde doit faire face à trois obstacles majeurs : 1) la rareté des documentations disponibles, 2) une grande déformation que l’histoire des Kurdes a subi dans les écrits de ses adversaires, 3) d’un côté le chercheur de nationalité kurde se heurte à des séries de persécutions allant jusqu'à la prison, de l'autre, le kurdologue non-kurde ne voit devant lui absolument aucun encouragement, alors que beacoup d’autres domaines de recherches humaines peuvent lui en offrir. Cela, bien évidemment, est dû aux politiques chauvinistes des divers gouvernements qui partagent le Kurdistan. C’est dans ces conditions que les kurdologues entament et poursuiuent leurs travaux relatifs aux Kurdes.

L’histoire kurde présente de multiples aspects à etudier, et la plupart d'entre eux sont presque vierges, en particulier ceux qui remontent aux siècles précédents. La religion, surtout l’Islam, prend une importance primordiale pour l’impact fondamental qu’il avait sur la société et l'individu kurde depuis l'invas ion du Kurdistan par ” l’armée musulmane ” en 637.

Certains phénomènes de cette religion, comme les ïazîdis et les Ahl-e al-Haqq, ont attiré l'attention plus que d'autres : les confréries religieuses à titre d'exemple. Pourtant ces dernières avaient un rôle toujours beaucoup plus important dans la vie sociale et politique du Kurdistan. Pour saisir cette évidence il nous suffit de savoir que la majeure partie des dirigeants des mouvements nationalistes kurdes contre les colonn-ialistes ottomans et anglais, ainsi que contre le racisme des gouvernements des contrées où vivent les Kurdes, ont été des shôkhs de confréries. Bien entendu, ils dirigaient soit la Qâdir-iyya soit la Naqshbàndiyya.

Ainsi le shôkh cUbaydullâh Nahrî, qui mena en 1880 un large soulèvement contre l'Empire ottoman (voir, pp. 255-258 et le shêkh Sacîd, leader de la révolte de 1925 contre les Turcs Kemalistes (voir, pp. 259-262), et le général Barzani, dirigeant de nombreuses révoltes contre les occupants anglais de l’Irak, également chef de la dernière révolte (1961-1975), contre le gouvernement de Bagdad (voir, pp. 263-267), étaient tous des shêkhs naqshbandis. De même le shêkh MahmÛd Barzindjî, qui pendant la période entre les deux Guerres Mondiales dirigea contre les Anglais plusieurs soulèvements au Kurdistan irakien, appartenait à l’ordre qâdirî. Basile Nikitine    l’éthnologue spécialiste des Kurdes, avait souligné l'importance des shêkhs dans la société kurde de la manière suivante : ”Toujours est-il, que toute étude du milieu kurde doit réserver une place en vue aux sheikhs, à leur influence, à leurs sympathies et antipathies, au nombre de leurs adeptes etc... "

Aujourd’hui, une grande partie des Kurdes sunnites appartient soit à la Qâdiriyya soit à la Naqshbandiyya, dans une proportion favorisant la dernière confrérie. Peut-être n’exagérerait-on pas si l’on disait que le peuple kurde, plus que tout autre s’est engagé dans les confréries soufies et est arrivé parfois à considérer son shêkh comme un Prophète et se comporter avec lui ainsi.
Nous avons choisi pour cette étude le domaine confrérique. Et plus précisément la Naqshbandiyya dans ses premières années d'apparition au Kurdistan. Cette apparition avait souvent fait couler de l'encre et des idées, mais jamais une étude n’y a été entièrement consacrée pour creuser toutes ses dimensions.

Nous le faisons pour la première fois. L'objectif de ce travail est en effet la recherche de toutes les dimensions : sociale, politique, économique et religieuse de l’apparition de la Naqshbandiyya au Kurdistan au début du XIXe siècle. Ce sera également la première fois qu’on l'étudie sous ces angles, soulignés souvent par les auteurs mais jamais étudiés. Cependant il ne faut pas oublier que Martin van Bruinessen avait abordé profondément quelques aspects de ce sujet, dans son ouvrage : Agha, Saikh and State : on the social and political organisation of Kurdistan, Amsterdam, 1978. Mais d’autres aspects y restent soit absents, soit traités brièvement.

Nous avons limité le titre de cette étude au XIXe siecle bien que nous abordons assez en détail le notre, pour une raison simple: selon nous, l'histoire de cette confrérie au siècle passé nous apporte tout ce dont nous avons besoin pour comprendre ses particularités au niveau du Kurdistan. Son action au XXe siècle n'est que le prolongement de ce quv s'était passé auparavant, sans oublier, bien entendu, les caractéristiques de notre siècle.

Cette apparition et ses conséquences traduisent pour nous un mouvement social qui avait des positions politiques, des bases économiques et représentait les intérêts de certaines couches sociales dans la société kurde. Ses répercusions n’étaient pas, comme le pensent nombre d'auteurs, résultats des luttes personnelles ; elles n'étaient pas non plus une confrérie religieuse qui n'a rien à voir avec les situations politiques, à 1'instar des pensées appartenant à la Naqshbandiyya elle-même.

Pour atteindre ce but, notre méthodologie aura deux visées essentielles. Premièrement une reconstruction historique des événements politico-sociaux, avant et au début du XIXe siècle, et ceux qui ont accompagné la Naqshbandiyya, pendant les débuts de son apparition, en vue de pouvoir éclaircir et analyser les dimensions d’un mouvement social, tel que la Naqshbandiyya.

Il sera question, en partant du général au particulier, tout d’abord de traiter la situation dans l’enssemble du Kurdistan, ensuite plus particulièrement dans la principauté de Bâbân, où la Naqshbandiyya a vu le jour. Deuxièmement, pour répartir les chapitres de notre travail d’une manière qui peut suivre et compléter notre analyse générale du sujet, nous nous sommes inspirés de l'hypothèse clairement décrite par M. Jean-Paul Charnay dans son livre Sociologie Religiese de l’Islam : ” Toute recherche suppose une certaine adéquation entre les principes régissant l’objet de la recherche, et les principes découlant, d’une manière expresse ou implicite, des techniques qu’elle se propose de mettre en oeuvre. Sn d’autres termes, les manipulationsméthodologiquesdoivent déjà correspondre au moins relativement aux réalités poursuivies.” ko'. C’est dans cette optique que les chapitres sont établis.

Tout d’abord il était nécessaire de consacrer un chapitre ( le premier ) à la question: qu’est-ce que la Naqshbandiyya? En effet, une telle question ne trouve pas de réponse en langue française. Nous avons tenté d'apporter brièvement tout ce qui peut être important sur les aspects historiques, rituels et relatifs auxdeux fondateurs de cette confrérie.

Le deuxième chapitre traitera des situations politico-sociales, économico-religieuses générales du Kurdistan tout …

 




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