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Techniques et Culture des Nomades Baxtyari d’Iran


Nivîskar :
Weşan : Université René Descartes Tarîx & Cîh : 0173-01-01, Paris
Pêşgotin : Rûpel : 286
Wergêr : ISBN :
Ziman : FransizîEbad : 210 x 295mm
Hejmara FIKP : Liv. Fre. Dig. Tec. N° 985Mijar : Tez

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Techniques et Culture des Nomades Baxtyari d’Iran


Techniques et Culture des Nomades Baxtyari d’Iran

Jean-Pierre Digard


Université René Descartes


Les Baxtyâri, au nombre d’environ 600 000 (4), forment l’une Ses plus importantes tribus d’Iran. Leur territoire, d’une superficie approximative de 75 000 km2, est situé dans la partie méridionale du massif du Zâgros entre Esfahân et Ahvâz (fig. 1). Ils sont de religioi musulmane shiite et parlent le lori, dialecte iranien du sud-ouest commun, à quelques variantes près, à plusieurs tribus de cette région (Mamasani et Boyer-Ahmadi du Fârs au sud, Lor au nord).
La tribu Baxtyâri : il-Baxtvâri. est divisée ...



AVANT-PROPOS

Les matériaux qui sont présentés ici (ainsi que d'autres) ont été recueillis, non sans quelques difficultés (d'ordre administratif surtout), au cours de deux séjours effectués en Iran de juillet 1969 à juillet 1970 (plus précisément sur le terrain d'août à décembre 1969 puis de mai à juillet 1970) et enfin d’avril à juillet 1972 (1). Ce volumg, qui constitue le premier volet d’une étude ethnologique (ou anthropologique, comme l'on voudra) des Baxtyâri, est consacré aux techniques. Ce choix pourra paraître à certains inintéressant ou insuffisant : aujourd'hui, dans les milieux ethnologiques français, la technologie n'est guère à la mode. Je n'ai pas à m'excuser de m'intéresser aux techniques - on pourrait plutôt déplorer que trop d’ethnologues les délaissent -, mais simplement à expliquer pourquoi j'en traite en premier et pourquoi je ne traite, ici, que d'elles. Il y a à cela des raisons théoriques et des raisons pratiques. De même que les hommes ne pensent pas indépendamment du langage, aucune société n'existe ni ne s'organise indépendamment des ressources qui s'offrent à elle pour assurer sa subsistance et des moyens techniques dont elle dispose pour les exploiter. On oublie trop souvent cette vérité première. Or elle trouve aussi bien son application au niveau de la recherche sur le terrain. De même qu'un ethnologue ne saurait se dispenser d'apprendre (à moins de la savoir par ailleurs) la langue de ses hôtes aussitôt arrivé parmi eux, c'est par l'étude des techniques que son travail devrait commencer. Les deux démarches - enquête linguistique et enquête technologique - sont d'ailleurs étroitement liées pour d'évidentes raisons de commodité. La priorité accordée à l'une comme à l’autre se justifie d'autre part par le peu de méfiance qu'elles éveillent généralement : le temps qui leur est consacré permet de mieux lier connaissance avec les informateurs avant d'aborder les sujets plus délicats comme l'économie, l'organisation sociale, la religion, etc. C'est en tout cas ainsi que j'ai procédé, et comme les informations concernant les techniques ont été parmi les premières à. être recueillies, il est normal qu’elles soient prêtes avant les autres pour une présentation des résultats qu’on souhaite ne pas voir intervenir trop tardivement.

Ceci dit, je ne considère pas la technologie comme une fin en soi, mais comme un des angles d’attaque possibles de la réalité sociale globale, et comme un palier nécessaire de la démarche anthropologique. Or pour intégrer, comme il eut été légitime de le faire, données techniques, économiques et sociales dans un même ensemble, il m’aurait fallu, soit allonger démesurément ce travail, soit m’en tenir à un niveau de généralité des faits qui ne me semble pas souhaitable dans l’état actuel des connaissances sur les Baxtyâri. J’ai donc décidé de consacrer à cette entreprise un ouvrage ultérieur, qui réunira les présents matériaux et d’autres, concernant notamment l’économie et l'organisation sociale des Baxtyâri, et de me limiter pour l’instant à faire modestement, pour un domaine précis de l’activité sociale, oeuvre d’ethnographe, Je n’en éprouve d’ailleurs pas de honte particulière car je ne voii pas qu’il y ait - quoiqu’on dise - à faire de l’ethnographie, c’est-à-dire à décrire avant d’interpréter, rien de si négligeable ou de si détestable: on sait encore trop peu de choses des Baxtyâri et des tribus iraniennes en général pour qu’une information neuve ne constitue pas déjà un grand progrès et pour qu’on puisse s’exposer à déformer les faits en cherchant à les faire trop parler, et trop tôt. Je m’y suis senti d’autant moins auto ri si que, précisément, les faits dont je traite ici sont empruntés à un seul "sous-système de la vie sociale", selon l’expression de G. Gurvitch.

Néanmoins, j’ai essayé de ne pas pratiquer une technologie désincarnée, qui masquerait les hommes et leurs préoccupations, ou une anthropologie culturelle derrière laquelle disparaîtraitnt la société et ses conflits. C’est pour répondre en partie à ce souci que je donne en tête de ce travail, dans un chapitre intitulé "cadres généraux de l'action technique", quelques indications sur le milieu naturel et l’utilisation de l’espace, sur l’organisation de la société Baxtyâri et ses rapports avec la société globale. Ces indications constituent évidemment une anticipation sur le travail d'ensemble annoncé précédemment, mais elles me semblent nécessaires pour une meilleure compréhension des chapitres qui suivent. Certaines ont d’ailleurs été déjà données dans un travail antérieur (2); les autres sont inédites et ont été recueillies depuis sur le terrain.

C’est le même souci que traduisent d'autre part le choix des techniques étudiées et le point de vue adopté pour leur présentation. Ce travail se limite en effet aux techniques employées habituellement, sinon quotidiennement par les nomades Baxtyâri pour assurer matériellement leur subsistance et la vie du groupe en général. Seront donc laissées de côté, au moins provisoirement, les techniques ludiques, magiques, etc, qui ne présentent pas chez les Baxtyâri d'intérêt économique dans la mesure où elles ne visent pas à la production ou à l'acquisition de biens matériels. Corollairement, le point de vue adopté ici est fonctionnel (satisfaction des besoins) plutôt que dynamique (technologique). Ainsi, par exemple, l'araire ne sera pas considéré comme percussion oblique posée à transmission rectiligne directe adaptée au travail des plastiques de faible cohésion, mais comme outil utilisé pour labourer la terre en vue d'en obtenir des denrées nécessaires à l’alimentation humaine. Il n’y a là qu'une simple différence de point de vue, mais qui a son importance notamment en vue de l'utilisation ultérieure de ces matériaux dans une perspective économique et sociologique.

Pour ce qui est du vocabulaire descriptif (à moins d'indication contraire donnée dans le texte) et de la classification des techniques, je m'inspire largement des travaux d'A. Leroi-Gourhan (5) J’ai simplement été amené, pour des raisons de commodité dans la description, à placer les techniques de fabrication, suivies des transports, après les techniques d'acquisition. Cet ordre - il en faut bien un - n'est ni plus ni moins arbitraire qu'un autre : tout se tient dans la réalité, et il me parait vain d’espérer la rendre parfaitement tant qu’on ne disposera pour le faire que du discours linéaire. En particulier, ce serait peine perdue que d’essayer de trancher à qui, des techniques de fabrication ou de celles d’acquisition, doit revenir la première place du point de vue de la systématique : on ne peut pas fabriquer d’outil sans avoir acquis préalablement des matières premières, ni (dans la majorité des cas) acquérir de matières premières si l’on ne dispose pas d’outils. Plus sérieux me semble être le problème de l’emploi de termes et de catégories sur la valeur desquels la technologie et l’économie ne s’accordent pas. Ainsi, pour les économistes, la production recouvre l’ensemble des processus techniques d’acquisition et de fabrication, mais également tous ceux, dits de consommation par les technologues, qui servent à la fabrication des biens de consommation : habitation, aliments, vêtements. De même, et surtout, le domaine de la consommation au sens où l’entendent les économistes c’est-à-dire la destruction par l’usage des produits et des moyens de production (consommation productive) s’étend à toutes les activités techniques, d’acquisition et de fabrication comprises, et non seulement à celles de consommation. Cette interférence des champs sémantiques me semble constituer pour l’instant le principal obstacle au rapprochement, souhaitable pour l’anthropologie, des vues dé la technologie et de celles de l’économie. La solution de ce délicat problème est encore lointaine. Mais il est néanmoins possible, par des précautions particulières de vocabulaire et par quelques astuces de classification, de ne pas en obstruer davantage l’accès, toujours dans la perspective d’un travail ultérieur. Par exemple, s’agissant des points qui viennent d’être soulevés, je m’efforcerai de proscrire l’emploi des termes d’acquisition, de fabrication et surtout de consommation pour désigner des catégories systématiques. De même, s’agissant de l’habitation, de l’ai mentation et du vêtement, je distinguerai autant que possible la production des biens de consommation de leur utilisation : construc tion/occupation, préparâtion/absorption, confection/port. Cette distribution donne lieu à des rubriques plus nombreuses, mais qui ne s’en trouvent pas plus équilibrées pour autant. Le fait que l’élevage ou le tissage occupe ici une place beaucoup plus impor tante que d’autres techniques correspondent chez les Baxtyâri à une réalité profonde ; je n’ai pas cru bon de la sacrifier à une coquetterie de mise en page.

Il faut insister encore une fois sur le fait que ce travail s’intéresse aux techniques. Ainsi, par exemple, à propos de la reproduction des animaux, c’est des techniques employées pour assurer le succès de la gestation, de la parturition, de la croissance des jeunes, etc, dont il sera question, et non des calculs auxquels les éleveurs doivent se livrer pour savoir combien dè bêtes il leur faudra ne pas vendre pour remplacer celles à réformer - ceci devant faire ultérieurement l’objet d’une analyse plus proprement économique. Je ne donne donc ici, dans le texte ou en annexe, que les informations chiffrées qui sont nécessaires pour éclairer tel ou tel point. On trouvera également en annexe : les notes, les indications bibliographiques le système de transcription utilisé, une liste des principales unités de poids et de mesure et, en règle générale, tous les documents appelés à être consultés plus d’une fois au cours de la lecture. Enfin, considérant qu’un document photographique ou un dessin, même sans art, pourvu qu’il soit clair et bien placé, pouvait parfois avantageusement remplacer un long discours, j’ai fait une large utilisation de l’iconographie, en incluant pour plus de commodité dans la lecture, figures, photographies, cartes, tableaux dans une même numérotation (les chiffres corres pondant àl'iconographie ont été soulignés pour les distinguer plus clairement des renvois aux notes).

Chapitre I
Cadres Generaux de l’Action Technique

I. L’Organisation Sociale des Baxtyâri

Les Baxtyâri, au nombre d’environ 600 000 (4), forment l’une Ses plus importantes tribus d’Iran. Leur territoire, d’une superficie approximative de 75 000 km2, est situé dans la partie méridionale du massif du Zâgros entre Esfahân et Ahvâz (fig. 1). Ils sont de religioi musulmane shiite et parlent le lori, dialecte iranien du sud-ouest commun, à quelques variantes près, à plusieurs tribus de cette région (Mamasani et Boyer-Ahmadi du Fârs au sud, Lor au nord).

La tribu Baxtyâri : il-Baxtvâri. est divisée en deux fractions: baxM ou qesmat (Haft-Lang et Câr-Lang), elles-mêmes subdivisées en plusieurs bâb ou buluk (Dureki, Bâbâdi, Behdârvand, etc), puis en tâyefa (Zarâsvand, Gand’Ali, Bâbâ-Ahmadi, etc), en tira, en taé, en owlâd, en fâmil et en xunevar (voir fig. 3; il faudrait plusieurs dizaines de pages pour donner 1 * » rgan i gr amm a complet de la tribu: je n’ai donc fait figurer sur ce tableau que les groupes correspondant aux campements étudiés plus particulièrement, notamment ceux de Farâmarz Mahmudi, Bâbâ-Ahmadi, et de Ja’far Qoli Rostami, Bâbâdi, dont on trouvera la composition détaillée en annexe).

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