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Les Kurdes et le Parti Social Democrate


Auteur :
Éditeur : Université de Paris X Date & Lieu : 1991-03-01, Paris
Préface : Pages : 96
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 210 x 295mm
Code FIKP : Liv. Fre. Cig. Kur. N° 3223Thème : Politique

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Les Kurdes et le Parti Social Democrate

Les Kurdes et le Parti Social Democrate

Sabri Cigerli

Université Paris X - Nanterre

Les Kurdes sont l'une des communautés les plus nombreuses du Moyen-Orient. En Turquie, ils forment un ensemble d'individus relativement homogène, qui partagent la même langue, qui revendiquent l'appartenance à un même environnement culturel. Pourtant, dans chacun des pays qui se partagent leur territoire, les Kurdes ne représentent qu'une minorité de la population.
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INTRODUCTION

Le thème que nous nous proposons d'étudier : "Les Kurdes et le Parti Social Démocrate, SHP” a pour but de cerner la place des Kurdes dans la vie politique turque, au travers du Parti Social Démocrate, SHP,
En Turquie, comme aucune publication sur les Kurdes n'est autorisée et que les livres ou articles qui ont été écrits sur les Kurdes ont été retirés immédiatement, on se contentera pour ce mémoire d’utiliser les livres et documents que l'on peut trouver en France.

Aucun document n'existe sur les relations entre les partis politiques turcs et les Kurdes, et peu d interviews ont pu être faites avec les responsables de partis, puisque les déclarations au sujet des Kurdes sont interdites.
Depuis 1980, des livres ont été écrits surtout par des militaires^ ). ou par des nationalistes turcs, et publiés par le "Centre de Recherches sur la Culture Turque ", qui dépend du 1er Ministre. Dans ces livres on ne peut trouver que des textes niant ou méprisant les Kurdes.

En Turquie, c est l'idéologie officielle qui limite la possibilité d écrire sur les Kurdes : un chercheur ou un écrivain ne peut écrire que dans le cadre de l'idéologie officielle.

C’est pourquoi les Kurdes ne peuvent pas créer de parti politique kurde et sont donc obligés de faire de la politique à l'intérieur des partis existants, en niant leur identité.

De ce fait on ne connait pas très bien tous les politiciens et députés d'origine kurde en Turquie. Ils ne peuvent pas défendre la cause kurde du fait que celle-ci est interdite dans les programmes des partis, non pas directement, mais sous forme d'une adhésion sans discussion à l'unité du pays. Dans le cas contraire, ils risquent l'exclusion du parti ou un procès)
Les Kurdes doivent donc nier leur identité pour pouvoir travailler et vivre normalement.

Ceci est spécifié par le décret N° 2932 de 1983, et par les articles 26, 28 et 42 de la Constitution (Annexe n’ 1 ).

Nous traiterons du problème kurde au travers du SHP, car ce parti, à la différence des autres partis, regroupait surtout des Kurdes actifs, militants, désirant atteindre un objectif politique par rapport au problème kurde. Mais depuis Juin 1990, date à laquelle sept députés d’origine kurde ont été exclus et où d'autres ont démissionné, la position des militants kurdes a changé.

Ces représentants kurdes ont créé ensuite le "Parti du Labeur du Peuple ", HEP, pro-kurde dans les faits.

Pour comprendre la politique du SHP par rapport au problème kurde, on étudiera le Parti Républicain Populaire, CHP, dés 1923 (date de sa création), dont le SHP se veut l’héritier politique. Le CHP s'est intéressé aux droits de l'homme au Kurdistan, surtout entre 1973 et 1977, et a fait des propositions pour supprimer la discrimination entre Turcs et Kurdes résultant à la fois des textes législatifs et des réalités économiques.

Au début de son existence, le SHP a eu le même langage que son prédécesseur, le CHP, en se montrant défenseur des droits de l'homme (thème cité plusieurs fois dans son programme).

Le SHP se dit favorable aux organismes défendant les droits de l'homme, à la création d’un Parti Communiste et de partis religieux, bien que ces partis différent idéologiquement de lui. Le SHP est membre de l'internationale Socialiste. Toutes ces positions ont donc incité les militants kurdes à être membres du SHP.

Le problème est donc de voir comment un parti d'opposition, autorisé, qui doit reprendre le discours idéologique officiel, peut défendre une minorité niée.
Cette contradiction semble se résoudre par l’émission de deux discours parallèles qui visent à la fois l’électorat turc et l’électorat kurde.
L’arrivée au pouvoir ne peut dès lors qu approfondir ce "double jeu" et rendre cette instrumentalisation du vote des Kurdes claire aux yeux de ceux-ci.

Les années 1980 ont par ailleurs connu une forte reprise des mouvements activistes dans le Kurdistan.
Pour comprendre et approfondir ce problème, il est nécessaire d’avoir un aperçu historique de la vie politique turque, après avoir défini la réalité du peuple kurde.

Il convient d'analyser, dans un deuxième temps, le Parti Social Démocrate, SHP, son idéologie officielle, son organisation interne, ses querelles et ses divisions idéologiques sur le problème kurde.

Dans une troisième partie, nous traiterons plus spécifiquement de la position et de révolution du SHP par rapport à la question kurde, et donc de son instrumentalisation, mais aussi de la place des Kurdes dans le système politique et leur action hors du système (organisation du mouvement kurde).

(1) - Général Nazmi Sevgen : "Turk Kurtleri" = "Les Kurdes viennent des Turcs"
- Colonel Nasit Akki : "Dersim"
- Dr Fahrettin Kirzioglu : "Kurtlerin Turklügü" = "La façon d'être turc des Kurdes”
- Général Kenan Esengin. "Kurtculuk sorunu" = "Le problème kurdiste" etc...
(2) Sept députés d’origine kurde du Parti Social Démocrate, SHP, ont été exclus du parti après leur participation à la Conférence Internationale sur les Kurdes qui s'est tenue à Paris en 1990. Un député (Ibrahim Aksoy) a été exclu du SHP parce qu'il avait proclamé l'existence kurde en Turquie.

Partie A

A - Aperçu Historique de la Vie Politique Turque.

I - Les Kurdes et le Kurdistan

Les Kurdes sont l'une des communautés les plus nombreuses du Moyen-Orient. En Turquie, ils forment un ensemble d'individus relativement homogène, qui partagent la même langue, qui revendiquent l'appartenance à un même environnement culturel. Pourtant, dans chacun des pays qui se partagent leur territoire, les Kurdes ne représentent qu'une minorité de la population.

1) Le peuple Kurde

Les historiens, les archéologues et les linguistes n'ont pas encore déterminé l'époque exacte de l'apparition des Kurdes dans l'histoire U).
Descendent-ils des Cardouques dont parle Xénophon (430-355 av JC, dans son livre "L Anaphase") ou d'autres peuples asiatiques comme les Khaldes, les Géorgiens, les Arméniens dont ils parlaient jadis la langue, qui sera remplacée plus tard par un idiome iranien (Basile Nikitine), ou encore d'une branche des Mèdes dont le Roi Cyaxare fit la conquête de l'Assyrie et de l'Empire Anatolien en 612 av JC (Roger Caratini). Il est probable que l'extension des Kurdes s'est faite de la Perse vers l'ouest et que des éléments autochtones se sont joints aux colons iraniens pour former le peuple kurde.
Le mot "kurde" est apparu au VIIe siècle, sous la plume des historiens arabes parlant des tribus d'Iran. Au XIIe siècle (1157) une province nommée "Kurdistan" est créée par le Sultan turc Saldjukide Sandar. "C'est à partir de leur islamisation, au IXe siècle, que l'histoire des Kurdes est mieux connue" (Basile.Nikitine).

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(1 ) Il est à noter que tous les documents et les monuments faits par les Kurdes ont été détruits régulièrement par les Etats où vivent les Kurdes.

 




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