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INTRODUCTION
Qui sont les Kurdes ? Pourquoi focalisons-nous notre recherche sur le Kurdistan d’Iran de 1979 à 1980 ? Parce que cette révolution a été l’occasion de réaliser l’autonomie d’un peuple qui la réclame et lutte depuis très longtemps pour l’obtenir.
Les kurdes sont répartis sur cinq pays : l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Turquie et L’U.R.S.S. Ceci résulte d’une part, du tracé des frontières historiques entre l’Iran et l’empire Ottoman établies dès le XVH siècle et d’autre part, de la division de l’empire Ottoman au lendemain de la première guerre mondiale. Il faut cependant avoir en mémoire que de toute son existence le peuple kurde n’a jamais eu de force politique capable de réussir l’unification.
L’idée d’un Kurdistan indépendant ne se manifeste qu’après la première guerre mondiale, quand les gouvernements des pays victorieux ont voulu conserver le principe d’Etat nation. Ils ont alors divisé l’empire ottoman en pays tout en les conservant sous leur mandat.
Avec l'accession au pouvoir de Mustapha Kamal (Atatürk), le projet de Kurdistan indépendant a été enterré lors de la conférence de Lausanne. Depuis les Kurdes se battent pour accéder à leur autonomie dans le cadre du pays où ils vivent.
Les Kurdes d’Iran vivent dans le Nord-Ouest de l’Iran, région montagneuse, de climat continental. Divisée administrativement en quatre provinces, seule la partie centrale était nommée officiellement "Kurdistan". Sa population était de 3,466782 d’habitants en 1976. Ce mémoire de maîtrise a pour objectif de retracer les événements survenus en Iran de 1979, c’est à dire du début du développement des mouvements contestataires qui aboutirent à la chute du Shâh jusqu’au référendum du 2 décembre 1979. Celui-ci concernait l’approbation de la nouvelle constitution dans laquelle les Kurdes auraient voulu introduire leur autonomie. Nous démonterons l’effet de la révolution de 1979 sur le mouvement kurde et nous étudierons la réaction de la République Islamique envers ceux-ci.
Notre étude consistera en trois chapitres, plus un chapitre préliminaire qui évoquera les kurdes d’Iran avant la révolution de 1979, afin de mieux connaître la société kurde et son mouvement national. Pendant la deuxième guerre mondiale les mouvements nationalistes et les partis progressistes prennent un essor important. Du fait de l’affaiblissement du pouvoir central iranien et de la présence de forces soviétiques dans le Nord de l’Iran un Etat autonome kurde est créé pour la première fois à Mahâbâd le 22 janvier 1946.
Dans le premier chapitre nous nous intéresserons à l’Iran au seuil de la révolution et parlerons des opposants au régime du Shâh. Nous tenterons d’étudier le développement des mouvements contestataires qui aboutirent à la Révolution du 1979 et la proclamation de la République Islamique, le 12 février 1979.
Le seconde chapitre sera consacrée aux effets immédiats du renversement de la Monarchie au Kurdistan. D’une part, le peuple kurde s’arme au détriment des casernes et des postes de gendarmerie, s’organise au sein des conseils de villes ; sur la scène politique du Kurdistan les courants politiques et progressistes apparaissent l’un après l’autre avec leurs propres revendications. D’autre part, de mars à août de 1979 la République Islamique met en place progressivement les institutions d’Etat.
Le dernier chapitre tentera d’analyser la généralisation de la revendication de l’autonomie au Kurdistan et la réaction de la République Islamique face à cette dernière.
La bibliographie sur les événements du Kurdistan pendant la période de 1979-1980 est restreinte.
Pour relater cette période nous utiliserons les organes de presse des courants politiques et le quotidien Keyhân (journal officiel du pays). Il peut sembler adéquat de se référer à ce quotidien jusqu’au moment où l’Ayatollâh Khomeyni demande officiellement l’application d’une épuration de la presse.
Chapitre Preliminaire
Les Kurdes d’Iran Avant la Revolution de 1979
1- Aperçu général
A-La population
L’Iran est une mosaïque de peuples. Ses populations, les plus importantes sont : perses, âzéries, kurdes, balutches, turkmènes, lors et arabes. Selon le recensement officiel du pays en 1976 la population d’Iran a été estimée à 34 millions d’habitants. Les Kurdes représentent environ 10 % de cette population. Cependant, le gouvernement iranien n’a jamais publié de chiffre indiquant la population des différents peuples, il est donc difficile de dénombrer exactement la population kurde.
Les Kurdes vivent dans le nord-ouest de l’Iran. Les frontières turco-iraniennes et irano-cirakiennesTECDupenî celles qui existent entre le Kurdistan iranien, le Kurdistan de
Turquie et celui d’Irak.
Lors du recensement de 1979, l’Iran est divisé en 23 provinces (ostân), 165 départements (shahrestàn) et 497 arrondissements (baxsh).¹
Chaque province est structurée en départements (shahrestàn) organisés autour d’un chef-lieu et dirigés par un préfet (farmândâr). Les Kurdes d’Iran sont répartis sur 4 provinces : L’Azerbâïjân occidental divisé en neuf départements, le Kermânshâhân (Bâkhtarân) divisé en cinq départements et l’Ilàm divisé en quatre départements. Seule la province centrale est nommée officiellement « Kurdistan » ; elle compte six départements. On trouve également une population plus dispersée dans le Hamadân, dans la province Khorassan, notamment à Ghoutchân et Dâragaz².
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¹ -) Annuaire statistique du pays 1979 (Téhéran, le centre statistique d’Iran 1981).
² Ceux-ci furent transférés au début du XVII⁰ siècle sur l’ordre du Shah Abbas Safavide pour défendre les frontières de l’Iran contre les tribus vivant an Nord.
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