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L’émergence d'une "zone de sécurité" au Kurdistan Irakien par l'ONU


Auteur :
Éditeur : Universite de Genève Date & Lieu : 1998-01-01, Gnève
Préface : Pages : 74
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 210 x 295mm
Code FIKP : Liv. Fre. Bar. Eme. N° 3902Thème : Thèses

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L’émergence d'une

L’émergence D'une "zone de sécurité" au
Kurdistan Irakien par l'ONU à la suite de la guerre du Golfe

Hishyar Barzani

Universite de Genève

En raison de la répartition des Kurdes entre quatre espaces étatiques la question kurde est à la fois régionale et internationale. La première dominant la deuxième. Mais de temps à autre le problème kurde sort de son cadre régional pour prendre une dimension internationale.
L'une des caractéristiques du sous-système ...



INTRODUCTION

La première guerre mondiale changea le paysage politique au Proche et au Moyen-Orient. A la suite de cette guerre on voit apparaître de nouveaux Etats qui sont détachés de l'empire Ottoman, tels le Liban, la Syrie, l'Irak, la Jordanie, le Koweït. Le processus de construction de ces nouveaux États effectué en fonction des intérêts de la Grande Bretagne et de la France, a eu pour conséquence de créer des conflits et des tensions permanents dans la région puisque ces nouveaux États sont caractérisés par une profonde hétérogénéité ethnique, religieuse, politique...

L'émergence de ces nouveaux États sur la scène moyen orientale a eu pour conséquence d'affecter durablement le destin des Kurdes puisque le Kurdistan à été partagé entre quatre États: la Syrie, l'Irak, la Turquie, l'Iran. Ce partage forcé des Kurdes a eu pour conséquence de leur imposer un statut spécifique, celui de minorité. Mais les Kurdes sont-ils une minorité? Les critères comme les frontières étatiques et le nombre effectif de population sont-ils des critères pertinents et suffisants pour qualifier une population quelconque de minorité ?

Le partage des Kurdes entre quatre espaces étatiques et le fait de les considérer en tant que minorité ont produit des effets négatifs sur l'évolution des rapports de la communauté internationale avec les Kurdes. Par ailleurs cela a affecté lourdement la dynamique politique kurde qui est dans une situation de dépendance quasi permanente.

Depuis le partage du Kurdistan on constate d'une part que les Kurdes n'ont jamais cessé de se révolter pour l'autonomie ou l'indépendance et d'autre part qu'ils ont subi différentes formes de répression et de violence, voire de génocide. En Irak, tandis que Turcs et Britanniques se disputaient sur le sort de la province de Mossoul. ancienne province de l’empire ottoman, les révoltes kurdes se succédèrent: d'abord celles de Cheik Mahmoud et ensuite celles de Barzani. De 1958 jusqu'à 1975.
l'histoire kurde est dominée par un mouvement cyclique, composée de deux périodes principales: la période de guerre et la période de Paix. La lutte armée en tant qu'action principale de gestion du problème kurde a été utilisée par les différents gouvernements irakiens dont : en 1958 par le général Kassem, le 8 février 1963 par le Bass. le 18 novembre 1963 par le Maréchal Aref de nouveau par le Bass qui a repris le pouvoir le 17 juillet 1968 et a instauré la dictature bassiste jusqu'à nos jours.

Jusqu'en 1975 il y a deux camps clairement distincts : celui du mouvement kurde dominé par général Barzani et celui du gouvernement irakien. Avec l'accord d’Alser en 1975 et la chute du mouvement de Barzani d'une part, l’action collective kurde a été divisée en raison de la naissance de nouvelles formations politiques kurdes et d'autre part à cause de la violence des actions du Bass envers les Kurdes qui a été organisée, structurée et a atteint son paroxysme. A cette époque la répression contre les Kurdes a pris les traits d'un génocide dans les années 80. la destruction de 4000 villages, l'abattage du bétail, l'interdiction de l'agriculture dans des vastes zones, bombardements aveugles, la déportation massive de la population et leur regroupement dans des camps, l'extermination collective de la population kurde dont 8000 Barzani en 1983 et l’opération spécifique nommée "Anfal" qui est la solution finale du problème kurde par le Bass a eu lieu entre 23 février 1988 et 6 septembre 1988.

Selon les documents officiels irakiens examinés par le rapporteur spécial de l’ONU l'opération Anfal comportait huit volets dans lequel est inclus le bombardement chimique de la ville d'Halabja, devenue symbolique du fait qu’en l'espace de quelques secondes. 5000 Kurdes sont morts¹.
La question kurde a été utilisée par les grandes puissances et a été internationalisée à trois reprises jusqu'à la deuxième guerre du Golfe.
Mais malgré cela ainsi que le génocide commis contre les Kurdes, la société internationale n'a jamais véritablement réagi et jusqu'à la deuxième guerre du Golfe elle n'avait entrepris aucune action objective, concrète en faveurs des Kurdes. La deuxième guerre du Golfe a eu pour conséquences non désirées d'une part l'intervention directe des Alliés en faveur des Kurdes et d'autre part la reinternationalisation du problème kurde a son plus haut niveau. L'intervention en faveur des Kurdes s'est heurtée dans un premier temps à la demande de non-ingérence dans les affaires intérieures de l'Irak et elle a abouti par la suite à la création d'une "zone de sécurité" au Kurdistan irakien.

A la faveur de la création de la "zone de sécurité" et le retrait unilatéral de l'appareil étatique irakien dans cette zone les Kurdes se sont retrouvés en face d'un vide de pouvoir. Pour combler ce vide ils ont crée un parlement et un gouvernement dont la durée de vie en raison de la guerre entre les fractions kurdes notamment le P.D.K. et l'U.P.K. était limitée. En analysant la "zone de sécurité" sous ses multiples formes, dont économique, politique et militaire, on se rend compte qu'elle ne remplit pas ses fonctions sécuritaires et qu'elle est de fait une zone ouverte.

Voir le rapport Max. Vander Stoel sur la situation des droits de l'homme en Irak.E'cn.4'1992'31, 1S février 1992.

2. Problématique

La deuxième guerre du Golfe à internationalisé le problème kurde à son plus haut niveau et a rappelé au monde l'existence du peuple kurde qui est dépourvu d'État. Jadis la question kurde a à trois reprises en 1945, en 1963, en 1975 été internationalisée sans que celle-ci n'aboutisse à une intervention objective directe en faveur des Kurdes. Durant la deuxième guerre du Golfe, la communauté internationale est intervenue favorablement au Kurdistan irakien par la création d'une "zone de sécurité". Le but de ce travail est de voir quels sont les facteurs qui ont contribué à la création de cette "zone de sécurité" au Kurdistan irakien au lendemain de la deuxième guerre du Golfe, par la communauté internationale.

3.Hypothèse

Notre hypothèse repose sur le fait que la deuxième guerre du Golfe en tant que situation internationale exceptionnelle, serait le principal responsable de la naissance d'une "zone de sécurité" au Kurdistan irakien. Durant cette guerre, les Alliés ont incité les Kurdes à s'opposer à Saddam Hussein et en l'espace de quelques jours, ils ont contrôlé le Kurdistan irakien. Mais Bagdad sans se soucier des représailles militaires des Alliés et d'une manière brutale jette sur les routes de l'exode deux millions de Kurdes. Cette exode a été une menace pour la paix et la sécurité internationales et grâce à l'internationalisation de cette deuxième guerre du Golfe, elle a bénéficié d’une forte couverture médiatique.

Premiere Partie : l’Internationalisation de la Question Kurde

1.1. La Société Internationale et les Kurdes Irakiens

En raison de la répartition des Kurdes entre quatre espaces étatiques la question kurde est à la fois régionale et internationale. La première dominant la deuxième. Mais de temps à autre le problème kurde sort de son cadre régional pour prendre une dimension internationale.

L'une des caractéristiques du sous-système régional du Moyen Orient est son haut degré de conflictualité et une profonde hétérogénéité ethnique, religieuse, politique, économique et idéologique. La régionalité de la question kurde s'inscrivait donc dans ce cadre conflictuel dominé à la fois par les superpuissances et les acteurs régionaux. Le Kurdistan irakien a été particulièrement marqué par ce haut phénomène.

Plusieurs facteurs contribuent d'une manière durable à la régionalisation de la question kurde au Moyen Orient. Le premier facteur est quantitatif. Il permet aux Kurdes d'avoir une certaine capacité d'action, d'organisation donc un champ de manoeuvre limité par les Etats. La deuxième sous catégorie est le territoire, la conscience collective et l'idéal kurde. Ces facteurs, avec le fait quantitatif, font que les kurdes ont une dynamique propre faisant d'eux des véritables acteurs capables de seconder l’État.

La dynamique kurde a pour objectif de perpétuer la tradition, c'est à dire de garder les Kurdes dans un état quasi permanent d'action tant objective que subjective et cela tant que l'idéal kurde n'est pas atteint. Cette perpétuation de la tradition a été particulièrement vive au Kurdistan irakien jusqu'à nos jours. La vivacité et la dynamique kurde dépend du contexte c'est à dire de la position de Bagdad et des Kurdes eux-mêmes.
L'hétérogénéité des intérêts des acteurs tant étatiques que non étatiques est telle qu'émergent rarement des objectifs communs entre eux, conduisant ainsi à un code de conduite harmonieux entre les acteurs …

 




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