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Studia Kurdica - n°1-5


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Éditeur : Institut kurde de Paris Date & Lieu : 1988-01-01, Paris
Préface : Pages : 194
Traduction : ISBN : 0765-1074
Langue : FrançaisFormat : 160x240 mm
Thème : Général

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Studia Kurdica - n°1-5

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Studia Kurdica - n°1-5

Siyamend Othman


Institut kurde de Paris


Parmi les Etats qui se partagent le Kurdistan, la Turquie est celui qui pratique le plus systématiquement une politique de destruction-de l'identité kurde. C'est aussi le seul qui publie régulièrement des statistiques sur les caractéristiques socio-économiques de sa population permettant d'analyser les mutations en cours. La politique définie à Ankara est souvent reprise quelques années, parfois une ou deux décennies plus tard, par l'un ou l'autre des pays voisins. Aussi nous a-t-il semble intéressant d'examiner la situation actuelle de la culture kurde dans ce pays où près d'un Kurde sur trois vit désormais hors du Kurdistan. Un constat s'impose : cette culture, après avoir résisté et survécu au bannissement, se trouve ...



NOTE AUX LECTEURS

Pour la première fois depuis le Traite International de Sevrés, signe en 1920 entre les Allies et l'Empire Othoman, qui prévoyait la création d'un Etat kurde, la guérilla kurde est active simultanément dans les trois prince- pales parties du Kurdistan (Turquie, Iran, Irak). II ne fait guère de doute que l'actuelle manifestation de kurdayetî (affirmation de kurdite) doit une partie essentielle de sa force aux effets multidimensionnels de la guerre du Golfe. Cependant, indépendamment de l’issue de cette confrontation particulièrement sanglante, il est difficile de voir comment les Etats administrant le Kurdistan pourront définitivement triompher de la volonté des Kurdes, clairement et régulièrement exprimée depuis la première guerre mondiale, de choisir leur propre identité culturelle et politique. C'est pour- quoi la signification réelle de la situation kurde aujourd'hui n'est pas seulement due au rôle joue par le nationalisme kurde dans les conflits régionaux, aussi important soit-il, mais plutôt aux implications historiques, culturelles et politiques de la question kurde pour les Etats du Moyen-Orient où les Kurdes constituent des "minorités" importantes pouvant atteindre, dans certains pays comme l'Irak, le quart de la population totale.

Paradoxalement, les Kurdes n'ont jamais bénéficié de l'attention universitaire accordée aux autres peuples sans Etat dans la région. Le plus souvent, la complexité de la question kurde semble avoir décourage plutôt que stimule les chercheurs. Ainsi, le nombre total de livres publies en français sur les Kurdes ces 25 dernières années ne dépasse pas la quinzaine. En outre, une très faible portion seulement de cette littérature, déjà réduite, traite des sociétés et des cultures kurdes â la lumière de l'évolution historique et de l'interaction des forces sociales qui les composent. Pour reprendre les propos d'un universitaire français, "les Kurdes sont un sujet dont on parle beaucoup mais que l'on connaît si peu".

C'est d'un aperçu critique de cette situation que l'idée de Studia Kurdica a d'abord germe parmi les universitaires kurdes d'Irak et d'Iran et a été ensuite adoptée par ceux de Turquie et de Syrie. Le principal objectif de cette revue est donné de fournir des informations et des analyses universitaires sur des sujets kurdes qui dépassent les préoccupations immédiates des mass media. En outre, en offrant des éditions en différentes langues (Studia Kurdica est également publie en anglais, persan, arabe et turc) les éditeurs de cette revue espèrent créer un forum de discussion, politique- ment et idéologiquement pluraliste, sur des questions kurdes, entre les intellectuels kurdes et leurs collègues moyen-orientaux et européens.

Studia Kurdica paraîtra annuellement en français. Chaque numéro comportera une chronologie et une bibliographie annotée. Priorité sera donnée â la publication d'articles résultant d'une recherche universitaire. II va sans dire que les articles signes n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Siyamend Othman
Directeur de la publication

P.S. Les articles publiés dans la présente livraison de Studia Kurdica ne couvrent que des évènements antérieurs â 1988. L'actualité kurde de 1988 a été marquée par l'aggravation dramatique du sort de la population kurde en Irak, victime â la fois de l'intensification de la guerre chimique, des déportations et internements â la suite de la destruction quasi-totale des villages du Kurdistan Irakien. En raison de son ampleur, cette question sera traitée dans un ouvrage en cours d'élaboration qui sera publié par l'Institut Kurde en 1989.

La Culture Kurde en Turquie à l'Epreuve du Second Choc

Kendal Nezan*

Parmi les Etats qui se partagent le Kurdistan, la Turquie est celui qui pratique le plus systématiquement une politique de destruction-de l'identité kurde. C'est aussi le seul qui publie régulièrement des statistiques sur les caractéristiques socio-économiques de sa population permettant d'analyser les mutations en cours. La politique définie à Ankara est souvent reprise quelques années, parfois une ou deux décennies plus tard, par l'un ou l'autre des pays voisins. Aussi nous a-t-il semble intéressant d'examiner la situation actuelle de la culture kurde dans ce pays où près d'un Kurde sur trois vit désormais hors du Kurdistan. Un constat s'impose : cette culture, après avoir résisté et survécu au bannissement, se trouve soumise à une nouvelle et rude épreuve, celle des tensions de la vie moderne, du déclin rapide du monde rural qui l'avait jusqu'ici entretenue, et des pressions de plus en plus fortes d'une culture turque dominatrice, matraquée par les médias, l'école, l'administration et la caserne. Elle subit de plein fouet un véritable choc, le second en l'espace de soixante ans, qui l'ébranle dans ses fondements même.
Déjà, en 1924, l’interdiction par le nouveau régime turc des écoles, des publications et de toutes les autres expressions de l'identité kurde avait plongé celle-ci dans la plus grave crise de son existence millénaire. Quelques mois â peine après le partage du Kurdistan par le Traité de Lausanne, un nationalisme triomphateur prétendait obliger ainsi, par la force brute, des millions de Kurdes â renoncer â l'usage de leur langue, de leur musique, de leur costume, voire même de leur nom, à effacer leur mémoire collective, à gommer leur histoire, bref à faire table rase de leur personnalité propre pour embrasser la "civilisation de la vaillante et noble nation turque"(1). Assiégée, soumise à de fortes pressions tendant à la disloquer et à l'anéantir, la culture kurde avait su trouver en elle-même des ressources suffisanttes pour survivre â ce premier traumatisme. Cette survie fut possible grâce au caractère principalement rural de la société kurde. Dans leur immense majorité …

* Président de l'institut kurde de Paris.
1- Pour une analyse détaillé des mécanismes de destruction de l'identité kurde en Turquie voir nos articles "L'oppression nationale et ses formes" dans Les Kurdes et le Kurdistan , Maspero, Paris 1978, ainsi que "La destination de l’identité culturelle kurde en Turquie”, in l'Afrique et l'Asie modernes, revue trimestrielle du Centre des Hautes Etudes sur l'Afrique et l'Asie modernes , Paris, printemps 1985.

 




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