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La Genèse du Roman Turc au XIXe siècle


Auteur :
Éditeur : Publications Orientalistes de France Date & Lieu : 1973-01-01, Paris
Préface : Pages : 256
Traduction : ISBN : 2 - 7169 - 0003 – 5
Langue : FrançaisFormat : 110x175 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Gen. Din. Gen. N° 3668Thème : Littérature

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La Genèse du Roman Turc au XIXe siècle

La Genèse du Roman Turc au XIXe siècle

Guzine Dino


Publications Orientalistes de France


Tenter de saisir la genèse du roman turc — dont l’apparition remonte à moins d'un siècle — implique une recherche des -facteurs qui ont conditionné les premières manifestations du genre en Turquie.
Bien peu de travaux ont été faits jusqu’ici sur le roman turc. La seule monographie publiée, sous le titre de « Türkçede Roman » (Le roman en langue turque), 1936, a le mérite d’être un précieux ouvrage d'information. On y trouve simultanément un bref aperçu historique sur les genres voisins (hikâye) (1), conte, légende, épopée, etc. existant avant la naissance de cette forme nouvelle, sur les premières œuvres ...



INTRODUCTION

Tenter de saisir la genèse du roman turc — dont l’apparition remonte à moins d'un siècle — implique une recherche des -facteurs qui ont conditionné les premières manifestations du genre en Turquie.
Bien peu de travaux ont été faits jusqu’ici sur le roman turc. La seule monographie publiée, sous le titre de « Türkçede Roman » (Le roman en langue turque), 1936, a le mérite d’être un précieux ouvrage d'information. On y trouve simultanément un bref aperçu historique sur les genres voisins (hikâye) (1), conte, légende, épopée, etc. existant avant la naissance de cette forme nouvelle, sur les premières œuvres romanesques traduites du français et d'autres langues (avec des renseignements quant au caractère de ces traductions) et un exposé chronologique et analytique des romans d’Ahmet Mithat efendi, qui a été un des premiers en date des romanciers ottomans.

Malgré le caractère énumératif et quelque peu sommaire de ses analyses, ce premier travail de déblaiement, entrepris par M.N. Özön, permet d’avoir une vue d’ensemble sur les débuts du phénomène romanesque dans la prose turque.
Dans divers manuels et ouvrages consacrés à la littérature du XIXe siècle en Turquie, des classifications très générales ont été entreprises concernant nos premiers romanciers ; de fort utiles recherches complémentaires ont été réalisées (toujours par M.N. Özön), telle la précieuse bibliographie des traductions de romans étrangers de son « Son Asïr Türk Edebiyatï tarihi » (Histoire de la Littérature turque du dernier siècle), 1941, qui semble être la plus complète jusqu’à ce jour.

Enfin, A.H. Tanpınar, dans son important ouvrage « XIX ci Asïr Türk Edebiyatï Tarihi » (Histoire de la Littérature turque du XIXe siècle), 1949, 1956, consacre un chapitre à la naissance du roman turc, explorant avec perspicacité cette première période, tout en s’attachant à certains aspects des problèmes stylistiques que pose le passage d’une prose narrative à une prose descriptive. L’auteur entreprend aussi, par endroits, dans l'œuvre romanesque de N. Kemal, une analyse syntaxique du style de ce novateur, soulignant certaines de ses structures, fondamentales pour la formation des périodes nouvelles.
Plus récemment, il faut noter l’anthologie de Cevdet Kudret Solok : « Türk Edebiyatında Hikâye ve Roman », 1 (La Nouvelle et le Roman dans la Littérature turque, vol. 1, 1965), réunissant des textes écrits entre 1859 et 1910, avec une énumération et une classification schématique des auteurs et des œuvres de cette période.

La plupart de ces travaux offrent un intérêt d'information, sans toutefois entreprendre l'étude des œuvres d’une façon systématique et avec une méthode rigoureuse.
Quant aux travaux des turcologues européens et occidentaux, ils ont été centrés sur les périodes qui ont précédé le Tanzimat, bien souvent dans la mesure où la littérature turque se manifestait en relation étroite avec les lettres arabo-persanes.

Les tentatives de renouvellement et de modernisation de la littérature turque, inspirées par la littérature occidentale après le Tanzimat (1839), ont éveillé peu de curiosité parmi les turcologues internationaux. On pourrait expliquer cette attitude par un manque d'intérêt face aux efforts méritoires, mais quelque peu laborieux et apparemment naifs des premiers prosateurs turcs. De nombreux turcologues occidentaux particulièrement attachés à la période de la littérature du Divan, à sa plénitude et à sa perfection formelle, ont été rebutés par cette brusque rupture avec un passé qui avait suscité des chefs-d’œuvre. Il eût été cependant impossible de concevoir une stagnation des modes littéraires, tandis que la société ottomane était emportée par les courants historiques qui devaient en hâter la fin. Bon gré, mal gré, la nouvelle littérature ne pouvait manquer de prendre une forme, maladroite peut-être, mais en cela même digne d’intérêt, dans ses tentatives et hésitations, révélatrices des péripéties qui accompagnent le changement d’orientation d’une culture.

Pour explicable qu’elle soit, cette désaffection des turcologues pour les débuts de la littérature turque moderne peut être illustrée par les textes signés de Cl. Huart que j’ai recueillis dans la « Bibliographie ottomane » : « ... la plupart des livres sortis des presses de Constantinople n’offrent pas un fort grand intérêt aux lecteurs étrangers. Il est toutefois à remarquer que la presque totalité des ouvrages traduits le sont de la langue française, qui continue à être, entre toutes les langues européennes, la plus étudiée en Turquie, surtout par les musulmans qui cherchent à s’initier au langage de la science moderne ». (Bibl. ott., 1880-1881, p. 6, extr. du J.A.) Et encore : « Ce n’est pas sans un sentiment de regret que Von constate cette activité intellectuelle considérable, employée à une œuvre futile et sans portée, dont l’intérêt est plus que médiocre pour le lecteur européen. On comprend que la masse des lecteurs qui se servent de l'idiome osmanli ait hâte de s’assimiler les progrès de l’Occident ; on comprend moins qu’il lui reste assez de loisirs pour se distraire à lire les adaptations, plus ou moins heureuses, de récits de mœurs bien différentes de celles du vieil Orient ; mais les aliments qui lui sont offerts n'ont plus d’intérêt pour l’orientaliste. » (Ibid., 1889-1890, p. 2.)
Dans son « Sommaire des Etudes turques » (1886-1891) se rapportant à la période 1886-1891, Huart écrit encore : « En ce qui concerne la littérature proprement dite, si nous laissons de côté la multitude innombrable des romans traduits du français, publiés pour la plupart en feuilleton dans les journaux turcs et réunis en volumes, ainsi que les broutilles en prose ou en vers imprimés par des échappés de collège, nous ne trouvons guère à signaler que le Divan posthume de Chinassi efendi... »

Cette optique et ces jugements commencent cependant à être abandonnés.
Les conflits et les luttes, les scissions intellectuelles et artistiques de l’époque qui a suivi le Tanzimat ont eu pour références principales la culture et la littérature françaises, sans pour autant rompre avec certaines sources autochtones dignes d’estime. Et c’est juste à partir de ce moment, crucial pour la littérature turque, que les turcologues européens, et même français, perdent tout intérêt pour celle-ci, particulièrement pour la prose littéraire qui vient de naître.

De nos jours, on peut signaler une étude consacrée par Mme L.O. Alikaeva au roman turc dont le titre est : « Sujets et Héros dans le Roman turc » (fin XIXe siècle - début XXe siècle). Publiée par l’Académie des Sciences de l’U.R.S.S., Inst, des Peuples d’Asie, éd. « Nauka », Moscou, 1966.
Cinquante-quatre pages sur cent quatre-vingt-quatre sont consacrées dans cet ouvrage aux deux premiers romanciers turcs, A. Mithat ef. et N. Kemal. Cette partie de l'étude se réfère aux travaux de M.N. Ozon et de A.H. Tanpïnar et apporte des indications historiques et sociales sur le problème.

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