La bibliothèque numérique kurde (BNK)
Retour au resultats
Imprimer cette page

Le Drame Oriental et le Rôle de la France


Auteur :
Éditeur : SEGMC Date & Lieu : 1924-01-01, Paris
Préface : Pages : 262
Traduction : ISBN :
Langue : FrançaisFormat : 155x255 mm
Code FIKP : Liv. Fre. Gen. Lya. Dra. N° 5789Thème : Général

Présentation
Table des Matières Introduction Identité PDF
Le Drame Oriental et le Rôle de la France

Le Drame Oriental et le Rôle de la France

Pierre Lyautey


SEGMC


La France aime le mouvement : l’esprit comme l’individu y bouillonnent. Le seuil de Douvres, l’Atlantique, la Méditerranée, les cols des Pyrénées et des Alpes, le Rhône et le Rhin sont autant d’avenues propices au rayonnement, de voies ouvertes aux idées qui s’échangent.
L’expansion est ainsi une nécessité nationale. Et si la France est à même de recevoir beaucoup du dehors, elle a surtout l’avantage d’avoir, en propre, une vie intellectuelle féconde et novatrice et de donner naissance aux doctrines originales. Elle se fait le champion des idées dont l’éclosion lui est naturelle. Ce qu’elle crée et imagine ...



PRÉFACE

Ce profond Orient, éternel, immobile, comme il a été remué par la guerre 1 Un immense travail s’y accomplit, toute une nouvelle distribution de ses éléments séculaires. Sous nos yeux, le voici qui cherche à se disposer selon un nouveau système. Un instinct de nationalisme l’agite dans toutes ses parties. Nous y sommes bien pour quelque chose! L’Orient est plein de nos élèves. Nos admirables missionnaires ont formé dans leurs collèges des enfants, chrétiens ou musulmans, qui se sont servi de la langue que nos maîtres leur avaient donnée, pour accueillir les idées françaises et en réchauffer leurs sentiments héréditaires. Cette influence n’a pas laissé de contribuer pour une part à former ou à surexciter des nationalités de tous ordres, chez des Égyptiens, Palestiniens, Arabes, Transjordaniens, Syriens, Maronites, Turcs, Grecs d’Asie, Arméniens, r Assyro-Chaldéens qui se sont mis à remuer quasi irrésistiblement, quand sont venus jusqu’à eux les mots d’ordre avec lesquels les gouvernements alliés exaltaient, durant la Grande Guerre, leurs peuples et leurs soldats. Et ce n’est là qu’un des effets des profondes oscillations qui ont bouleversé les masses humaines de l’Afrique jusqu’aux Indes. Il faut d’urgence que nous mesurions les fissures aux formes changeantes qui déchirent et transforment l’Orient dans cette période volcanique.

De là, le puissant intérêt et l’utilité de cette étude si bien intitulée, le Drame oriental.

Mon cher Pierre Lyautey, je vous fais tout mon compliment. Voici un début digne du nom illustre que vous portez et je suis fier de vous donner l’accolade au seuil de votre premier livre comme à une jeune recrue qui rallie brillamment le groupe des Lorrains, la solide équipe des Poincaré, des Lyautey, des Maginot, des Curel, des Madelin, des Louis Bertrand, des Baldensperger, des Hinzelin, des Reibel, des Louis Marin, des Mangin, des Méline.

Nos pays de l’Est semblent destinés à fournir à la France des spécialistes du Rhin et des observateurs de l’Allemagne, mais, à cette heure, derrière la poussée allemande, ne faut-il pas percevoir l’aide russe et calculer les forces de l’Orient ? Ne faudrait-il pas prévoir que ce tremblement de terre peut détacher des avalanches de peuples ? L’Orient en Marche, tel est le titre du livre qu’Henri Bordeaux est allé écrire en Syrie, du temps que vous y serviez. « En marche » dans quel ordre et vers quoi ? C’est le problème d’après la victoire.

Vos titres à prendre la parole dans ce grave débat des rapports de l’Orient et de l’Occident, et plus étroitement de l’Islam et de la France, sont sérieux. Vous avez travaillé au Maroc auprès de votre oncle-, le Maréchal, et hier encore, vous étiez le chef du Cabinet civil du Général Gouraud, en Syrie. Quel apprentissage que le temps passé auprès de ces grands hommes. Les problèmes et les difficultés que vous nous exposez, vous les avez vécus avec toute votre jeune ardeur. Vous venez nous parler de ce que vous avez vu, de ce dont vous avez entendu les plus sages et les plus expérimentés discuter à pied d’œuvre. Nous sommes disposés à vous entendre, comme nous l’étions il y a trente ans, quand les Sorel, les Vogüé, les Albert de Mun, commençaient à faire circuler dans Paris les lettres d’un certain jeune officier, collaborateur de Gallieni.

Voilà un grand souvenir et qui pourrait paraître écrasant. Pas du tout, c’est un excitant. La France a besoin pour une tâche magnifique, pour un programme tout renouvelé et compliqué, que les énergies se multiplient et que la jeunesse déborde de foi. C’est ce que la France trouvera. Ce livre tout bouillonnant d’idées et d’aspirations en est un des signes. Bon succès, bon travail, mon cher Pierre Lyautey. Je suis heureux de mettre ici mon nom auprès du vôtre et ma main dans votre main.

Maurice Barrés

Le Drame Oriental
Et le Rôle de la France

Introduction

La France aime le mouvement : l’esprit comme l’individu y bouillonnent. Le seuil de Douvres, l’Atlantique, la Méditerranée, les cols des Pyrénées et des Alpes, le Rhône et le Rhin sont autant d’avenues propices au rayonnement, de voies ouvertes aux idées qui s’échangent.

L’expansion est ainsi une nécessité nationale. Et si la France est à même de recevoir beaucoup du dehors, elle a surtout l’avantage d’avoir, en propre, une vie intellectuelle féconde et novatrice et de donner naissance aux doctrines originales. Elle se fait le champion des idées dont l’éclosion lui est naturelle. Ce qu’elle crée et imagine se propage rapidement et l’expansion devient un apostolat. Elle entraîne, au xie siècle, au cri de « Dieu le veult », toute l’Europe à la délivrance des Lieux Saints. Au moyen âge, elle est « Le four où se cuit le pain intellectuel de toute la chrétienté » et, derrière la scolastique et l’art des imagiers et des sculpteurs, l’intelligence française fait sa route. Au xviie siècle, ce sont les idées classiques qui volent de capitale en capitale et notre langue qui se répand dans les cabinets diplomatiques, dans les cours, dans les salons, annonce la philosophie du xviiie siècle. En 1789, la liberté proclamée à Paris précède nos armées et en 1848 la généreuse idée des nationalités fait le tour des capitales, s’incorpore dans les constitutions après avoir été accueillie par tous les comités.

1. N. B. — L’exposé des faits s’arrête, en ce qui concerne la Turquie, à la victoire de Smyrne ; la Syrie, au mois de décembre 1922.




Fondation-Institut kurde de Paris © 2024
BIBLIOTHEQUE
Informations pratiques
Informations légales
PROJET
Historique
Partenaires
LISTE
Thèmes
Auteurs
Éditeurs
Langues
Revues