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La question kurde


Auteur :
Éditeur : La Documentation Française Date & Lieu : 1993-01-01, Paris
Préface : Pages : 72
Traduction : ISBN : 3-303332-107094
Langue : FrançaisFormat : 155x240 mm
Code FIKP : Br. Fra. 2018Thème : Politique

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La question kurde

La question kurde

Dossier constitué par
Hamit Bozarslan

Depuis l'éclatement de l'Empire ottoman, la question kurde n'a cessé de préoccuper, de façon plus ou moins aiguë selon les périodes, les Etats de la région. Ce dossier, comprenant une chronologie et de nombreux documents inédits en Europe, éclaire la complexité de la situation.

Souvent réprimés, parfois utilisés dans des rivalités interétatiques, les Kurdes sont venus au premier plan de l'actualité internationale avec la guerre du Golfe. L'intervention des grandes puissances permettra-t-elle de trouver une solution globale et satisfaisante à ce problème récurrent ?


Avant-propos

Depuis l'éclatement de l'Empire ottoman, le fait kurde n'a cessé de préoccuper la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie et ceci à un double titre : en tant que problème interne et externe. Dans les trois premiers pays, des révoltes se sont succédé pendant des décennies. Après une tentative avortée de «république» en Iran en 1946 et une longue lutte pour obtenir une véritable autonomie en Irak, la question kurde est revenue au premier plan de l'actualité depuis 1979 avec la guérilla en Turquie, en Iran et en Irak. Récemment, la guerre du Golfe en a fait une question internationale. De plus, la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qui a pris les Kurdes entre les feux croisés des belligérants, ainsi que diverses actions des militants kurdes en Europe, ont révélé les échos rencontrés par ces crises dans la «diaspora» proche ou lointaine.

L'objectif ultime du nationalisme kurde est, depuis son émergence au début de notre siècle, d'en terminer avec le statut de «minorité» en créant un Etat-nation. Mais l'existence d'un problème minoritaire d'une telle ampleur au coeur même d'une région «mosaïque» sert aussi de miroir à la crise que le modèle d'Etat-nation y affronte; il traduit également les limites d'un système de relations internationales qui s'est élaboré sur la souveraineté absolue des entités étatiques, sans avoir su inventer les formes juridiques capables de satisfaire les minorités transfrontalières.

Lors de plusieurs réunions tripartites, la Turquie, l'Iran et la Syrie ont constamment affirmé leur opposition à la création d'un Etat kurde en Irak, qui ne manquerait pas d'avoir des répercussions sur chacun d'eux et, d'une manière générale, sur la région. La confiance ne règne pas pour autant entre les diverses capitales : la guerre entre l'Iran et l'Irak a sérieusement bouleversé le statu quo qui consistait à ne traiter que d'Etat à Etat : Bagdad et Téhéran ont, à cette occasion, officialisé leur rapports avec les Kurdes de l'«ennemi ». Progressivement, la Turquie et la Syrie se sont également éloignées de l'ancienne façon de mener les
 
relations diplomatiques. Si, aujourd'hui, l'Irak semble être, pour un certain temps, hors du jeu régional, des ambitions hégémoniques, dans une région désormais élargie au Caucase et dont le Kurdistan d'Irak est lune des cibles, déterminent les rapports entre l'Iran et la Turquie. Sans mener une politique ouvertement irrédentiste, certains dirigeants turcs n'ont pas caché leur désir de voir le statu quo changer dans la région, notamment en Irak. Téhéran, en appliquant un embargo de courte durée contre les Kurdes irakiens en octobre 1992 et en multipliant ses inter-ventions militaires dans le Nord de l'Irak en 1993, a voulu imposer des limites infranchissables à ses anciens alliés. Le facteur hydraulique - la Turquie a en mains une carte importante avec ses ambitieux projets d'aménagement de l'Euphrate dans le Sud-Est anatolien - ainsi que des contentieux territoriaux, créent entre ce pays et la Syrie un
conflit latent, difficile à dissimuler malgré des rencontres au plus haut niveau.


Déjà transfrontalier avant la guerre du Golfe, le problème kurde s'est internationalisé entre le 28 février 1991 (cessez-le-feu entre l'ONU et l'Irak) et le 5 avril 1991 (résolution 688 du Conseil de Sécurité des Nations unies). Cette résolution, initiative sans précédent dune instance internationale, deviendra-t-elle un élément déterminant d'un «nouvel ordre mondial» ? Va-t-on vers une conception de souveraineté limitée des Etats ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais l'attitude de l'Occident, notamment de la nouvelle administration de Bill Clinton, et surtout celle d'Ankara, seront déterminantes. Toujours est-il que, malgré la volonté de préserver l'intégrité de l'Irak qui a guidé laction de la Maison Blanche aux premiers jours de l'exode kurde de mars 1991, l'expérience amorcée par la création des «zones de protection» a marqué une coupure radicale entre le pouvoir central à Bagdad et le Kurdistan irakien, avec pour résultat une construction étatique qui a déjà à son actif des élections légistatives pluripartites, la proclamation d'un Etat fédéral et l'ébauche dune armée unifiée, même si le gouvernement kurde, non reconnu comme tel par la communauté internationale, souligne son attachement au cadre territorial du pays et ses liens avec les autres groupes de l'opposition irakienne.

Hamit Bozarslan

Nous remercions M. Stéphane Yérasimos pour ses suggestions lors de la pré-paration de ce dossier. Notre gratitude va également à M. Hochmend Othman qui a réalisé les entretiens avec Djalal Talabani et Massoud Barzani et à M. Sharaf Xani qui nous a suggéré le texte en persan.




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