VersionsL’Armee Turque, Conservatoire de la Tradition Kemaliste - I [Français, Toulouse, 2000]
L’Armee Turque, Conservatoire de la Tradition Kemaliste - II [Français, Toulouse, 2000]
L’Armee Turque, Conservatoire de la Tradition Kemaliste - II
Ramazan İzol
Université Toulouse I
Il est possible d’examiner en deux étapes la vie politique de la République de la Turquie. La première étape se déroule notamment sous la domination absolue du parti unique (le PRP) depuis le début des années vingt jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Et la seconde partie de la vie politique turque est essentiellement marquée par le passage au multipartisme en 1946 et par le renversement du pouvoir du parti unique sous la direction du Parti Démocrate en 1950. L’apparition du PD au sein de la vie politique turque a été en effet le résultat d’un "groupe d’élite alternatif" composé de nouvelle classe bourgeoise émergente385.
385 Lucille W. Pevsner, “Turkey’s Political ...
Table Des Matieres
Deuxieme Partie : Continuite de la Tradition Kemaliste dans l’Evolution
Contemporaine des Relations Armee- Pouvoir / 280
Chapitre 1 Les interventions militaires et l’évolution des relations Armée-Pouvoir / 283
Section 1) L’armée et les partis politiques au cours de la période du pluralisme limité
1951-1960 / 285
§1) Les relations entre l’Armée le Parti Démocrate (le PD) / 286
A) La perspective économique du PD / 286
B) La tentative démocrate de réformer l’armée / 288
C) Le processus d’élimination des partisans d’Inönü dans l’appareil militaire / 292
D) Les véritables raisons de la dégradation des relations / 295
Armée-PD / 295
§2) Les relations entre l’Armée et le PRP / 300
A) L’influence d’Inönü / 301
B) Le parti de l’Etat (PRP) : principal représentant de la doctrine officielle / 306
Section2) L’intervention militaire du 27 mai 1960 et ses conséquences sur les relations Armée-Partis politiques / 310
§1) L’intervention militaire / 3 11
A) L’orientation générale du régime militaire / 312
B) L’éclatement du CUN et ses conséquences sur le régime parlementaire / 315
C) L’établissement de l’ordre hiérarchique dans l’institution militaire / 318
§2) La prise de position du PRP / 320
§3) Le retour à la vie démocratique : élections de 1961 / 323
A) L’échec du PRP et de l’armée / 324
1) La réaction immédiate des Faucons face aux résultats électoraux / 325
La montée en puissance progressive de l’appareil militaire face au pouvoir civil / 328
B) Les années de la coalition sous la présidence d’Inönü / 331
1) Une démocratie surveillée et contrôlée / 331
2) Les efforts de consolidation du pouvoir civil / 334
3) Vers l’instauration de la stabilité politique : l’échec définitif des radicaux / 336
§4) Le rapprochement progressif du P J avec l’armée / 340
A) L’armée et le PJ / 341
B) La ligne de Demirel : le rapprochement avec l’armée / 344
1) L’apparition d’une nouvelle ligne politique au sein du PJ / 345
2) Vers l’établissement d’une réconciliation durable entre l’armée et le PJ / 347
3) Le compromis retrouvé sur la base de l’anticommunisme / 350
4) Les élections présidentielles de 1966 et le PJ / 3 52
Section 3) L’intervention militaire du 12 mars 1971 / 355
§1) Les causes de l’intervention / 355
A) Les élections législatives de 1969 : vers la fragilisation du pouvoir civil / 356
B) La réaction menaçante des militaires face à l’instabilité politique / 359
C) Le phénomène du morcellement des partis politiques en tant que hadicap politique / 362
D) L’absence d’un compromis minimum entre la droite et la gauche / 365
E) La marginalisation des forces politiques de gauche sous la direction du POT / 367
§2) L’intervention militaire / 370
A) L’existence de divergences au sein de l’appareil
militaire au sujet de l’orientation du régime politique / 372
B) L’imposition d’un gouvernement de technocrates / 3 7 5
C) La mise en oeuvre des idées politiques défendues par le PJ / 376
§3) Les relations entre les partis politiques et l’armée / 378
A) La rupture des relations entre l’armée et le PRP / 380
1) L’intervention militaire de 1971 et la victoire de l’aile social-démocrate au sein du PRP / 380
2) La nouvelle idéologie du PRP :
le centre gauche, gauche démocratique, social-démocratie / 385
B) Les conséquences de cette rupture et la remontée
spectatuclaire du PRP sur la scène politique / 387
1) L’opposition de M. Ecevit à la candidature d’un militaire aux élections
présidentielles de 1973 / 388
2) La victoire du PRP aux élections législatives de 1973 et 1977 / 396
C) Les relations politiques entre PJ-Armée lors de la période du
12 mars 1971 et des élections présidentielles de 1973 / 403
1) La prise de position du PJ à l’égard du mémorandum de 1971 / 404
2) Le renforcement de l’autorité de l’Etat au détriment des libertés individuelles / 407
Section 4) L’intervention militaire du 12 septembre 1980 / 410
§ 1) Les causes de l’intervention / 41 0
A) L’aveu d’irresponsabilité de l’armée dans le domaine de la sécurité intérieure / 413
B) La différence entre la solution proposée par l’armée et par les civils / 416
C) Les difficultés économiques et la solution : les décisions du 24 janvier 1980 / 419
§2) L’intervention militaire ou le rappel de la mission de l’armée
kémaliste et l’interdiction des partis politiques / 42 3
A) Les causes de l’inrervention militaire / 424
B) Le fonctionnement du régime militaire après le coup d’Etat / 427
§3) La position de deux grands partis politiques à l’égard du régime militaire du
12 septembre / 430
A) La relation du PRP avec le régime militaire du 12 septembre / 431
B) La relation du P J avec le régime militaire du 12 septembre / 435
§4) La réapparition des partis sur la scène politique et
la confirmation du rôle de l’armée comme seul garant de la tradition kémaliste / 440
A) Vers le processus de passage à la vie parlementaire / 440
B) Les élections législatives de 1983 sous la pression du régime militaire / 443
C) L’institutionnalisation de la présence militaire dans le système politique / 445
§5) L’évolution politique des relations Armée-Pouvoir après la période
transitoire du régime militaire du 12 septembre / 448
A) La guerre du Golf et les politiques mises en place par M. Ozal / 452
B) La démission du chef d’Ètat-major, le général Torumtay, et les relations entre le
pouvoir civil et l’armée pendant cette période / 454
Chapitre 2 Le maintien des principes kémalistes, l’orientation du contrôle militaire / 460
Sectionl) Le contrôle de la restauration d’un pouvoir religieux / 461
§1) Evolution des idées religieuses dans la Turquie kémaliste / 462
A) La conception générale des Kémalistes concernanat
la place de la religion dans le système politique / 462
B) L’incompatibilité du modèle occidental avec l’ancien système politique et
l’utilisation des valeurs nationales / 466
C) L’utilisation des moyens coercitifs par le biais de l’appareil militaire / 469
D) Vers l’utilisation directe de la religion dans la vie politique
en tant que moyen politique légitime / 470
§2) Politisation de l’islam dans le système politique / 472
A) L’émancipation des idées religieuses dans le système politique / 472
B) L’apparition du PON en tant que Parti islamiste / 474
C) Le Parti islamiste : principal défenseur des intérêts de la petite
Bourgeoisie provinciale (locale) / 476
D) L’utilisation des éléments religieux contre la radicalisation des mouvements sociaux / 477
E) Le début de processus d’instalation des idées politiques
extrémistes dans le système politique / 479
F) L’attitude du régime militaire du 12 mars à l’égard des mouvements religieux / 481
G) La réactualisation des perspectives du régime politique concernant les éléments
religieux selon le nouveau besoin de la conjocture politique / 483
§3) La ré-interprétation de l’élément religieux dans le système
politique sous le régime militaire du 12 septembre / 486
A) La volonté du régime militaire d’utiliser la carte religieuse / 487
B) La tentative de réconciliation de l’Etat avec les éléments
religieux sous le gouvernement de M. Ozal / 489
C) Vers les résultats inattendus d’une politique démesurée de l’appariel militaire / 493
D) La perte du contrôle des mouvements islamistes / 495
E) La position actuelle de l’appareil militaire
devant le danger de l’intégrisme islamiste / 498
F) Les parcours électoraux du Parti islamiste depuis le coup d’Etat du
12 septembre et les raisons de son succès / 501
G) La réaction de l’appareil militaire à l’encontre de la poussée en puissance de l’élément réligieux et la confirmation de sa position privilégiée dans le système politique / 505
Section 2) le contrôle du sépartisme kurde / 508
§1) La tentative de la création d’un Etat-nation / 509
§2) La fragilité du pouvoir politique civil face à une question délicate : “ question kurde / 512
§3) La légitimation de la présence militaire dans le système politique / 515
§4) La banalisation de l’intervention militaire dans la sphère politique
grâce à l’utilisation des moyens coercitifs / 520
§5) La détermination exacte des raisons du blocage du système démocratique / 522
§6) La recomposition des rapports de forces dans le système politique
par rapport à la question kurde / 527
§7) La nécessité de la redéfinition du problème kurde selon les nouvelles
données conjoncturelles / 533
§8) L’interprétation de la question kurde selon la doctrine officielle / 537
§9) La position insurmontable de l’Europe dans la résolution de la question kurde / 541
Conclusion / 546
Bibliographie / 553
PRESENTATION
Dans la dernière partie de notre thèse, nous allons nous concentrer sur les faits réels de la vie politique turque tout en essayant de démontrer la place dominante de l’institution militaire dans le processus de prise de décisions et dans la sphère politique globalement. Après avoir déterminé les cadres scientifiques de notre travail dans la partie précédente, nous allons tenter à présent de voir de près l’évolution politique, historique et culturelle du système politique turc pour mettre en évidence le processus de montée en puissance du pouvoir militaire dans la sphère politique. En d’autres termes, depuis le passage au multipartisme survenu en 1946, l’intervention politique des forces armées turques n’a pas été absente et la présence militaire dans le domaine politique a été justifiée au fil des années par les Constitutions, qui ont été toujours transformées par chaque coup d’État selon les exigences militaires. En effet, nous avons assisté à l’institutionnalisation de la présence militaire dans le système politique grâce aux coups d’État, qui définissent donc les cadres constitutionnels de la République turque. Etant donné que l’institution militaire turque a la possibilité constitutionnelle de légitimer sa présence dans le domaine politique, il ne lui reste qu’à se baser sur une raison politique fiable et forte afin d’intervenir dans le processus de prise de décisions et de justifier sa position stratégique dans la sphère politique.
Tout au long de cette partie événementielle, nous allons nous interroger sur les relations Armée-Partis politiques, sur la mise en scène de trois coups d’État militaires, sur la phase préparatoire de chaque coup d’État et sur l’institutionnalisation de la présence militaire dans le système politique. A la suite de chaque intervention militaire au sein de la vie politique, nous avons effectivement vu apparaître une nouvelle Constitution qui fut modifiée radicalement. Ceci dit, l’appareil militaire fut davantage renforcé et bien placés dans le système politique suite à sa chaque intervention. Nous allons nous interroger également sur les moyens utilisés par l’institution militaire et sur ses efforts politiques destinés à créer une base de légitimité à sa position importante dans la sphère politique.
En dernier lieu, nous allons tâcher de mettre l’accent sur les attitudes politiques des partis à l’égard de l’intervention militaire et de l’usurpation du pouvoir politique, et de mesurer l’habilité politique de ces partis face à un danger important destiné à leurs propres marges de manoeuvre. Autrement dit, la prise de position des principaux partis politiques à l’égard de chaque coup d’État militaire et la fiabilité du système politique civil face à un danger présent seront dans une large mesure examinée tout en insistant évidemment sur chaque cas différent.
Et enfin, nous essaierons de mettre en évidence l’orientation du contrôle militaire pour le maintien des principes kémalistes. En d’autres termes, la préoccupation majeure de l’armée turque est déterminée par rapport à la protection de certains principes kémalistes : le contrôle de la question kurde et le contrôle de la restauration d’un pouvoir religieux. Le problème de l’établissement de l’intégrité nationale et celui de l’indivisibilité territoriale et la protection du principe kémaliste du laïcisme, seront les raisons incontournables de l’intervention politique des forces armées depuis la création de la République kémaliste jusqu'à nos jours.
Chapitre 1
Les interventions militaires et
l’evolution des relations armee-pouvoir
Il est possible d’examiner en deux étapes la vie politique de la République de la Turquie. La première étape se déroule notamment sous la domination absolue du parti unique (le PRP) depuis le début des années vingt jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Et la seconde partie de la vie politique turque est essentiellement marquée par le passage au multipartisme en 1946 et par le renversement du pouvoir du parti unique sous la direction du Parti Démocrate en 1950. L’apparition du PD au sein de la vie politique turque a été en effet le résultat d’un "groupe d’élite alternatif" composé de nouvelle classe bourgeoise émergente385.
385 Lucille W. Pevsner, “Turkey’s Political Crisis : Background, Perspectives, Prospects”, Washington, D.C. : Praeger Publishers, 1984, p.26.
En face de l’armée, il y a eu deux grandes familles politiques, depuis la Deuxième Guerre Mondiale, qui ont symbolisé la transformation socio-politique de la Turquie contemporaine : le Parti Républicain du Peuple et le Parti Démocrate (1946-1960). Au fil du temps, il est apparu dans la scène politique turque de nombreux autres partis qui n’étaient que des émanations de deux grandes familles politiques. Par ailleurs, les autres formations sont restées secondaires, surtout jusqu'à 1961, la date où l’ouverture politique vers le pluralisme est devenue réelle, aussi bien sur le plan électoral que par rapport à leur relation avec l’armée.
…..
385 Lucille W. Pevsner, “Turkey’s Political Crisis : Background, Perspectives, Prospects”, Washington, D.C. : Praeger Publishers, 1984, p.26.
Ramazan İzol
L’Armee Turque, Conservatoire de la Tradition Kemaliste :
Des Relations Armee-Pouvoir Dans la Turquie Contemporaine - II
Université Toulouse I
Universite des Sciences Sociales Toulouse I
L’Armee Turque, Conservatoire de la Tradition Kemaliste :
Contribution à l’Etude des Relations Armee-Pouvoir
Dans la Turquie Contemporaine - II
Presenté Ramazan İzol
Sous la Direction de M. Jean-Pierre Marichy
Universite des Sciences Sociales Toulouse I
Centre « Morris Janowitz » - Forces Années et Sécurité
Ecole Doctorale « Droit et Science Politique »
These Pour Obtenir le Grade de
Docteur de l’Universite de Toulouse I
Discipline : Science Politique
Présentée et Soutenue en Mars 2000
Par Ramazan İzol
Jury :
M. Jean-Pierre Marichy : Professeur de Science Politique à l’institut d’Etudes Politiques de Toulouse Directeur de recherche
M. Michel L. Martin : Professeur de Science Politique à l’institut d’Etudes Politique de Toulouse
M. Jean Rives : Professeur d’Histoire à l’Université de Toulouse Le Mirail
M. Thomas Lindemann : Maître de Conférences de Science Politique à l’Université des Sciences Sociales Toulouse I
Tome II
