Éditeur : Arléa | Date & Lieu : 1995, Paris |
Préface : | | Pages : 130 |
Traduction : | ISBN : 2-86959-223-x |
Langue : Français | Format : 140x210 mm |
Code FIKP : Liv. Fra. 3133 | Thème : Politique |
Présentation
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LA PRISON N° 5 |
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La torture dans les geôles d'Ankara La témoignage de Mehdi Zana, ancien maire kurde de Diyarbakir « RIEN, AUCUN CRIME, aussi grave fût-il, ne saurait justifier l'usage par un Etat de procédés aussi dégradants et avilissants. » Dans leur simplicité, ces propos de Kendal Nezan, directeur de l'Institut kurde de Paris, disent toute l'indignation que le lecteur éprouve à la lecture de La Prison no 5, onze ans dans les geôles turques, qui vient de parasître aux éditions Arléa. C'est le témoignage de Mehdi Zana, un « Kurde de Turquie » comme il se définit modestement lui-même, « un acteur majeur de l'histoire kurde des trente dernières années », rectifie Kendal Nezan dans la postface de l'ouvrage. Maire, de 1977 à 1980, de Diyarbakir, la ville la plus importante du Kurdistan de Turquie, Mehdi Zana raconte « dix ans et huit mois » passés, à partir de 1980, dans les prisons turques, pour avoir revendiqué, par des voies pacifiques et démocratiques, le droit à « parler le kurde, l'apprendre à l'école, disposer d'émissions de radio-télévision en kurde », le droit « au respect de notre dignité, notre personnalité, notre identité ». Ankara focalise sa propagande contre le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan turc, qui mène depuis 1984 une guérilla contre le pouvoir. Le gouvernement turc accuse les Kurdes de velléités séparatistes, mais cela ne justifie nullement une répression cruelle, que ne laissent soupçonner ni l'appartenance de la Turquie à l'OTAN et au Conseil de l'Europe, ni le silence, ponctué de quelques poussées de reproches, des pays occidentaux vis-à-vis de l'attitude d'Ankara. « J'AIME LA VIE » Les conditions de détention des prisonniers kurdes, les tortures barbares qui leur sont infligées laissent le lecteur tout simplement incrédule. Lesquelles citer ? Les bastonnades, les privations de nourriture et de sommeil, les fils électriques branchés sur le sexe et l'anus, ces chiens dressés pour mordre les parties intimes des détenus, ou encore les matraques enfoncées dans le rectum... ? « Ils ne cherchent pas à nous tuer, ils dosent les tortures pour atteindre le degré extrême de ce que nous pouvons supporter », écrit Mehdi Zana. Mais jusqu'où vont les limites du « supportable » ? Trois mille huit cent quarante personnes sont mortes sous la torture ou lors d'« exécutions extra-judiciaires » durant les deux dernières années, selon le quotidien turc Milliyet, cité par le Prix Nobel de littérature Elie Wiesel, qui a préfacé l'ouvrage. Certains se sont eux-même donné la mort pour échapper à cet enfer, tel Remzi Aytur, qui a laissé ce mot : « J'aime la vie, mais pas pour subir ce supplice. Je renonce donc à ce que j'aime le plus : c'est ainsi que je proteste. Je souhaite bon courage à mes compagnons. » Le 12 mai 1994, Mehdi Zana a de nouveau été écroué à la prison d'Ankara, et condamné à quatre ans de réclusion pour avoir témoigné devant le Parlement européen. Son épouse, Leyla Zana, et sept autres ex-députés d'origine kurde, ont été condamnés le 8 décembre 1994 par la Cour de sûreté de l'Etat à quinze années de prison pour « séparatisme ». Le Monde, 25 janvier 2005 |